Par LIU TING, membre de la rédaction
Le 1erjuillet, quatre compagnies aériennes chinoises ont annoncé la signature d’un accord avec l’avionneur européen Airbus portant sur l’achat de 292 avions pour une valeur totale d’environ 37 milliards de dollars. Il s’agit de la plus grosse commande d’avions passée par des compagnies chinoises depuis le déclenchement de la pandémie. Ces commandes donnent également un nouvel avantage à Airbus par rapport à son rival américain Boeing.
Air China a commandé 64 appareils A320neo, sa filiale holding Shenzhen Airlines 32, China Eastern Airlines 100 et China Southern Airlines 96. Ces avions, seront livrés à partir de 2023 et jusqu’en 2027. « Ces commandes démontrent la dynamique de la reprise et les belles perspectives du marché chinois de l’aviation », s’est félicité Airbus. La flotte chinoise devrait tripler d’ici à 2040 pour atteindre près de 11 000 avions, selon la dernière étude de marché d’Airbus.
La chaîne d’assemblage finale des A320 à Tianjin est la première chaîne du type hors d’Europe et la troisième au monde après Toulouse et Hambourg.
Cérémonie de livraison du 500e A320 à Tianjin, le 29 octobre 2020
Les compagnies aériennes chinoises, de leur côté, ont souligné que les nouveaux appareils contribueront à augmenter leurs capacités de vol et à répondre aux besoins de renouvellement à mesure que des avions plus anciens seront retirés du service. Selon China Southern, ces avions permettront d’accroître la capacité de vol du groupe de 13 %, et dans le cas d’Air China, de 10,4 %.
La Chine a annoncé qu’elle s’efforcerait d’atteindre son pic d’émissions de CO2 avant 2030 et de parvenir à la neutralité carbone d’ici 2060. Le pays veut moderniser ses flottes avec des avions moins gourmands en carburant. Les A320neo commandés consomment 20 % de moins que les appareils de génération précédente.
Boeing, le principal concurrent d’Airbus, a récemment eu du mal à remporter une grosse commande en Chine. Le dernier grand accord remonte à novembre 2017, à l’occasion de la visite de l’ancien président américain Donald Trump en Chine, avec une affaire de plus de 37 milliards de dollars pour 300 avions. Depuis lors, les relations sino-américaines se sont compliquées et le marché a perdu confiance en Boeing à la suite de plusieurs accidents mortels. Son bestseller B737 MAX n’a jusqu’à présent pas été remis en service en Chine.
La coopération entre Airbus et le secteur de l’aviation civile de Chine remonte à 1985, lorsque l’Administration de l’aviation civile de Chine (CAAC) de Shanghai, aujourd’hui la compagnie China Eastern, est devenue le premier transporteur de Chine à opérer un avion du groupe européen. Dès lors, la coopération n’a cessé de s’approfondir.
En 2008, l’avionneur européen a inauguré la chaîne d’assemblage final de la famille A320 à Tianjin, première usine et chaîne d’assemblage en dehors de l’Europe. À la fin de 2021, Airbus avait assemblé et livré 555 avions de la série A320 depuis cette installation.
« Malgré la pandémie, toutes nos usines en Chine, en particulier celles à Tianjin, sont en activité et fonctionnent normalement », a déclaré à Xinhua Michel Tran Van, directeur de l’exploitation d’Airbus Chine. « Nous livrons des avions comme prévu. La chaîne d’approvisionnement alimente la chaîne d’assemblage final à Tianjin comme prévu. En fin de compte, il n’y a eu aucun impact sur notre capacité mondiale. » En 2021, la chaîne d’assemblage de Tianjin a achevé et a livré 53 avions de la famille A320.
La 15e édition du concours de bateaux-dragons et la 1ère édition des rencontres sportives des entreprises à capitaux étrangers se déroulent à Tianjin, avec 27 équipes des entreprises du Fortune 500 basées à Tianjin, comme Airbus et Volkswagen, le 25 juin 2022.
