Par LI CUIHUA
La culture des légumes permet de satisfaire les besoins alimentaires, mais c’est également un moyen important de se rapprocher de la nature. À partir de la rentrée scolaire 2022, les travaux pratiques sont devenus une matière à part entière dans les écoles primaires et secondaires de Chine et les légumes ont fait leur entrée dans le cursus sur la production agricole à partir du primaire. Ainsi, à Chengdu(Sichuan), des écoles, des communautés et des organisations sociales ont élaboré un programme pour sensibiliser les enfants au concept de civilisation écologique à partir d’un simple légume.
Des élèves de l’École primaire d’Aofeng dans le district de Renshou à Meishan (Sichuan), cultivent des légumes à l’école.
Depuis cet été, le Parc écologique Huancheng de Chengdu abrite le Centre de recherche sur l’agriculture et les paysages écologiques. Il s’agit d’un complexe écologique couvrant une superficie d’environ 130mu(1mu= 1/15 ha) avec une zone paysagère de produits comestibles, une ferme-jardin et une zone expérimentale pour la recherche écologique.
Il y a deux ans, c’était un terrain vague pour les déchets de matériaux de construction, et après deux années de transformation « verte », ce terrain a connu une transformation radicale. Yang Meizhou, fondateur de ce centre de recherche, explique qu’en tant que terre d’abondance,Chengdu est propice à la culture maraîchère, et que de nombreux légumes sont aussi beaux que des fleurs et peuvent être utilisés comme plantes ornementales. Tout cela contribue à l’aménagement écologique de Chengdu et permet d’attirer davantage de personnes. « Les légumes-fruits accrochés aux branches et les belles fleurs de diverses couleurs produisent une harmonie merveilleuse, donnant aux visiteurs des plaisirs bucoliques. »
Sous la direction d’enseignants spécialisés, même les enfants sont capables de faire pousser des légumes. Plus de 50 variétés de fruits et légumes y sont plantées, formant un potager fleuri de rêve. Dans la fermejardin, un grand nombre de plantes indigènes et de plantes nectarifères créent un habitat pour les insectes ;la couverture du sol par la végétation écologique dense et complexe abrite grenouilles et oiseaux, formant un site d’éducation écologique où l’on peut observer de près la nature et la faune. « L’objectif n’est pas d’avoir un bon rendement, mais d’utiliser les terres de manière rationnelle et de proposer une éducation écologique pour tous », remarque M. Yang. Un petit légume peut ainsi apporter une pierre à la construction d’une civilisation écologique.
Durant la dynastie des Song (960-1279), lors de son voyage à Xinjin(Chengdu), le célèbre poète chinois Lu You (1125-1210) avait un légume local préféré : la ciboule de Chine(appeléejiuhuang, une herbacée jaune cultivée à l’abri de la lumière).Il en a fait l’éloge dans un poème :« Lejiuhuangde Xinjin est unique et il ne se trouve nulle part ailleurs dans le monde. » Aujourd’hui, cette plante a été reconnue par le ministère de l’Agriculture comme un produit agricole d’indication géographique nationale et sa production s’effectue désormais à grande échelle.
Au Centre d’étude de la ciboule de Chine dans le bourg de Xingyi(district de Xinjin), des enseignants proposent aux enfants des travaux pratiques sur la culture maraîchère,de la préparation du sol, en passant par le semis, l’arrosage et l’application de fertilisants. Les enfants répètent ainsi des gestes qui existent depuis des milliers d’années. En outre, ils peuvent faire la différence entre graines spatiales et graines ordinaires. Ils ont ainsi planté des graines spatiales d’aubergine dans le sol, en ont pris soin et attendu qu’elles germent, poussent, fleurissent et enfin portent des fruits.« En plantant une “aubergine spatiale”, les enfants ont reconnu la contribution de l’aérospatiale dans notre vie quotidienne », note un enseignant du centre d’étude, en affirmant qu’une telle leçon était essentielle pour les écoliers. « Ils peuvent non seulement connaître les techniques agricoles par la pratique,mais aussi acquérir une nouvelle compréhension des légumes et de l’écosystème dans lequel vivent les êtres humains. »
Ainsi, à Xinjin, les travaux pratiques autour de la ciboule de Chine ont permis aux enfants d’apprendre et d’expérimenter dans la nature,de découvrir un monde plus beau,et de mener un mode de vie durable de la ville au champ, du potager à la table.
