Renforcer la coopération des BRICS pour améliorer la gouvernance mondiale

HE YAFEI*

Renforcer la coopération des BRICS pour améliorer la gouvernance mondiale

HE YAFEI*

En octobre 2016, les BRICS ont tenu leur Sommet à Goa, en Inde. Leurs dirigeants s’étaient également rencontrés il y a peu à l’occasion du Sommet du G20, au début du mois précédent, à Hangzhou en Chine. Les BRICS ont capté de nouveau le regard du monde. On espère que ce mécanisme pourra transformer la gouvernance mondiale par l’Occident en une gouvernance mondiale effectuée en commun par l’Orient et l’Occident.

À propos de la relation entre le mécanisme des BRICS et la gouvernance mondiale, nous devons prêter une grande attention aux points suivants.

Primo, le mécanisme des BRICS est d’ores et déjà le conducteur des pays en développement, et l’union et la coopération de ces derniers continueront à renforcer le droit à la parole et le pouvoir de décision des pays en développement dans les affaires politiques et économiques mondiales.

Aujourd’hui, dans un monde multipolaire et économiquement globalisé, les BRICS rencontrent de nombreuses difficultés et défis liés à l’affaiblissement continuel de la croissance et à l’accumulation incessante des risques financiers suite à la crise financière mondiale, et connaissent aussi un développement économique déséquilibré et des divergences internes. De ce fait, de nombreux pays occidentaux déprécient le mécanisme des BRICS, affirmant qu’ils ont perdu la totalité ou la quasi-totalité de leur pouvoir. Ce point de vue découlant de la supériorité innée de l’Occident mais aussi de l’inquiétude qu’il éprouve envers l’émergence globale des pays en développement entraîne les pays occidentaux à se complaire à exagérer les lacunes du mécanisme des BRICS. Certains pays occidentaux vont même jusqu’à se réjouir de la chute économique de pays membres des BRICS faisant suite aux retombées négatives de la politique monétaire de l’Occident.

En fait, après dix ans de développement, le mécanisme des BRICS a gagné en maturité et est passé d’un simple concept à un groupe de cinq nouvelles entités économiques appartenant à l’Asie, à l’Europe, à l’Afrique et à l’Amérique latine, mais aussi une plate-forme importante des pays en développement sur les plans politique, économique, financier et culturel ainsi qu’en matière de développement. C’est déjà devenu un mécanisme de coopération globale tous azimuts, à plusieurs niveaux et dans plusieurs domaines. Nous pouvons déclarer avec fierté que les BRICS brillent de mille feux, que leur mécanisme est plus consolidé et qu’ils constituent bel et bien une force importante au nom des pays en développement dans les affaires internationales.

La synchronisation du développement du mécanisme des BRICS avec l’émergence collective des pays en voie de développement réduit considérablement l’écart entre les pays occidentaux et les pays en développement et réécrit la carte et l’histoire politiques et économiques du monde. Cela mérite d’être considéré comme un fait important et comme une tendance marquant l’histoire du développement de la communauté internationale au XXIesiècle.

Les BRICS représentent 42 % de la population mondiale. Quant à leurs PIB, il atteint environ 20 % de l’économie mondiale. Ils constituent la principale forcemotrice de la croissance économique dans le monde et aussi une importante force indispensable pour remédier au déséquilibre économique et parvenir à un développement global croissant. La crise financière mondiale de 2008 montre l’enjeu exceptionnel des économies émergentes dans la croissance et la gouvernance économiques du monde. Au cours des dix dernières années, la contribution des BRICS à la croissance mondiale a dépassé les 50 %, dont 30 % est attribuable à la Chine.

Les BRICS possèdent non seulement un vaste marché intérieur et extérieur, un grand potentiel de développement et de larges possibilités économiques, mais ils ont encore renforcé leur tendance à s’unir et laissent entendre leur voix retentissante, aussi bien au sein des Nations unies et de leurs organismes, qu’au G20 et aux autres institutions internationales, que ce soit sur la question du changement climatique, de l’énergie ou au sujet d’autres défis planétaires. En effet, la résolution de tout défi planétaire ne peut pas se passer sans la participation et la coopération des BRICS et des pays en développement.

Les BRICS attachent une grande importance au soutien des initiatives visant l'éradication de la pauvreté, par le biais du développement.

Le 16 octobre 2016, la 8eRencontre des dirigeants des Brics s'est tenue à Goa, en Inde. Le président chinois Xi Jinping, le premier ministre indien Narendra Modi, le président sud-africain Jacob Zuma, le président brésilien Michel Temer et le président russe Vladimir Poutine y ont participé.

Secundo, le mécanisme des BRICS est l’une des plates-formes les plus importantes de la gouvernance économique du monde actuel. En d’autres termes, ce sera une plate-forme efficace pour accélérer le passage de la gouvernance par l’Occident à une gouvernance par les soins communs de l’Orient et de l’Occident. D’autre part, le mécanisme des BRICS pourra mettre au goût du jour les idées et le mode de gouvernance mondiale, et sera un complément et un apport utiles à l’ordre international et au système de gouvernance mondiale.

La participation active des pays en voie de développement à la gouvernance mondiale est très importante pour l’équité et la justice de ce système. Le mécanisme des rendez-vous réguliers des chefs d’État des BRICS et leur rencontre officieuse avant le Sommet du G20 renforcent la coordination des BRICS en ce qui concerne la croissance, la réforme monétaire, le changement climatique et les frictions du commerce. De plus, les pays membres soutiennent ensemble la réforme structurelle du FMI et de la Banque mondiale, rehaussent la représentativité des pays en développement, et poussent les pays développés à diminuer les retombées négatives de leur politique monétaire et à créer un environnement international profitable à la croissance et à la stabilité monétaire des pays en développement. Le fait que les chefs d’État des BRICS se penchent régulièrement sur lesproblèmes mondiaux majeurs favorise la promotion de l’influence internationale des BRICS et soutient stratégiquement la participation plus approfondie des pays en développement à la gouvernance économique mondiale.

