Par CUI XIAOQIN,membre de la rédaction
Une ouvrière récupère des déchets végétaux le long du corridor écologique d’Erhai,à Dali (Yunnan),le 9 janvier 2021.
Fin août,le projet de corridor écologique Dali Erhai a remporté le prix d’excellence 2022 de la Fédération internationale des architectes paysagistes,une organisation de référence internationale basée à Versailles.Le prix de cette édition visait à encourager le renforcement de la résilience des systèmes urbains,naturels et sociaux et la lutte contre le changement climatique.Le projet de corridor réalise la coexistence harmonieuse de l’homme et de la nature à travers l’écosystème naturel durable d’une zone tampon lacustre.
Le corridor écologique d’Erhai est une zone tampon de 129 km.Selon Niu Yan,directrice du département de la communication du comité du Parti de la préfecture de Dali(Yunnan),rien qu’en juillet de cette année,le couloir a accueilli plus d’un million de visiteurs,ce qui en fait l’une des attractions les plus prisées de la région.
Le lac Erhai est une zone protégée qui fournit l’eau potable à Dali et il y a quelques années encore,la pollution y sévissait.En janvier 2015,le président chinois Xi Jinping avait souligné lors de son inspection du lac Erhai que le développement économique ne devait pas se faire au détriment de l’environnement écologique et que le lac devait être protégé.En 2018,le projet de corridor écologique a été lancé.La ville de Dali a délimité trois périmètres (rouge,vert et bleu)pour la protection écologique et environnementale autour du lac.Sur le périmètre vert,à une distance de 15 m du bord du lac,les bâtiments non conformes aux normes de protection ont été détruits.
D’innombrables maisons d’hôtes avaient été construites près du lac,mais après la délimitation du corridor écologique,la relocalisation de 1 806 ménages dans 23 villages de 8 bourgs autour du lac Erhai était terminée fin 2018.L’année suivante,cinq bourgs de la minorité ethnique bai ont été construits et les personnes déplacées ont été relogées et indemnisées.« Chaque maison dans la zone de réinstallation fait de plus de 400 m2»,précise Li Siyuan,chef adjoint du bourg de Yinqiao,qui remarque que les résidents ont aussi reçu des indemnisations substantielles.
Pour les commerçants comme pour les villageois qui ont vécu la majeure partie de leur vie aux abords du lac,l’indemnisation n’a pas complètement compensé la séparation émotionnelle.Yang Kuifa était un villageois de Panxi.Il a été le premier à s’installer à Yinqiao.Les deux commerces qu’il exploitait ont été démolis,notamment un classé en zone de protection écologique.Il explique qu’il était très hésitant au début car la réinstallation engendrait une forte réduction de ses revenus,avant de finalement soutenir le projet et tout faire pour protéger le lac Erhai.
De nombreux villageois se sont joints à lui.Afin d’indemniser au maximum ces personnes,les autorités locales ont accordé une attention particulière à la réinstallation.« Le logement d’origine au bord du lac appartenait au village et ne pouvait être ni acheté ni vendu.Désormais,les logements accordés au titre de l’indemnisation et de la réinstallation sont des logements commerciaux,qui peuvent être inscrits au registre du commerce ou loués »,explique Li Siyuan,ajoutant que pour résoudre le problème de l’emploi après la réinstallation,des formations à l’emploi dans la restauration et la vente en direct ont été proposées.
Après la réinstallation,les villages riverains restants ont également participé à la lutte contre la pollution.Le village d’Erbin,qui relève du bourg de Xiaguan,à Dali,est le premier village du corridor écologique.Parmi les secteurs d’activité,on trouve la construction,l’élevage de poulets et la plantation de semis.S’ils contribuent au développement économique,ils sont aussi une source de pollution.« Auparavant,les eaux usées agricoles et ménagères,ainsi que l’eau du bétail,polluaient le lac.Désormais,chaque ménage dispose d’une fosse septique,et les eaux usées doivent être filtrées et traitées avant de pouvoir entrer dans les égouts »,souligne Li Hongfang,cheffe adjointe du comité des villageois.Au tout début,la zone a été entièrement inspectée et Erbin a unifié les spécifications et le nombre de fosses septiques.« Avant,même si chaque ménage disposait d’une fosse septique pour le traitement des eaux usées,elles étaient loin d’être aux normes actuelles.»
