Le MMAen Chine

2016-11-23 07:08HUYUEmembredeladaction
今日中国·法文版 2016年11期

HU YUE, membre de la rédaction

Le MMAen Chine

HU YUE, membre de la rédaction

Le championnat MMA Art of War a eu lieu le 30 avril 2016 à Beijing, avec des arbitres internationaux.

Qui pourrait s’imaginer l’élite du monde financier monter sur un ring après le travail ? C’est pourtant ce que fait Cheng Hui, employé dans une société de bourse à Beijing. Son sport favori ? Le MMA (Mixed Martial Arts), aujourd’hui encore perçu par beaucoup comme un sport violent.

Le MMA, ou arts martiaux mixtes, est un sport de combat dont l’histoire est assez récente, contrairement à d’autres sports tels que la boxe et la lutte. Il n’est devenu populaire à travers le monde qu’au cours des vingt dernières années. Les règles du MMA permettent de combattre debout et au sol, et il est possible d’utiliser des mouvements de boxe anglaise et thaïlandaise, de lutte, de jiu-jitsu brésilien, de karaté ou encore de Jeet kune do, rendant ainsi les combats spectaculaires.

Le MMA n’a pas connu une grande popularité à ses débuts en Chine : les Chinois faisaient difficilement la distinction entre ce sport et la boxe, le taekwondo et la lutte. Ce n’est qu’après la sortie du film Fight Club de David Fincher en 1999 que le sport a commencé à se faire connaître. Le MMA connaît désormais un développement très rapide dans les grandes villes chinoises, comme Beijing où les clubs poussent comme des champignons ces dernières années.

Cheng Hui pratique le MMA depuis un an. Tout comme la plupart des aficionados de ce sport, il a choisi un club près de chez lui pour s’entraîner : le China Top Team (quan tian xia).

Un champion devenu directeur de club

Le China Top Team appartient à Zhang Tiequan, nom célèbre dans le milieu du MMA en Chine : né en 1980 dans les vastes plaines de Mongolie intérieure, il est l’ancien champion mondial de MMA dans la catégorie 75 kg.

Zhang a grandi dans une famille pauvre. Depuis tout petit, sa passion pour le sport le conduit à apprendre la lutte traditionnelle mongole. À 20 ans, son rêve est de devenir le meilleur lutteur de la ligue de Jirem, à l’est de la région autonome de Mongolie intérieure. Dans la culture mongole, les champions de lutte traditionnelle sont les personnes les plus respectées de leur ligue. En 1999, il quitte son village natal pour Hohhot, chef-lieu de la Mongolie intérieure, où il pratique le combat libre (Sanda). Doué naturellement pour ce sport, il remporte de nombreuses compétitions à travers la Chine.

2005 marque un tournant dans la carrière de Zhang Tiequan, qui a alors 25 ans. Cette année-là, un club de jiu-jitsu de Beijing recrute des membres afin de participer à la compétition de combat libre de fin d’année. Sous l’influence de son entraîneur, Zhang ainsi que quelques-uns de ses camarades décident alors de se rendre à Beijing.

À Beijing, sous la tutelle d’un entraîneur américain, il commence a apprendre le jiu-jitsu brésilien. Son expérience en lutte traditionnelle et en combat libre lui permet de progresser à une vitesse fulgurante, et de se rapprocher peu à peu du niveau nécessaire pour participer aux championnats. Enfin, après 3 ans d’entraînement et de compétitions, Zhang devient le maître incontesté du ring en Chine. En 2010, il est le premier chinois dans le monde à participer au tournoi international de l’UFC (Ultimate Fighting Championship).

C’est en 2009 qu’il a ouvert avec plusieurs partenaires son club de MMA à Beijing. Ce lieu fait non seulement office de base pour ses entraînements, mais lui permet aussi de promouvoir le MMA en utilisant sa réputation de champion : il a invité de nombreux combattants professionnels à venir dans son club enseigner cette discipline à des jeunes. Désormais, Zhang participe de moins en moins aux compétitions, mais il n’a pas encore l’intention de prendre sa retraite. Selon lui, son identité de directeur de club ne rentre pas en contradiction avec celle de champion.