Au cours de la dernière décennie, Airbus a continué d’augmenter ses investissements en Chine et a travaillé plus étroitement avec l’industrie locale. Fin juin, l’avionneur européen a signé un accord-cadre avec le parc industriel de Suzhou, dans la province du Jiangsu, sur l’établissement d’un centre de R&D Airbus Chine en matière de recherche sur les avions à hydrogène. Le centre fournira des services de recherche dans les domaines notamment de la fabrication avancée, des infrastructures énergétiques à base d’hydrogène et de l’électrification, ce qui profitera aux activités mondiales d’Airbus tout en renforçant la présence du groupe et ses partenariats en matière d’innovation en Chine.
La Chine est restée le plus grand marché d’Airbus dans le monde. Selon Airbus China, en 2021, les livraisons d’avions commerciaux dans ce pays ont représenté plus de 23 % des livraisons mondiales de l’entreprise.
« Airbus a une forte confiance dans les opportunités de croissance en Chine. Par conséquent, la société a fait de nouveaux investissements dans le pays à un moment où elle a annulé certains projets ailleurs », a expliqué George Xu, vice-président exécutif d’Airbus et PDG d’Airbus Chine dans une interview accordée àChina Dailyau début de cette année. « La confiance dans le marché chinois reste élevée malgré les défis de la pandémie et le plan de l’entreprise pour réduire les coûts. »
Le 6 juillet, quelques jours après la signature des accords entre les compagnies aériennes chinoises et Airbus, un événement a été organisé par ce dernier pour promouvoir ses avions A220 à faibles émissions de 100 à 150 sièges, s’engageant à exploiter le potentiel de marché dans l’ouest de la Chine.
L’A220, un appareil à couloir central, permet de combler l’écart entre les avions de niveau régional comme l’ARJ21, développé en Chine, et les avions à couloir central tels que l’A320 et le Boeing B737. Les experts du secteur aéronautique considèrent que ce modèle d’avion est adapté aux vols entre les villes dans l’ouest de la Chine et les villes de deuxième rang dans l’est du pays. La CAAC a prévu la construction de 136 nouveaux aéroports sur la partie continentale du pays entre 2015 et 2025, dont près de la moitié seront construits dans l’ouest de la Chine.
« Un total de quinze fournisseurs chinois ont contribué à la fabrication de l’A220 », a souligné Yang Xiaoyu, responsable des fournitures d’aviation d’Airbus en Chine. « Nous continuerons de localiser la chaîne d’approvisionnement et de réduire les coûts de l’A220. Cette approche peut aider à réduire la logistique des transports internationaux et à réduire considérablement les émissions de CO2. »
Actuellement, le taux de production mensuel de l’A220 s’élève à six appareils. Airbus vise à le faire passer à quatorze d’ici 2025. L’avionneur européen a annoncé qu’il avait déjà commencé les préparatifs pour atteindre cet objectif grâce à une étroite coopération avec ses fournisseurs locaux.
« L’intention d’Airbus de poursuivre son expansion en Chine est un bon exemple démontrant les perspectives prometteuses de la coopération entre la Chine et l’Europe », a précisé àGlobal TimesZhao Junjie, chercheur à l’Institut des études européennes de l’Académie des sciences sociales de Chine. « La coopération économique entre la Chine et l’Europe s’est approfondie au cours de ces dernières années et le commerce bilatéral sino-européen a atteint de nouveaux sommets au cours des deux dernières années. »
En mai 2022, les dirigeants chinois et français ont eu une conversation téléphonique pour discuter de la coopération, et les deux parties sont alors convenues de renforcer les échanges dans l’énergie nucléaire, l’aérospatiale, l’intelligence artificielle et l’énergie propre.
Selon George Xu, Airbus étudie comment mieux travailler avec la Chine dans les secteurs émergents tels que les mégadonnées, l’intelligence artificielle et l’énergie propre. L’avionneur européen s’engage à être un partenaire à long terme solide, fiable et digne de confiance pour la Chine.