Par ZHANG LIJUAN
Le pont Hong Kong-Zhuhai-Macao,d’une longueur d’environ 55 km, est le plus long ensemble de ponts et de tunnels maritimes au monde.
Fin juillet, dans un nuage de fumée, le premier micro-nano satellite quantique du monde a été lancé avec succès par la Chine depuis le Centre de lancement spatial de Jiuquan, posant les jalons du déploiement d’une constellation de satellites quantiques par le pays. Il s’agit du nouveau-né de la famille de l’informatique quantique chinoise après la naissance du satellite quantique Micius, du processeur photonique Jiuzhang et du prototype informatique Zu Chongzhi. En dix ans à peine, la Chine s’est rapidement développée pour figurer aujourd’hui parmi les puissances les plus avancées dans le domaine de l’informatique quantique, un important champ de compétition internationale.
De leur côté, les taïkonautes de Shenzhou-14 ont achevé, le 17 septembre, leurs activités extravéhiculaires au bout de cinq heures et sont retournés dans le module laboratoire Wentian, deuxième des trois modules de la station spatiale chinoise en cours de construction. Le troisième module Mengtian a été lancé le 31 octobre depuis le site de lancement de Wenchang, à Hainan. Son lancement est une étape décisive vers la finalisation de l’installation.
Le développement en matière quantique et spatial est un microcosme représentatif des progrès de la Chine en matière d’innovation scientifique et technologique pendant la dernière décennie. Selon le dernier indice mondial de l’innovation publié fin septembre par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), la Chine a gagné 23 places en dix ans pour atteindre le 11erang en 2022.
« La Chine, qui occupait la 34eplace il y a dix ans, est maintenant sur le point d’entrer dans le top 10. C’est le résultat d’efforts incessants. Preuve de ce dynamisme,les dépenses en recherche et développement (R&D) de la Chine ont augmenté ces dernières années », a indiqué Daren Tang, directeur général de l’OMPI.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2021, les dépenses de la Chine en R&D ont atteint un nouveau sommet de 2 790 milliards de yuans (387,8 milliards de dollars), soit 2,44 % du PIB, proche du niveau moyen de 2,47 % des économies de l’Organisation de coopération et de développement économiques. Elles n’étaient que de 1 030 milliards de yuans (143,2 milliards de dollars) en 2012, représentant 1,91 % du PIB.
De fait, des changements historiques, globaux et structurels ont bien eu lieu dans les sciences et technologies au cours de la dernière décennie, comme l’a déclaré le ministre chinois des Sciences et des Technologies, Wang Zhigang,lors d’une conférence de presse en juin.
Croûte terrestre N° 1, un engin de forage à terre, a conclu sa première mission le 2 juin 2018, mettant la Chine parmi les premiers dans le forage à terre, avec l’Allemagne et la Russie.La machine peut creuser jusqu’à 10 000 m.
Par souci de sécurité, il est aujourd’hui interdit d’utiliser l’ascenseur communautaire pour faire monter les vélos électriques. Dans l’arrondissement de Haidian, à Beijing,un système d’avertissement précoce est installé dans les quartiers résidentiels et les contrevenants peuvent être identifiés en temps réel. Ceci est l’un des 55 scénarios d’application du « City Brain » dans les domaines de la sécurité publique, de la mobilité, de la gestion urbaine,de la protection environnementale et des énergies intelligentes. Tout cela aurait été inconcevable sans l’appui technologique, surtout l’application de l’intelligence artificielle (IA).
Megvii, une entreprise technologique chinoise créée en 2011 qui conçoit des logiciels de reconnaissance faciale et d’apprentissage en profondeur, est l’un des fournisseurs de services techniques du « City Brain » à Haidian. Grâce à son algorithme d’intelligence artificielle des objets(AIoT), l’entreprise a participé à la création d’un centre de calcul IA et est parvenue à assurer la compatibilité entre la puce domestique et l’algorithme IA. « Depuis la tenue du XVIIIeCongrès du PCC fin 2012, les autorités centrales et locales ont pris une série de mesures favorables au développement de l’IA, mettant en place un bon environnement politique pour le développement de Megvii », a indiqué Fu Yingbo, son cofondateur et PDG.
À l’image de l’IA, les mégadonnées, la blockchain, la 5G et d’autres nouvelles technologies ont favorisé l’émergence de nouvelles industries et la formation de nouveaux modèles commerciaux, tels que l’e-learning et l’e-santé. Portée par ces technologies de pointe, l’économie numérique chinoise a pris l’ampleur. Selon un livre blanc sur l’économie numérique mondiale publié par l’Académie chinoise des technologies de l’information et de la communication,l’économie numérique de la Chine a atteint 45 000 milliards de yuans (6 255 milliards de dollars) en 2021, se classant à la 2eplace mondiale, contre 11 000 milliards de yuans (1 529 milliards de dollars) en 2012.
« Depuis le XVIIIeCongrès du PCC, les contributions des progrès techniques à la croissance de l’économie chinoise sont de plus en plus considérables », a souligné Sun Wenkai, chercheur à l’Institut national de recherche en développement et stratégie de l’Université Renmin de Chine.
