Par LI FANGFANG
Le Forum sur la gouvernance mondiale des droits de l’homme s’ouvre à Beijing,le 14 juin 2023.
«Bien que les principaux pays de l’ordre international continuent de mettre l’accent sur les droits politiques et civiques,ils ignorent les besoins de développement de leur propre peuple.Et nous ne savons pas à quel saint nous vouer.De quoi parlent-ils quand ils évoquent le développement durable ? Quels sont les droits de l’homme qu’ils défendent ? »,a déclaré Eduardo Klinger Pevida,membre de l’Académie des sciences de la République dominicaine.
Pour répondre à la pratique occidentale consistant à militariser les droits de l’homme et face aux vastes revendications des pays en développement pour un développement pacifique,le Forum de haut niveau sur la gouvernance mondiale des droits de l’homme a été organisé le 14 juin à Beijing avec plus de 300 participants chinois et étrangers de près de 100 pays et organisations internationales.Par rapport à la définition des droits de l’homme dans les pays occidentaux,les experts des droits de l’homme des pays en développement plaident pour le concept de droits de l’homme relatifs à la sécurité,au développement et au partage.
Des experts et des universitaires des États-Unis,de France,de Malaisie et d’autres pays ont discuté ensemble des raisons pour lesquelles le concept de droits de l’homme faisait l’objet d’abus de la part des États-Unis et de l’Occident,et ont concentré leur attention sur les droits de l’homme au sens réel du terme.
« La Charte des Nations unies stipule que cette organisation est fondée sur le principe de l’égalité souveraine de tous ses membres.» Cela signifie qu’aucun autre pouvoir ne doit être exercé sur les États souverains.C’est en quoi consiste la décolonisation »,a déclaré John Pang,fondateur de l’Institut de recherche sur l’ASEAN de Commerce International Merchant Bank de Malaisie.Certains pays brandissent cependant le bâton des droits de l’homme non pas pour protéger les droits et les intérêts des peuples,mais uniquement pour s’assurer un leadership mondial sur des États souverains.« Le discours occidental sur les droits de l’homme lui-même est le problème.» Et d’estimer que les droits de l’homme ont été standardisés,militarisés et colonisés.Selon lui,depuis les années 1970,en particulier après la fin de la Guerre Froide pour être précis,le principe et la pratique de la souveraineté nationale,notamment pour de nombreux pays du tiers-monde,ont cédé la place à la politique de puissance pour la protection des « droits universels de l’homme ».
Pour M.Pang,le fondement du cadre international des droits de l’homme est le système international,et les institutions internationales qui en sont le socle devraient être des institutions mondiales équitables,alors qu’elles sont en fait financées et gérées par les puissances occidentales.Ces changements ont engendré un discours mondialiste des droits,avec des politiques qui outrepassent la souveraineté des nations.« Cependant,si les droits ne sont pas appliqués,les gens ne peuvent pas en jouir pleinement.Si un pays n’a pas de souveraineté,on ne peut pas parler de droits de l’homme et de démocratie.Malheureusement,c’est précisément parce que certains pays utilisent les droits de l’homme comme un outil au nom du maintien de l’internationalisme libéral que certains pays ne jouissent par conséquent ni d’une souveraineté intégrale,ni d’une garantie de démocratie.»
« Les termes de démocratie et de droits de l’homme sont devenus des expressions et citations faciles que certains pays occidentaux sont prêts à utiliser contre des pays qui n’obéissent pas et ne marchent pas à la même cadence que celle de l’empire libéral.La Hongrie,par exemple,adopte une position différente de celle des autres membres de l’Union européenne à l’égard de l’Ukraine et elle a été rapidement exclue de la liste des pays démocratiques »,a expliqué M.Pang.« Les faits les plus tragiques se sont produits en Libye,en Irak,en Afghanistan.Tous ces pays ont été envahis à cause d’une soi-disant absence de démocratie et de droits de l’homme,puis sont devenus des pays chaotiques sans gouvernement,et la société a longtemps connu les troubles et les déplacements de population.»
À cet égard,Ong Tee Keat,ancien vice-président de la Chambre des représentants de Malaisie et président du New Asia Strategic Research Center,partage le même sentiment.« Transférer aveuglément le modèle occidental des droits de l’homme dans les pays en développement et dans les pays les moins avancés,quelle que soit la situation réelle sur le terrain et peu importe que les populations locales soient préparées ou non,est une pratique qui doit cesser.» Et de poursuivre : « Au contraire,l’Initiative pour la sécurité mondiale proposée par la Chine fournit au monde un remède.Elle tient compte non seulement de l’universalité mais aussi de l’unicité ».Selon lui,contrairement au monde occidental dominé par les États-Unis,les pays du Sud acceptent dans l’ensemble l’Initiative pour la sécurité mondiale et l’initiative « la Ceinture et la Route » proposées par la Chine,ce qui est également tout à fait logique.Ils ont besoin d’un environnement sûr et stable.Ce n’est que dans un environnement en paix qu’il est possible de se concentrer sur le développement de sa propre économie et le bien-être de la population.