En accord avec les villageois,une redevance pour la collecte des ordures de 120 yuans par ménage est perçue chaque année.Mme Li précise que les autorités ont aussi mis en place des mesures incitatives pour que les villageois participent à la gouvernance environnementale.Par exemple,s’ils ont des enfants dans le supérieur,ils peuvent recevoir une subvention de 500 à 1 000 yuans.« Ce n’est pas beaucoup,mais cela les encourage à appliquer les mesures de protection.»
Le lac Erhai à l’aube,le 24 décembre 2021
Outre les eaux usées,le nettoyage des rives est également pris en charge par les villages riverains.Avant la construction du corridor écologique,Li Zhixian en était responsable depuis 2007.Son travail quotidien consistait à récupérer les déchets aquatiques et les ordures.« Au cours de ces dernières années,j’ai le sentiment que la qualité de l’eau s’est considérablement améliorée et que la sensibilisation à la protection de l’environnement s’est accrue.» Elle constate qu’il y a désormais beaucoup moins de déchets et que sa charge de travail est nettement moindre.
Li Hongfang note qu’il n’y a pas que des investissements financiers car chaque village se mobilise pour sensibiliser à la protection de l’environnement et mener des actions concrètes.Il y a désormais partout du personnel d’entretien comme Li Zhixian.Chaque mois,des bénévoles participent à la « journée de protection du lac Erhai » pour vulgariser le concept de protection de l’environnement auprès des résidents.
La plante Ottelia acuminata sur le lac Erhai,le 10 octobre 2021
Depuis 2015,Dali a mis en place un système de gestion des eaux usées et de contrôle de la pollution dans le bassin du lac Erhai pour un investissement cumulé de 5,77 milliards de yuans.Douze stations d’épuration ont été construites avec une capacité quotidienne de 211 500 m3.Une fois traitées,les eaux pénètrent dans les étangs écologiques et les zones humides.Elles peuvent même être utilisées au terme d’un nouveau traitement pour l’irrigation des terres agricoles.
Les six stations submergées d’eau recyclées nouvellement construites dans le cadre du projet de collecte des eaux usées autour du lac font office de modèle.« Contrairement à la station d’épuration en surface,qui ne peut pas avoir de zone résidentielle à moins de 200 m,celles-ci sont respectueuses de l’environnement.La section inférieure est une piscine biochimique pour le traitement des eaux usées,et la section supérieureest utilisée notamment pour des parcs paysagers »,affirme Li Jianjun,directeur général adjoint de la Société de gestion de l’environnement écologique de Dali Erhai.Et de préciser que la deuxième phase du projet de stations d’épuration est en cours et que le sol sera complètement verdi une fois le projet terminé.Ceux qui s’y opposaient car vivant à proximité en bénéficieront désormais.
Après les mesures de réinstallation,de traitement et de contrôle de la pollution et d’autres mesures de sauvetage,l’eau des 23 rivières alimentant le lac avait atteint la norme II fin 2021.La protection du lac Erhai est alors entrée dans la phase de gestion de la protection et de restauration écologique.Avec l’amélioration de la qualité de l’eau,la plante endémiqueOttelia acuminataest réapparue dans le lac,un indicateur majeur.
Le corridor écologique est ainsi devenu la carte de visite de Dali.C’est aussi un lieu culturel et touristique avec des festivals de musique et de poésie.Les sportifs y trouveront aussi leur compte avec son marathon et son critérium cycliste.