Devrait-on autoriser les étudiants à suspendre leur cursus universitaire pour créer une entreprise ?
une mesure permettant aux étudiants de suspendre leurs études pour fonder une entreprise a provoqué une grande polémique en Chine.
En décembre 2014, le ministère de l'Éducation a demandé aux universités d'offrir un parcours plus flexible aux étudiants souhaitant se lancer dans l'entrepreneuriat. Les universités se sont également vu demander de proposer des cours sur la création d'entreprise et d'inviter des entrepreneurs, investisseurs et experts à partager leur expérience et à offrir des conseils professionnels aux étudiants. Le ministère de l'Éducation a promis de soutenir les étudiants souhaitant suspendre momentanément leurs études pour s'engager dans une aventure commerciale.
7,49 millions d'étudiants seront diplômés cet été, soit 220 000 de plus que l'année dernière. Leur fournir un emploi est l'une des priorités du gouvernement. Cette mesure a pour objectif de réduire la pression sur les emplois et d'encourager les étudiants à créer leur propre business. L'opinion publique reste cependant divisée à ce sujet.
Encourager les étudiants à suspendre leurs études pour une aventure entrepreneuriale est une mesure significative. Même si leurs chances sont minces, nous devrions offrir à ces entrepreneurs en herbe des opportunités plutôt que de les freiner. Grâce à une formation pratique et à des conseils efficaces, les étudiants actuels, qui sont à la fois créatifs et entreprenants,sont plus susceptibles de réussir.
Certains pays développés ont déjà offert des garanties aux étudiants en licence qui veulent créer des start-ups. Les étudiants sont autorisés à suspendre leurs études momentanément et peuvent obtenir des crédits universitaires grâce à leur entreprise. Au Royaume-Uni, le Youth Business lnternational, un réseau international d'initiatives indépendantes à but non lucratif patronné par le Prince de Galles, a été lancé en 2000 pour encourager les étudiants à créer leur propre entreprise en leur offrant expertise, capitaux et réseau professionnel.
En outre, les entrepreneurs de l'lnternet aux États-Unis ont souvent commencé très jeunes, parfois quand ils étaient encore à l'université. La popularité de l'lnternet mobile en Chine facilite l'émergence et la croissance de start-ups. C'est une opportunité unique pour les étudiants de réaliser leurs rêves entrepreneuriaux. Les jeunes d'aujourd'hui sont particulièrement innovateurs et actifs sur les réseaux sociaux : ils les utilisent pour construire un réseau professionnel efficace à moindre coût.
Actuellement, seule une partie des recherches académiques peut avoir une application concrète dans le commerce. Avec le progrès rapide de la technologie, beaucoup de résultats de recherches sont obsolètes avant même d'avoir pu être commercialisés. Les étudiants ont une grande capacité d'adaptation et sont capables de créer une entreprise. Grâce à ces mesures incitatives, ils peuvent désormais mettre en pratique leurs recherches académiques et les utiliser dans leur business. CA
Au total, les effets positifs de cette mesure surpassent ses effets négatifs. ll s'agit de permettre aux étudiants de saisir les opportunités pour réussir dans la création de leur entreprise. Outre l'autorisation de suspendre les études pour un projet entrepreneurial, les universités devraient également offrir
aux étudiants des cours et des conseils professionnels sur la création d'entreprise.
Certains - et en premier lieu les parents - s'inquiètent de ce qu'un échec dans cette voie nuise à la carrière académique des étudiants. Je ne le pense pas. Créer une entreprise est risqué, mais tout comme les adultes, les étudiants sont capables d'évaluer les risques et de saisir le moment opportun pour tenter leur chance.
Cette mesure encourageante du ministère de l'Éducation permet aux étudiants de reprendre leurs études même en cas d'échec. Ceux qui réussissent, quant à eux, bénéficieront à la fois d'un diplôme et d'une carrière bien entamée.CA
Cette mesure rappelle les histoires de self-made men comme Bill Gates ou Mark Zuckerberg, qui ont abandonné leurs études pour se lancer dans une aventure entrepreneuriale. Leurs entreprises ont non seulement créé de nombreux emplois, mais aussi participé à redynamiser l'économie. Cette nouvelle mesure cherche donc à réduire la pression sur l'emploi pour les diplômés, qui atteindront le nombre record de 7,49 millions cette année.
Néanmoins, dans les circonstances actuelles, cette mesure pourrait s'avérer moins efficace que prévu. Le pourcentage d'étudiants chinois qui rencontrent le succès dans leur création d'entreprise a été estimé à 3 %. Cela signifie que, malgré les politiques d'incitation, l'entrepreneuriat ne peut pas être une solution pour la grande majorité des étudiants.
Deux raisons principales peuvent expliquer l'échec rencontré par les étudiants. D'une part, ils sont enthousiastes,mais manquent d'expérience,celle-ci devant être acquise à la fois par une formation académique et par la pratique. D'autre part, les mesures d'incitation et de soutien ne sont pas suffisantes pour stimuler l'innovation. CA
Les étudiants ne sont pas mûrs pour créer des start-ups. Un soutien existe déjà pour aider les étudiants à créer leur entreprise, mais seuls 10 % d'entre eux en moyenne choisissent d'être entrepreneurs. Les statistiques des cinq dernières années montrent également que leur taux de réussite est meilleur parmi les étudiants en master que parmi les étudiants en licence.
Environ 80 % de nos étudiants créent des entreprises dans des secteurs proches de leur spécialité, comme les services, la logistique et la vente en ligne. Beaucoup échouent faute de connaissances professionnelles qu'ils auraient pu obtenir durant leur cursus universitaire. Les étudiants en première ou en deuxième année manquent de maturité et d'une formation en entrepreneuriat. lls ne parviennent donc pas à trouver une stratégie commerciale appropriée, ni à évaluer les risques potentiels de leur entreprise. CA
Je suis pour cette mesure, car elle offre aux étudiants l'opportunité de créer leur entreprise s'ils sont vraiment prêts à se lancer dans l'aventure. Même si celle-ci se solde par un échec,les étudiants pourront poursuivre leur cursus universitaire.
Cette année, avec trois camarades, j'ai enregistré une entreprise qui développe des jeux vidéos. Pour réaliser mon rêve, j'ai longtemps dû jongler entre l'université et ma start-up. Mais parfois, il est impossible de cumuler les deux. En mai dernier, j'ai fait de grands efforts pour finaliser l'accord avec un client, mais j'ai dû ensuite reporter ce projet lucratif pour passer mes examens.
Cette mesure changera la donne et permettra aux étudiants comme moi de se concentrer sur leur business. J'espère que la procédure pour suspendre le cursus universitaire sera simplifiée, et que nos accomplissements entrepreneuriaux pourront être pris en compte dans les crédits universitaires. CA
Des compétences et un capital de départ sont nécessaires à la réussite d'une entreprise. Cette mesure semble être une bonne idée, mais en pratique elle sera difficile à mettre en place. Les étudiants prennent un grand risque en se lançant dans la création d'entreprise. S'ils échouent, ils pourraient perdre beaucoup d'argent, ce qui sera catastrophique car ils n'ont pas de revenu et que le poids financier se trouvera reporté sur leurs parents.
Pour encourager les étudiants à créer leur entreprise, le gouvernement devrait leur fournir un soutien et des services, au lieu de les pousser à se jeter dans le marché. Une formation entrepreneuriale est fortement recommandée. En outre, les étudiants devraient prendre des précautions et maîtriser les risques. À cet égard, le gouvernement pourrait subventionner des assurances afin de protéger les étudiants contre de potentiels échecs.CA