Retour à la campagne pour un nouveau départ

2022-10-11 02:26ParMALImembredeladaction
今日中国·法文版 2022年10期

Par MA LI,membre de la rédaction

Depuis tout petit,il était résolu à quitter ses montagnes en faisant des études.Pourtant,une fois obtenue la vie en ville dont il rêvait,il a décidé de rentrer au pays.Aujourd’hui,Peng Nanke,PDG de l’entreprise d’élevage Hunan Xinke,est toujours fier de la décision qu’il a prise à 39 ans.

Depuis la création de son entreprise en 2014,il lui aura fallu 8 ans pour faire du bacon de sa région,fruit d’un savoir-faire plusieurs fois séculaire,une marque de renom.Ses produits sont désormais vendus dans toute la Chine et même exportés.Les ventes annuelles de viande fraîche et de bacon dépassent les 100 millions de yuans,permettant à plus de 500 ménages agricoles d’accroître leurs revenus.

Un délice campagnard sur toutes les tables

« En réponse à l’appel du gouvernement,nous devons développer notre secteur au service de la revitalisation rurale et pour aider la population à augmenter ses revenus et à s’enrichir.»

M.Peng a grandi en milieu rural dans l’ouest du Hunan dans une famille qui lui a servi de modèle.« Auparavant,aucune famille n’était aisée.Ce qui m’a le plus marqué,c’est qu’à chaque fois qu’on avait tué un cochon pour le Nouvel An,mon père invitait des proches pour trois à cinq jours de gueuleton.» M.Peng se souvient clairement que le partage ne s’arrêtait pas aux membres de la famille et aux amis.Quand il était enfant,il y avait des famines et ses parents recevaient souvent des mendiants pour leur donner de quoi manger ou même les héberger.« Il nous est arrivé de loger six ou sept inconnus dans le grenier.» Plus tard,M.Peng a quitté son village pour faire des études.Il a trouvé un très bon travail et fondé une famille,menant une existence qu’il avait toujours souhaitée.Mais au bout de quelques années,il a ressenti un vide intérieur et une idée a commencé à germer : rentrer au village,monter une entreprise,et contribuer à la prospérité de tous.

M.Peng est originaire du district de Guzhang,où il existe une tradition ancestrale de fabrication du bacon.Chaque année,pendant le dernier mois du calendrier chinois,les villageois abattent des porcs qu’ils ont élevés,découpent la viande en lanières ou en morceaux,la salent et l’assaisonnent,la font mariner et la fument.Dans l’ouest du Hunan,les poêles chez les agriculteurs consomment toute l’année du bois de chauffage,permettant de fumer la viande.« Les scènes de fabrication du bacon ont toujours été les plus beaux souvenirs de ma mémoire.Quand je pensais aux produits à base de bacon du Yunnan,du Guizhou et du Sichuan qui avaient une certaine notoriété depuis longtemps,par comparaison avec le bacon de ma région,qui attirait peu l’attention malgré sa longue existence,je me disais qu’il fallait mettre à profit mes 15 ans d’expérience dans les médias afin de le promouvoir et le mettre sur davantage de tables.»

Entreprendre pour contribuer à la revitalisation rurale

Malgré l’opposition de sa famille,M.Peng est retourné à Jiatong,le village qui l’a vu grandir,et a construit son élevage porcin.« On ne doit pas se contenter de vivre au jour le jour.»Il ambitionnait,pour reprendre ses termes,de donner plus de sens à sa vie en se livrant entièrement à une entreprise unique.

« Mon idée de départ était très simple.C’est de faire du bacon de ma région un produit de marque,afin d’élargir la voie d’enrichissement pour les villageois et de promouvoir la culture culinaire de l’ouest du Hunan.» Mais cette idée s’est heurtée à l’objection unanime de sa famille.« Les jeunes qui ont de l’ambition quittent tous notre village pour travailler et vivre en ville.Ils font honneur à leurs familles.Mais toi,au lieu de travailler en ville,tu rentres au village.Tout ça pour continuer à être paysan ? » Malgré les doutes et l’incompréhension de ses parents,M.Peng a tenu bon.

« Quand j’ai effectué le dépôt de marque pour mes produits de bacon,les premiers noms qui me sont venus à l’esprit et que j’ai soumis étaient tous utilisés.J’ai alors réessayé avec le surnom de mon père,Wang Jiawu(Wang le Cinquième).Mine de rien,il a été approuvé sur le coup.» Avec ce nom,il a souhaité que l’entreprise poursuive la tradition familiale de traiter autrui en faisant preuve de grandes vertus morales et en se conduisant en toute honnêteté et loyauté.Il s’agissait pour M.Peng de créer une marque fiable et appréciée du grand public.Après l’entrée de ses produits sur le marché,l’offre s’est avérée insuffisante.Tout le monde jubilait : « Wangjiawu fait une tuerie ».