Les droits de l’homme,c’est avant tout le droit à la subsistance et au développement,a déclaré Arnaud Bertrand,observateur des questions internationales et entrepreneur français.M.Bertrand est un leader d’opinion dans les relations internationales sur les plateformes de médias sociaux à l’étranger et vit en Chine depuis sept ans.« Au début de la fondation de la Chine nouvelle,l’espérance de vie moyenne des Chinois était inférieure à 30 ans,et aujourd’hui elle est de 78 ans,si ma mémoire est bonne »,a-t-il noté.« Bien que l’espérance de vie moyenne en Chine soit légèrement inférieure à celle en Europe,nous devrions voir une tendance à la hausse.La tendance actuelle du développement des droits de l’homme en Chine est tout à fait correcte.»
Il a ajouté que les États-Unis étaient en phase de déclin.« Dans la plupart des pays occidentaux,le revenu disponible des gens diminue.Un autre critère très important des droits de l’homme est la sécurité personnelle.Vivre en Chine est très sûr et devient de plus en plus sûr,alors qu’aux États-Unis,en raison de la violence armée,c’est devenu un problème.En Chine,le droit à la santé et la longévité ne sont plus des problèmes,et on peut mener une vie saine.La Chine a réalisé de grands progrès à cet égard.»
M.Bertrand a par ailleurs remarqué qu’il serait approprié d’examiner les mesures que la Chine et l’Occident ont prises pour aider les gens ordinaires à mener une vie meilleure,et de voir laquelle est la plus susceptible de parvenir à un développement durable à long terme.La Chine sort par exemple les gens de la pauvreté,tandis que les États-Unis mènent des guerres qui font sombrer les gens dans la pauvreté.« La somme des divers investissements de la Chine dans la réduction de la pauvreté équivaut aux sommes déversées par les États-Unis dans les guerres en Afghanistan et en Irak au cours des 20 dernières années.»
« Actuellement,seuls 15 % des 8 milliards d’habitants de la planète vivent dans les pays occidentaux,et les 85 % restants vivent dans les pays en développement,les pays les moins avancés et les économies émergentes du Sud »,a déclaré Sudheendra Kulkarni,un promoteur de l’amitié Chine-Inde.Selon lui,l’Initiative pour le développement mondial proposée par la Chine vise à attirer l’attention mondiale sur les questions de développement.
« Depuis janvier 2022,la République bolivarienne du Venezuela a rejoint le Groupe des amis de l’Initiative pour le développement mondial en tant que pays fondateur »,a déclaré Nathali Carolina Berrios Marrero,experte en droits de l’homme et en droit international au Département des organisations multilatérales du ministère vénézuélien des Affaires étrangères.« L’Initiative pour le développement mondial de la Chine est une autre initiative réussie pour promouvoir le développement,qui rassemble les pays et régions du Sud.»
« Chaque gouvernement a pour mission d’améliorer le bien-être de ses citoyens,tout comme les parents ont l’obligation de faire tout ce qui est possible pour leurs enfants »,a noté Adrian Vermeule,professeur de droit constitutionnel à Harvard.« Mais le discours des pays occidentaux ignorent volontairement qu’il faut s’adapter au contexte local ainsi qu’à l’histoire et à la culture politique locales.Le problème est que ce genre de connotation profonde a disparu du récit actuel occidental des droits de l’homme »,a-t-il précisé.Et de penser qu’il vaut la peine d’essayer de combiner l’universalité et l’unicité des droits de l’homme.« Actuellement,l’unicité des droits de l’homme n’existe plus,parce que les droits de l’homme sont utilisés comme une arme au service des pays qui en bénéficient depuis la Seconde Guerre mondiale.»
Alors que les civilisations orientales et occidentales sont en contact constant,une priorité absolue est de savoir comment former un concept de droits de l’homme qui soit universellement reconnu grâce aux échanges et à l’apprentissage mutuel entre les civilisations.
M.Pang a proposé de rompre avec le discours occidental sur les droits de l’homme et de faire de la réalisation du « bien commun » l’aune à partir de laquelle les droits et intérêts du peuple et l’efficacité du gouvernement pourront être mesurés.Un tel indicateur sera universel et reflétera le respect de la diversité politique et des cultures.« L’idée de bien commun a beaucoup à voir avec la pensée chinoise classique.Sur la base des intérêts communs,nous pouvons évaluer le bien-être réel des gens,à savoir s’ils sont en meilleure santé,plus heureux,plus en sécurité,plus en paix et plus prospères.Et cela concerne non seulement les individus,mais aussi la société.»
Zhang Weiwei,doyen de l’Institut de recherche sur la Chine à l’Université Fudan,a rappelé que la Chine avait un dicton millénaire qui dit que le peuple est le fondement d’une nation,et qu’un fondement solide assure la paix de la nation.« Cela signifie que le peuple est la pierre angulaire d’un pays.Ce n’est qu’en consolidant la pierre angulaire du pays qu’il peut vivre en paix,et la façon dont la question des moyens de subsistance du peuple est résolue déterminera la prospérité de ce pays.»
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