La politique étrangère de la Chine présente un principe important consistant à préconiser l’égalité de tous les pays, grands ou petits, et à souhaiter une plus grande démocratisation des relations internationales. Les BRICS constituent aussi bien une importante composante des pays en développement qu’une force de poids pour sauvegarder la paix mondiale et promouvoir le développement commun. La coopération des BRICS fait ressortir l’importance de la coopération Sud-Sud, dont les idées essentielles sont « le développement commun » et « le développement et la coopération ». Cela veut dire que nous transmettons nos bonnes expériences acquises dans le développement et la gouvernance pour aider les autres pays en développement à emprunter la voie du développement commun, au moyen de l’avantage réciproque et du gagnant-gagnant. Dans les relations internationales, les BRICS s’en tiennent à l’équité et à la justice. Dans le traitement des grands problèmes internationaux et régionaux, ils combinent la sauvegarde de leurs propres intérêts avec le maintien des intérêts pour lesquels se battent les pays en développement, afin de pousser le système de gouvernance mondiale et l’ordre international vers une orientation plus équitable, plus juste et plus raisonnable.

Le mécanisme de coopération des BRICS accède à une nouvelle étape de maturité et de solidité. Au cours du Sommet du G20 de Hangzhou, le président Xi Jinping a déclaré que les pays en développement participent à la gouvernance économique du monde dans le but d’entamer un long processus d’interaction et de complémentarité mutuelle avec les pays développés, au lieu de simplement suppléer ou de nier la structure de gouvernance internationale existante. En renforçant leur coopération, les BRICS ne visent pas à renverser l’actuel ordre international et le système de gouvernance mondiale existant. Bien au contraire, ils veulent améliorer ce système de sorte que celui-ci s’adapte à l’évolution de la situation. En conséquence, les pays occidentaux n’ont pas de raison ni le besoin de s’inquiéter de la suppléance du système actuel par le mécanisme des BRICS.

Le 21 juillet 2015, la cérémonie d'ouverture de la Banque de développement des Brics s'est tenue à Shanghai. Lou Jiwei, ministre chinois des Finances, Yang Xiong, maire de Shanghai et Kundapur Vaman Kamath, premier président de cette banque, y ont assisté.

Tertio, le développement commun des pays en voie de développement sous la poussée et la conduite des BRICS profitera à la croissance stable et durable de l’économie mondiale et exercera une influence positive sur la neutralisation des retombées négatives de la mondialisation et sur la réduction de l’écart entre les riches et les pauvres sur le plan international.

Dans l’ensemble, les BRICS se développent dans un sens favorable. Mettant à profit leurs ressources et la complémentarité de leurs structures industrielles, les BRICS élargissent leurs domaines de coopération et mettent en place un tissu de coopération à plusieurs niveaux et tous azimuts. Leur coopération chaperonne les nombreux pays en voie de développement.

Le Banque de développement des BRICS qui vient de se créer est une importante plate-forme leur permettant de renforcer la coopération mutuellement avantageuse avec les autres pays. Dès sa mise en fonctionnement, elle a permis aux membres des BRICS d’obtenir par cette voie des fonds de développement, de réaliser en son sein des échanges mutuels de monnaies et de renforcer leur capacité à résister aux risques sur le plan économique et monétaire, et enfin de fournir une nouvelle voie de financement pour l’édification économique d’autres pays en développement. En 2016, elle a publié la première liste de prêts et a émis des obligations vertes. Cela démontre l’efficacité et la force d’action de la coopération des BRICS, à la grande satisfaction des pays en voie de développement.

En 2015, lors du Sommet des Brics à Oufa, a été mise au point la « stratégie de partenariat économique des BRICS », dans laquelle on peut lire notamment que les membres des BRICS font face à des défis identiques dans les domaines du développement économique, de l’aménagement de l’environnement et dans bien d’autres domaines, et qu’ils doivent ainsi renforcer leur coordination politique et coopérer étroitement à tous les échelons. Nous sommes confiants sur le fait que le Sommet des BRICS de cette année fournira une nouvelle force motrice pour le développement mondial et pour la résolution des défis mondiaux.

Les BRICS attachent une grande importance au soutien des initiatives visant l’éradication de la pauvreté, par le biais du développement. Au cours de ces dernières décennies, la Chine a réussi à sortir 700 millions d’habitants de la pauvreté et elle s’efforce maintenant de travailler inlassablement à résoudre ce problème radicalement. L’Inde et d’autres pays marchent également dans ce sens. Dans le cadre de cette stratégie, les BRICS renforceront la coopération Sud-Sud par leurs succès, leur rôle de modèle et leur soutien, continueront à réduire l’écart entre les riches et les pauvres sur le plan international et donneront l’impulsion au développement commun de tous les pays du monde. De toute évidence, cela favorisera le maintien de l’équité et de la justice sur le plan international et la mise en place d’un environnement pacifique et sécurisé pour le développement.

*HE YAFEI est le premier coordinateur en affaires chinoises au G20, ancien vice-ministre des Affaires étrangères et ancien directeur adjoint du Bureau des affaires des Chinois d'outre-mer relevant du Conseil des affaires d'État.