En raison de l’impact du COVID-19 ces deux dernières années,de nombreuses entreprises ont connu des difficultés,mais les ventes en ligne et hors ligne du bacon de M.Peng battent leur plein.« La haute saison de production et de vente commence au début du dernier mois du calendrier chinois.Nous avons 43 séchoirs qui tournent à plein régime en même temps.Il faut 10 jours pour le salage et 15 jours pour le fumage.Et en un mois,nous pouvons produire 120 tonnes de bacon.»

M.Peng s’était au début fixé un objectif à l’horizon de dix ans.« Les dix premières années de travail doivent jeter les bases et se concentrer sur le secteur du bacon de l’ouest du Hunan,de l’élevage à la vente en passant par l’abattage et la transformation,afin de réaliser une boucle fermée sur l’ensemble de la chaîne industrielle.» La sectorisation de son entreprise a atteint la maturité et il maîtrisera l’ensemble de la chaîne industrielle dans les années qui viennent.

Peng Nanke apprend aux jeunes à fabriquer des nattes de bambou,un artisanat traditionnel chinois.

« En réponse à l’appel du gouvernement,nous devons développer notre secteur au service de la revitalisation rurale et pour aider la population à augmenter ses revenus et à s’enrichir.» M.Peng prend un exemple dans le domaine de l’élevage.Son entreprise met l’accent sur l’élevage de verrats et de truies reproductrices,ainsi que sur la R&D dans l’alimentation porcine,en sous-traitant les différentes étapes d’élevage à des associations d’élevage ou à des éleveurs.En distribuant des porcelets et des aliments porcins,et en signant des contrats de sous-traitance d’élevage ou d’acquisition ciblée,l’entreprise a noué une relation étroite avec les agriculteurs et permis à la population locale d’obtenir plus d’avantages palpables.

Tout en développant son entreprise,M.Peng n’oublie pas de rendre service à son village et à la société.« Notre entreprise a alloué 20 postes à des ménages pauvres bénéficiant d’une assistance ciblée afin de répondre à leurs besoins en matière d’emploi.En parallèle,nous offrons par intermittence une formation gratuite aux villageois sur l’élevage et la reproduction de porcs.De nombreuses personnes en ont bénéficié.»

Selon les statistiques du ministère chinois de l’Agriculture et des Affaires rurales,à la fin de 2021,le pays avait enregistré 11,2 millions d’arrivées en milieu rural pour création d’entreprise,natifs et non natifs confondus,soit une augmentation de 1,1 million par rapport à 2020.« Les personnes de retour en milieu rural sont dans des secteurs de plus en plus variés.Elles jouent un rôle de locomotive de plus en plus grand dans l’enrichissement des agriculteurs.J’espère que tout le monde pourra servir de référence et d’exemple pour autrui.» C’est ainsi que M.Peng encourage les autres et se motive.

Perpétuer les souvenirs champêtres

En août de cette année,une vidéo présentant la fabrication traditionnelle du papier dans la Chine antique est devenue virale sur TikTok.On y voit un homme vêtu de chanvre montrer les différentes étapes de fabrication du papier,de l’écorçage au rinçage,en passant par le battage,la préparation de la pâte et l’encollage.Ce procédé reflète parfaitement l’ingéniosité et la sagesse de la culture traditionnelle chinoise.Et le protagoniste de cette vidéo n’est nul autre que M.Peng.

« Pendant mes moments de répit,je marche à la lisière des champs,ces rizières dorées dans l’ouest du Hunan.Les gens qui s’y affairentet les épis qui ondulent de temps à autre évoquent souvent des souvenirs cachés dans les tréfonds de notre mémoire de paysans.Le paysage qui s’offre à mes yeux est intime et beau.» Devant une telle scène,il éprouve une émotion sans nom.«Parce que nous sommes enracinés dans cette terre,nous aimons cette terre,je ne sais pas si dans 20 ou 30 ans,on verra toujours ces scènes.»

Peng Nanke et son bacon « Wangjiawu »

Afin de préserver les savoir-faire agricoles et la culture traditionnelle,M.Peng a créé une chaîne WeChat et un compte TikTok appelés « Gardien du savoir-faire traditionnel Peng Nanke ».Par la suite,une succession de courtes vidéos sur l’artisanat traditionnel ont été mises en ligne : de la confection du papier au tressage de l’imperméable de paille,en passant par la fabrication de la meule de pierre et de la charrue traditionnelle chinoise… « Mes vidéos ont été partagées par certaines plateformes étrangères.Des entreprises étrangères m’ont même parlé d’une coopération pour la production de vidéos.» Il souhaite que ses vidéos courtes permettent aux internautes étrangers de découvrir la culture et la civilisation de la Chine.

Cet ancien photojournaliste se rend aussi dans des villages reculés la semaine précédant le Nouvel An chinois pour prendre des photos de famille de travailleurs migrants.« Les jeunes de nombreuses familles travaillent en ville toute l’année.Ce n’est qu’à ce moment-là que la famille peut se réunir.» Quand il remet les photos couleur encadrées entre les mains des personnes âgées,il se sent aussi heureux qu’elles.« Une photo en apparence ordinaire peut immortaliser les beaux moments de réunion familiale.»