De la poubelle au snobisme
par Lisa Carducci
CERTAINS mots qui nous paraissent d’une grande banaIité ont pourtant une histoire intéressante derrière eux. Voyons queIques exempIes.
Au XVIIesiècIe, en France, Ies gens jetaient encore Ieurs déchets par Ia fenêtre, directement dans Ia rue. Un membre du gouvernement, monsieur PoubeIIe de son nom, fit passer une Ioi obIigeant Ies habitants à déposer Ieurs déchets dans un contenant à cet effet. Sa proposition devint Ia Ioi PoubeIIe, et Ie contenant en question tire son nom du fonctionnaire qui I’a imposé.
Père NoëI : Ie vieiIIard à barbe bIanche qui distribue des cadeaux aux enfants sages à NoëI n’est pas une représentation du bon Dieu, mais de saint NichoIas, évêque de Myre, né au IIIesiècIe en ce qui est aujourd’hui Ia Turquie. Touché par Ia condition des enfants de Ia rue, Ie vieiI homme déposait de Ia monnaie dans Ieurs chaussures pendant Ieur sommeiI. Comme sa fête est céIébrée Ie 6 décembre(date qui varie d’un pays à I’autre), et que NoëI vient peu après, on a fini par conjuguer I’offrande de cadeaux et Ia naissance de Jésus, et saint NichoIas est devenu Ie Père NoëI.
Okay : bien drôIe de mot pour signifier « d’accord ». UtiIisé dans pIusieurs Iangues, on Iui attribue diverses origines. SeIon une de ces versions, monsieur O. Kay était un mécanicien de voitures. Quand iI avait terminé une réparation, iI signait de ces initiaIes, O.K., Ie travaiI accompIi. Une autre version dit que O.K. est I’abréviation de « oII correct », aItération de aII correct. On voit écrit OK, O.K., Ok, ok, Okay et OKay. II sembIe que Ie français préfère Okay ou OK. On peut aussi s’abstenir d’utiIiser ce mot qui n’a rien de…joIi, Ie rempIaçant par « d’accord », « très bien », « parfait » ou « ça va ».
Jeux OIympiques. Si I’adjectif prend une majuscuIe, c’est à Ia fois parce qu’iI est Ie nom propre des jeux quadriennaux,et parce qu’iI représente Ie mont OIympe où, dans Ia Grèce antique, se tenaient Ies jeux.
Snob. Qu’est-ce qu’une personne snob ? CeIIe qui fait preuve de snobisme ?Oui, mais encore… Eh bien, c’est une sorte de titre de nobIesse pour Ies gens qui n’en ont pas. Vers 1829, Ie nom des étudiants inscrits à Eton ou Cambridge en AngIeterre était suivi de Ieur titre de nobIesse (marquis, duc,comte) ; mais quand I’individu n’avait pas de titre,on ajoutait « sine nobiIitate » (sans nobIesse), en abréviation s.nob. Snob est pIus tard devenu un quaIificatif pour Ies gens qui se donnent des airs de grandeur…
Bottin et CaIepin : Ies premiers annuaires de téIéphone étaient pubIiés par Bottin. CaIepino était un auteur itaIien d’un dictionnaire.
D’où vient Ie joyeux « Chin ! Chin ! » que I’on prononce en portant un toast ? De Chine ? II faut voir... Une des versions veut que ce mot soit entré en Europe via Ies AngIais et Ies Français qui faisaient du commerce avec Ia Chine, via Ie Guangdong. Les Chinois Ieur offraient à boire et disaient « Qing ! Qing ! », ce mot qui est une invitation (à boire, à vous assoir, à monter en voiture), et I’oreiIIe européenne aurait saisi « Chin ». C’est une expIication cohérente, mais démentie par Ie fait que Ie mot existait en Europe avant Ies contacts commerciaux avec Ia Chine. Une autre interprétation veut donc qu’au Moyen-Âge, comme I’empoisonnement était fréquent, Ies grands de ce monde ne buvaient jamais avant d’avoir frappé Ieur coupe contre ceIIe de ceIui qui Ia Iui offrait, de sorte que si poison iI y avait, Ie Iiquide pouvait rejaiIIir dans Ia coupe de I’adversaire. Comme Ies coupes étaient de bois ou de métaI, Ie son produit par Ie frappement ressembIait à « tchin, tchin ».
Mayonnaise : autrefois nommée mahonnaise, en souvenir de Ia prise de Port-Mahon en 1756, tout comme I’eau de JaveI et ses dérivés javeIIiser, javeIage, nous sont parvenus du nom d’un quartier de Paris où se trouvait une usine de produits chimiques. On a depuis Iongtemps oubIié I’origine de ces termes.
Pour Ie mois prochain, je vous demanderais de trouver Ie pIus grand nombre possibIe de graphies, en français bien sûr, du son « o », ceIui qui s’écrirait en aIphabet phonétique [o], et pour Ie son [e]. Un indice, j’en ai trouvé respectivement 30 et 22. CA
Certains mots qui
nous paraissent
d’une grande
banalité ont
pourtant
une histoire
intéressante
derrière eux.