Le 30 avril 2016, Wuenigr Bayara du club Jiuyiyuan de Tianjin a gagné le championnat MMA Art of War.

Un sport attrayant

Après s’être développé plusieurs années, le club de Zhang Tiequan est devenu un des plus réputés à Beijing. Le club a recruté plusieurs combattants professionnels, qui viennent s’exercer régulièrement. Ils bénéficient de programmes d’entraînement personnalisés, et peuvent participer à des compétitions pour tous les niveaux. La salle est en outre ouverte tous les soirs aux amateurs comme Cheng Hui, qui sont plus d’un millier à s’être inscrit au club.

Au départ, Cheng Hui pratiquait le MMA pour perdre du poids, mais après être devenu membre de China Top Team, il a fini par tomber amoureux de ce sport. Il nous raconte que chaque soir, l’entraîneur fait s’échauffer les membres du club pendant une demi-heure lors de séances particulièrement intensives, si bien que les premières fois, Cheng était si fatigué qu’il ne pouvait presque plus bouger. Après l’échauffement, les membres peuvent participer à des programmes divers et variés, comme par exemple des cours de lutte ou de boxe. La discipline préférée de Cheng est le jiu-jitsu brésilien, qui est une composante principale du MMA. D’après lui, lors d’une séance de jiu-jitsu, les combattants ont l’air d’être détendus lorsqu’ils tentent d’immobiliser leur adversaire au sol, mais en réalité c’est un exercice exténuant qui sollicite autant l’énergie physique que l’intelligence et les réflexes. Après l’entraînement, les combattants sont très souvent épuisés au point d’avoir du mal à se relever. Malgré cela, il est très facile de devenir accroc à ce sport et de revenir souvent au club.

Les membres amateurs ont aussi la chance de pouvoir participer aux tournois professionnels en tant que combattantssemi-professionels. Cheng Hui compte parmi ses amis un enseignant universitaire qui fait partie de ces personnes-là. Simple amateur, il s’entraîne avec des combattants professionnels, et a même participé à des compétitions réservées à cette catégorie de professionnels. Même si leur classement final n’est pas toujours idéal, c’est pour Cheng Hui et d’autres une belle performance et un point marquant dans la pratique de leur passion.

Le 17 mai 2016, un membre du Fighting Bros Club s'entraîne.

Un marché sans cesse en expansion

En cherchant le mot « club de MMA » en chinois sur un moteur de recherche, Beijing, elle seule, en compte plusieurs. Hormis les grandes villes comme Beijing et Shanghai, on trouve aussi des clubs dans les petites et moyennes villes comme Changzhou (Jiangsu), Qufu (Shandong), et Yiwu (Zhejiang). Cela montre bien que ce sport est de plus en plus connu en Chine.

Mei Ying est une pratiquante amatrice de MMA, elle s’entraîne dans un club dans un quartier dans le sud de la capitale : le ETMMA (ET jinhua quanguan), créé en 2013, et dont une branche a ouvert à Shanghai en 2014. À la différence du China Top Team, le ETMMA est plus ouvert aux amateurs, et propose des cours de MMA spécialisés réservés aux femmes. C’est une des raisons pour laquelle Mei Ying s’est inscrite dans ce club. De temps en temps, elle partage sur WeChat des photos d’elle transpirant lors de ses entraînements, à l’opposé de ce que publient les autres filles sur ce réseau social. Elle explique qu’il y a aussi beaucoup de femmes qui aiment ce genre de sport « masculin », car ils permettent de garder la ligne mais surtout d’avoir un état d’esprit positif dans la vie.

Selon un employé du China Top Ten, le MMA est perçu par les non-initiés comme étant un sport violent voire sanglant, alors qu’en réalité sa pratique ne présente que très peu de dangers. L’entraînement des sportifs amateurs suit un programme établi de manière scientifique, les entraîneurs sont expérimentés et le matériel utilisé est spécialement adapté. Même si l’on voit souvent dans les matchs télévisés des combattants au visage tuméfié quittant le ring couverts de sang, les statistiques montrent que le taux de mortalité et de blessures est moins élevé que celui d’autres sports tels que la boxe, le rugby, la course automobile, les courses de chevaux, le motocyclisme et le parapente.