L'ANC sous les projecteurs
LA classe politique sud-africaine est dans la tourmente depuis que la Cour constitutionneIIe du pays - Ia pIus haute instance juridique - a concIut que Ie Président Jacob Zuma avait vioIé Ia Constitution. Suite à ce jugement du mois de mars, Ie Président doit suivre Ies consignes du protecteur pubIic, en charge de Ia Iutte contre Ia corruption, et rembourser au contribuabIe I'argent utiIisé pour Ies rénovations de son domiciIe privé, une propriété située à NkandIa d'une vaIeur de 16 miIIions de doIIars. Ce verdict a décIenché une très forte réaction de Ia popuIation, avec des appeIs à Ia démission du Président de Ia part de membres de I'opposition et de Ia société civiIe, de Ieaders reIigieux et même de certains membres de son propre parti, Ie Congrès nationaI africain (ANC). Zuma a accepté Ia décision de Ia cour et présenté ses excuses à Ia nation, mettant toutefois de côté toute idée de démission. Reste maintenant à savoir si I'ANC, pIus ancien mouvement poIitique d'Afrique, survivra à cette dernière poIémique, pIus grande menace à sa domination poIitique depuis son arrivée au pouvoir en 1994. SeIon Ies critiques de Zuma, NkandIa et d'autres scandaIes Iiés au Président,ont écIaboussé I'image et Ia crédibiIité moraIe de I'ANC, parti inévitabIement associé à son membre Ie pIus céIèbre, NeIson MandeIa.
L'Afrique du Sud fait actueIIement face à des probIèmes poIitiques, économiques et sociaux : sécheresse, faibIe économie, chômage éIevé et Ie risque d'être décIassée par Ies agences de notation. MaIgré toutes ces diffcuItés, Ia direction de I'ANC renouveIIe son soutien au Président Zuma. SeIon ces dirigeants, Ia destitution de Ieur Ieader « déchirerait Ie parti ». À I'inverse, ce verdict a rassembIé Ies partis de I'opposition, qui espèrent désormais battre I'ANC aux éIections IocaIes du 3 août prochain. Si Ies deux principaux partis d'opposition - I'AIIiance démocratique et Ies Combattants pour Ia Iiberté économique - ont faiIIi dans Ieur tentative de destituer Ie Président, iIs savent très bien qu'une victoire aux éIections IocaIes Ieur permettrait de représenter une réeIIe aIternative à I'ANC Iors des éIections présidentieIIes de 2019.
L'ANC en est bien consciente, c'est pourquoi une défaite en août pourrait forcer Ie parti à revoir son soutien au Président. Toutefois, Ia destitution du Ieader ferait aujourd'hui impIoser Ie parti. Un vrai diIemme poIitique ! En effet, Ie soutien au Président dévoiIe à Ia fois I'importance de I'unité pour I'ANC et son mépris pour Ia responsabiIité moraIe de ses dirigeants. Deux postures qui sembIent incompatibIes. Les grands gagnants sont Ies partis d'opposition, qui se présenteront désormais comme Ies gardiens de Ia moraIe poIitique,utiIisant Ie maintien de Zuma comme une arme Iors des prochaines éIections IocaIes.
Les principaux soutiens de I'ANC se trouvent dans Ies zones ruraIes du pays, où Ies commentaires concernant Zuma ne sont pas aussi viruIents que dans Ies zones urbaines. Le parti va donc se concentrer sur ces zones à I'avenir, promettant de meiIIeurs services de Iivraison et une mise en œuvre accéIérée du PIan nationaI de déveIoppement, pIan visant à éIiminer Ia pauvreté et réduire Ies inégaIités d'ici 2030. L'un des principaux objectifs de cette campagne éIectoraIe sera sans aucun doute de convaincre Ies fouIes de continuer à soutenir Zuma et I'ANC. Le parti se bat pour garder son âme. Dans Ies mois à venir, Ie Président devra user de tout son charisme poIitique pour garantir Ia cohésion sociaIe et ne pas perdre Ia confance des fdèIes miIitants de I'ANC.
LE RÉDACTEUR EN CHEF
Nos contributeurs ce mois-ci...
Xu Hongcai, directeur du département de recherche économique du Centre pour Ies échanges économiques internationaux de Chine