Ces dernières années, a-t-il précisé, l’économie chinoise a été principalement portée par l’investissement et les progrès techniques, tandis que la contribution de la maind’œuvre à la croissance a été de moins en moins importante pour devenir négative à partir de 2013. Si l’investissement reste l’un des principaux moteurs de croissance de l’économie chinoise, sa part de contribution au PIB a atteint le pic de 82,9 % en 2012 avant de connaître une baisse soutenue pour rester à hauteur de 60 % entre 2010 et 2019. Par contraste, les progrès techniques ont contribué pour 16,4 % au PIB en 2012, alors que ce chiffre s’est élevé à 38 % en 2019.
Selon Wang Zhigang, l’innovation scientifique et technologique de la Chine se concentre désormais sur la lutte contre les frontières scientifiques du monde et sur de nouvelles découvertes et créations qui répondent aux principaux besoins stratégiques du pays et préservent la vie et la santé de la population. Ce faisant, elle joue un rôle primordial dans la réalisation d’un développement de haute qualité.
D’après l’analyse de l’Institut de recherche Mashang Consumer, le développement de haute qualité se caractérise par l’amélioration de la qualité de la croissance économique, l’accroissement de l’efficacité productive et la mise en gamme des moteurs de croissance. Pour réaliser ces trois transformations, il est nécessaire de faire appel à l’innovation scientifique et technologique pour promouvoir l’intégration des nouvelles technologies avec l’économie réelle, et améliorer le positionnement de la Chine dans les chaînes de valeur mondiales.
De la transmission d’électricité à courant continu ultrahaute tension au système de navigation par satellite Bei-Dou, en passant par le train à grande vitesse Fuxing, aucun de ces projets majeurs n’aurait été réalisé sans les percées technologiques. De même, Deep Sea n°1, le gisement de gaz en eau ultra-profonde développé indépendamment par la Chine, est un autre cas exemplaire en ce sens. Il s’agit du gisement de gaz marin le plus profond de Chine et le plus difficile à exploiter avec une profondeur d’eau opérationnelle maximale de 1 500 mètres. Depuis sa mise en service il y a plus d’un an, le grand champ gazier a produit plus de deux milliards de mètres cubes de gaz naturel.
Outre le développement de projets majeurs, les technologies ont contribué à accélérer la modernisation des industries traditionnelles. Le charbon reste la principale source d’énergie de la Chine, représentant plus de 90 % des réserves prouvées de ressources en combustibles fossiles du pays. Afin de favoriser son utilisation propre et efficace,le pays a œuvré, pendant 15 années consécutives, pour mettre au point les technologies ultra-supercritiques qui permettent de consommer du charbon à un taux moyen inférieur à 270 grammes par kWh, largement en baisse par rapport aux 370 grammes par kWh en 2005.Pour l’instant, des projets pilotes utilisant ces technologies ont été déployés à travers le pays,correspondant à 26 % de la puissance installée totale des centrales thermiques au charbon.
Le rôle des technologies dans l’amélioration de la compétitivité des entreprises est aussi non négligeable. Selon le ministère des Sciences et des Technologies, le nombre d’entreprises chinoises de haute technologie est passé de 49 000 il y a plus d’une décennie, à 330 000 en 2021. Si celles-ci ont payé 800 milliards de yuans (111,2 milliards de dollars) de taxes en 2012, ce chiffre a grimpé à 2 300 milliards de yuans (319,7 milliards de dollars) l’an dernier.Elles représentent dorénavant plus de 90 % des entreprises cotées sur le marché de l’innovation scientifique et technologique de la Bourse de Shanghai et la Bourse de Beijing.
Pour les institutionnalistes, l’économie est un système d’activités reliées qui comprend un savoir-faire et des techniques, un stock de capital physique, mais aussi un réseau complexe de relations personnelles. Les effets de la qualité des institutions sur l’innovation sont donc sans appel. Ainsi, « depuis dix ans, le gouvernement chinois a fait de la réforme du système de gestion des sciences et technologies l’un des éléments importants de l’approfondissement global de la réforme », a souligné M. Sun.
Le capital humain, selon Wang Zhigang, est la clé de voûte de l’innovation scientifique et technologique. « Les réformes institutionnelles articulées autour des talents au cours de la dernière décennie ont remarquablement amélioré les mécanismes de formation, d’utilisation,d’évaluation, de motivation et d’engagement du personnel talentueux », a-t-il développé.
De ce fait, les approches de planification de projet et de gestion du financement ont été mises à jour pour simplifier le processus d’application et optimiser l’utilisation des fonds d’État. L’intégrité et l’éthique de la recherche scientifique,elles, ont été renforcées pour créer un environnement propice à l’innovation.
La citoyenneté scientifique est aussi traitée sur un même pied d’égalité que l’innovation scientifique et technologique, comme l’a exigé le président Xi Jinping. « Au cours des dix dernières années, grâce à la vulgarisation scientifique, les compétences des citoyens dans les domaines scientifique et technologique ont été renforcées », a déclaré Zhang Yuzhuo, vice-président de l’Association chinoise pour la science et la technologie, en ajoutant qu’en Chine, la proportion des citoyens scientifiquement cultivés est passée de 3,27 % en 2010 à 10,56 % en 2020.
Pour améliorer la culture scientifique des citoyens, un système moderne des musées de sciences et de technologies s’est développé.La Chine compte actuellement 408 musées physiques en la matière, contre 118 en 2012.Les musées scientifiques mobiles ont organisé 4 944 expositions. Les caravanes itinérantes technologiques ont parcouru plus de 50 millions de kilomètres. Un total de 1 112 musées scientifiques ont été installés dans les écoles rurales du secondaire. Les musées numériques ont servi plus de 15 millions d’utilisateurs.