« Voilà mes légumes en pot, ça sent très bon ! » À Chengdu, de nombreux élèves du primaire et du secondaire peuvent manger des légumes qu’ils ont cultivés eux-mêmes.
Les enfants du Collège N°6 de Longquan (Chengdu) ont choisi de partager la joie de la récolte avec le personnel chargé de la lutte contre l’épidémie de COVID-19. Ils ont ramassé des légumes frais dans le jardin d’agro-innovation de 160 m2de leur école, les ont nettoyés, triés et mis en sac, puis les ont livrés au personnel médical et aux travailleurs communautaires en première ligne,exprimant leur gratitude avec le fruit de leur travail.
Les établissements primaires et secondaires de Chengdu font des innovations dans la forme et le contenu de la culture de légumes et conçoivent des programmes de cours écologiques, afin de mener une éducation écologique à la fois systématique et scientifique. Ainsi, diverses « bases végétales » ont été construites :l’École primaire de Pengcheng, dans l’arrondissement de Wenjiang, a créé des bases miniatures de plantation de légumes en utilisant les balcons des salles de classe ; l’École expérimentale N°2 des Langues étrangères de la rue Dongdajie, dans l’arrondissement de Wenjiang, a développé une ferme en plein air sur le toit du bâtiment ; quant à l’École secondaire de Huaxi, elle a planté des théiers dans les espaces verts autour du parking et organisé des cours de plantation de thé sur place ; enfin, dans l’École primaire de Yuanyin, situé dans le nouveau quartier de Tianfu, plus de 20 sortes de légumes, tels que des radis, des piments, des tomates, ont été plantés sur le terrain à l’intérieur et à l’extérieur de l’établissement.
Toutes les fleurs ne portent pas de fruits, et tous les champs de légumes ne donnent pas une récolte. Dans certaines classes, on a vu des légumes pourrir dans le sol avant la saison des récoltes en raison d’un enfouissement insuffisant des plants lors du semis, d’une fertilisation inégale ou d’une mauvaise gestion à un stade ultérieur, ce qui a permis aux enfants d’approfondir leur compréhension de la nature et de l’agriculture.
Une jungle épaisse tapisse la Base travail-recherche-loisir de la jeunesse contemporaine de Xinjin Anxi de Chengdu (Sichuan).
L’École primaire du lac Qinglong,dans l’arrondissement de Longquanyi,utilise tout l’espace disponible pour aménager des jardins de toutes tailles destinés à la culture et à l’élevage,ainsi que des bases expérimentales d’éducation écologique. On trouve par exemple un verger miniature,une zone expérimentale de plantation sous-forêt, un jardin zoologique,un supermarché écologique, une cuisine nutritionnelle, un jardin pluvial,une petite centrale hydroélectrique,une station de traitement des eaux usées, et une station de surveillance météorologique. Tout cela permet à chacun de participer à la construction d’un « établissement scolaire éco-intelligent ».
L’École primaire du lac Qinglong a créé un mécanisme d’évaluation écologique et mis en œuvre une gestion intelligente. Elle a installé une banque écologique et une entreprise de développement écologique, les élèves se présentant à des postes tels que ceux de président de la banque et de directeur de l’entreprise, afin d’acquérir une expérience et une formation professionnelle. Grâce à leurs efforts, les élèves peuvent obtenir des « éco-monnaies », qui peuvent être échangées contre des légumes,des fruits et des fleurs dans le supermarché écologique. Ils peuvent également utiliser cette monnaie pour inviter les enseignants chez eux ou déjeuner avec le directeur de l’école, ce qui stimule leur enthousiasme et leur capacité à participer aux activités.
*LI CUIHUA est journaliste àChengdu Culture.