RÉCITS D’EXPÉRIENCES VÉCUES PAR DES AFRICAINS INSTALLÉS EN CHINE
par ABREHAM AREBE TOLA L’auteur est étudiant éthiopien à l’Université agricole de Chine.
Un triomphe inspirant
Minqin, une oasis d’espoir pour les aspirations vertes de l’Éthiopie
Le district de Minqin, niché dans la province aride du Gansu, dans le nord-ouest de la Chine, est un récit fascinant de persévérance et de réussite. Ses résidents ont longtemps été aux prises avec la désertification croissante qui compromettait la fertilité de leurs terres. Malgré les menaces des dunes envahissantes, les habitants de Minqin se sont engagés dans une quête ambitieuse pour reprendre leurs terres à l’emprise du désert. Face à une désertification galopante, leur détermination inébranlable, appuyée par des stratégies efficaces, a fait de Minqin un modèle pour des nations comme l’Éthiopie, elles aussi confrontées à des enjeux environnementaux similaires.
La stratégie anti-désertification de Minqin est centrée sur sa volonté de combattre les ravages du désert par la reforestation. En plantant des arbustes sur les terrains sableux, Minqin a réussi à revitaliser un sol autrefois infertile.Aujourd’hui, des forêts verdoyantes s’épanouissent là où, autrefois, s’étendaient des étendues de sable aride et implacable. La persévérance de plusieurs générations pour endiguer la progression des dunes a mené à une augmentation significative de la couverture forestière dans le district.
Minqin est désormais un symbole d’espoir, avec son ciel azuré, ses terres verdoyantes, ses cours d’eau limpides et ses communautés relocalisées loin des montagnes. Il se dresse comme une oasis, érigée en rempart pour prévenir la progression des déserts de Tengger et de Badain Jaran, préservant ainsi l’écosystème du nord-ouest de la Abreham Arebe Tola (2e à gauche) et ses collègues posent pour une photo dans le désert du district de Minqin, dans la province du Gansu, le 21 juillet.
Chine pour les générations futures.
Au-delà de la reforestation, la réussite de Minqin repose également sur son adoption de la technologie. Les résidents ont intégré des techniques modernes d’économie d’eau, des outils pour quantifier la dégradation des sols, et des méthodes pour surveiller les variations de la végétation et des sources d’eau, le tout appuyé par des recherches scientifiques rigoureuses et collaboratives.
Cette approche technologique holistique est cruciale pour guider les efforts d’atténuation de la désertification et la gestion des ressources hydriques. Si des méthodes traditionnelles, comme l’utilisation de barrières de foin pour stabiliser les dunes, restent pertinentes, des innovations agricoles, telles que l’irrigation goutte à goutte et la technologie des serres, se sont harmonieusement intégrées dans l’arsenal de Minqin.
L’Éthiopie à l’écoute des réussites
La réussite remarquable de Minqin dans sa bataille contre la désertification trouve un écho profond en Éthiopie, elle-même confrontée à des défis similaires dans ses régions désertiques. L’Éthiopie, avec sa stratégie d’afforestation ambitieuse, s’est engagée à planter des millions d’arbres résistants à la sécheresse. Ce geste audacieux a contribué à freiner l’expansion désertique tout en redonnant vie à des terrains auparavant stériles. L’importance de l’afforestation est indéniable : elle stabilise les sols, empêche la progression des dunes et enrichit la biodiversité. Avec son initiative « Héritage vert »,l’Éthiopie a mis l’accent sur la nécessité de revitaliser ses terres et de célébrer la splendeur de ses forêts ancestrales.
L’expérience de Minqin sert d’exemple lumineux. Ses terres, autrefois désolées, fourmillent aujourd’hui de vie et de promesses, offrant une vision inspirante pour l’Éthiopie dans sa quête d’un avenir plus verdoyant. C’est un rappel que, malgré les défis, la restauration des terres est non seulement possible, mais aussi essentielle. L’Éthiopie, fortifiée par les réussites de Minqin, peut puiser dans cette source d’inspiration pour renforcer ses propres initiatives écologiques.
La technologie, alliée précieuse de Minqin, est également reconnue par l’Éthiopie comme étant cruciale dans la lutte contre la désertification. Alliant habilement méthodes ancestrales comme le terrassement et le labour en courbes de niveau, à des techniques agricoles plus modernes, l’Éthiopie travaille ardemment à revitaliser ses terres tout en assurant leur pérennité.
La gestion efficace de l’eau, élément clé du succès de Minqin, est une autre leçon essentielle pour l’Éthiopie, en particulier face aux défis imposés par les sécheresses fréquentes. Les infrastructures hydrauliques innovantes de Minqin,comprenant des réservoirs majeurs et des systèmes d’irrigation sophistiqués,ont été déterminantes dans la sauvegarde de ses activités agricoles et la prévention de la désertification. En s’inspirant de Minqin, l’Éthiopie pourrait développer des stratégies similaires pour gérer l’eau de manière durable et assurer la prospérité de ses régions les plus vulnérables.
Minqin se dresse comme une oasis, érigée en rempart pour prévenir la progression des déserts de Tengger et de Badain Jaran, préservant ainsi l’écosystème du nord-ouest de la Chine pour les générations futures.
Implication de la communauté
L’une des leçons les plus émouvantes de Minqin réside dans la ferveur sans faille de sa communauté. Les résidents, en première ligne de la transformation, ont activement embrassé l’afforestation, la conservation de l’eau, et des méthodes durables de gestion des terres. C’est la preuve vivante qu’une action collective et engagée est souvent le cœur d’une révolution réussie. À Minqin, cette mobilisation communautaire a non seulement instillé un sentiment d’appartenance profond, mais a aussi catalysé des initiatives locales audacieuses et innovantes.
Face à des défis semblables, l’Éthiopie comprend que mobiliser la communauté ne relève pas simplement d’une option,mais bien d’une impérative nécessité. Pour espérer égaler la réussite de Minqin, l’Éthiopie gagnerait à renforcer ses campagnes de sensibilisation, à proposer des programmes éducatifs adaptés et à encourager les citoyens à se joindre activement à la cause. En engageant ceux dont la vie est intrinsèquement liée à la terre, la lutte contre la désertification se transforme en mission commune,tout comme cela a été le cas à Minqin.
L’ascension remarquable de Minqin face à la désertification ne s’est pas produite en vase clos. Elle a été le fruit d’une synergie entre des politiques astucieusement orchestrées et des collaborations diverses. Un support institutionnel robuste et des partenariats avec le monde académique ont été des moteurs essentiels. L’Éthiopie, de son côté, reconnaît le rôle central de ce soutien institutionnel et politique pour sa propre quête, s’assurant ainsi de garder cette cause au sommet de ses priorités.
En ces temps où le changement climatique plane comme une ombre sur le monde, l’ambition éthiopienne pour un avenir verdoyant est plus que jamais cruciale. Mon voyage à Minqin m’a dévoilé une multitude de parallèles avec les aspirations éthiopiennes face à la désertification. Le parcours de Minqin, riche en enseignements dans des domaines comme l’afforestation, la conservation des sols et l’engagement des citoyens,peut éclairer l’Éthiopie et lui offrir des perspectives renouvelées. Alors que nous affrontons les défis environnementaux actuels, cet échange de connaissances peut être la clé pour un futur harmonieux et durable. La sagesse de Minqin peut enrichir et guider la démarche éthiopienne, assurant que même dans les terrains les plus arides, l’espoir continue de s’épanouir, un pas à la fois. CA