Saisir les opportunités

2016-02-11 11:42
中国与非洲(法文版) 2016年1期



Saisir les opportunités

Interview de Lejeune Mbella Mbella, ministre des Relations extérieures du Cameroun au Sommet de Johannesburg du FCSA en Afrique du Sud

Quelle lecture faites-vous des annonces faites par le Président Xi Jinping ?

Au cours de ce deuxième sommet du Forum sur la Coopération sino-africaine, le Président chinois Xi Jinping a formulé des annonces importantes et riches concernant les dix principaux domaines de coopération qui doivent soutenir le Partenariat stratégique global Chine–Afrique pour les trois prochaines années. Ces annonces marquent un tournant décisif dans la coopération sino–africaine avec notamment l’engagement de la Chine pour appuyer l’Afrique dans le processus d’industrialisation et de modernisation de son agriculture, et pouraccroitre les financements en faveur de notre continent, passant de 31,25 milliards de dollars américains durant la période 2012-2015, à une enveloppe de 60 milliards de dollars américains, pour la période 2015-2018.

Concernant les mécanismes d’allocation de ces financements, l’annonce du Président chinois revêt un intérêt capital pour l’Afrique en général et le Cameroun en particulier, car elle prévoit l’assouplissement des termes et des conditions des prêts avec une augmentation du niveau de concessionnalité.

En outre, l’annonce du renforcement de la coopération industrielle de la Chine avec l’Afrique est bien accueillie car pour le Cameroun, le processus d’émergence passe par le passage au stade de nouveau pays industrialisé. Et dans ce domaine, les objectifs fixés par notre Document de stratégie pour la croissance et l’emploi reprenant les instructions pertinentes du chef de l’Etat, S.E.M Paul Biya, sont assez claires, évoquant le « passage d’une production rurale à une production semi–intensive et industrielle », visant à « à faire passer la part de l’industrie manufacturière à environ 12 % du PIB à l’horizon 2020 ». Dans cette optique, la finalisation dans les tous prochains jours par le Ministère de l’Industrie, des Mines et du Développement technologique, du Plan directeur d’industrialisation permettra au Cameroun de mieux affiner et de mieux structurer ses besoins en termes d’accompagnement, à adresser à la partie chinoise et aux autres partenaires.

entre 2012 et 2015 justement, la Chine a apporté plus de 30 milliards de dollars américains de financement en Afrique. Quelle a été la part du Cameroun ?

À l’échelle du continent africain, le Cameroun se trouve être aujourd’hui l’un des grands bénéficiaires de l’aide chinoise. La coopération avec la Chine pour la période 2012-2015 s’est surtout illustrée par l’accompagnement du Cameroun dans la réalisation des grands projets dans les secteurs des infrastructures, de l’agriculture, de la santé, des technologies de l’information et de la communication, de l’énergie, etc. À titre d’illustration, vous avez les projets de construction et d’équipement de l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Douala, de construction de l’autoroute Yaoundé-Douala, d’adduction d’eau potable de Yaoundé à partir de la Sanaga, et j’en passe…

Comment et que faire pour tirer parti des 60 milliards de dollars américains de financement en faveur de l’Afrique annoncés pour 2016-2018 ?

Le Cameroun n’a pas attendu ce sommet pour engager des initiatives en vue de la mobilisation des financements auprès de la Chine, au titre de la période 2015-2018 d’intervention de ce pays partenaire en Afrique. Aussi, le gouvernement a-t-il, bien avant ce sommet, mené des négociations avec la Chine pour la mise en œuvre de ses projets prioritaires dans divers domaines (infrastructures, communication, sport, etc.)

En outre des démarches pourraient être engagées pour capter le maximum d’offres de bourses de formation académique et de renforcement des capacités professionnelles.

Quelles sont les défis à surmonter pour une meilleure exploitation des opportunités que nous offrent ces financements chinois ?

Pour saisir les opportunités de financement en général et celle chinoises en particulier, nous allons poursuivre les réformes structurelles qui vont permettre une consommation optimale et rapide aussi bien des ressources internes inscrites au Budget d’investissement public que des ressources issues du partenariat international. Dans cette optique, un accent particulier sera mis entre autres sur la maturation des projets, sur le renforcement des capacités des intervenants, sur le règlement de tous les préalables avant le démarrage des projets, notamment la sécurisation de l’assiette foncière, la mise à disposition dans les temps des fonds de contrepartie, la rationalisation de l’utilisations desdits fonds, etc. CA

(Propos recueillis par Messi Bala, à Johannesburg)