Par YAN LONG
Je suis né à Qihelou à côté de la Cité interdite le troisième jour du Nouvel An chinois en 1964. Durant mon enfance, nous avons vécu au n° 82 de la rue Donghuangchenggen, avec ses bâtiments aux briques grises, leurs tuiles grises et leurs chambranles en bois. Passionné par la peinture, j’ai été admis à l’École des arts et métiers de Beijing près de Baitasi en 1979, et tous les jours, j’enfourchais mon vélo « Flying Pigeon » et je passais devant Donghuamen, Wusidajie, Jingshan, Beihai entre la maison et l’école. Je me promenais également dans les différents sites pittoresques du centre de la capitale.
Durant le cursus de 4 ans, un accent particulier est mis sur la peinture traditionnelle chinoise et j’ai toujours à l’esprit l’enseignant qui expliquait la peinture chinoise sur soie en rouleauScènes de vie le long de la rivière Bianhe le jour Qingming, vue panoramique de la vie sociale de la dynastie des Song (960-1279). Quand j’étais jeune, j’étais comme un écolier du tableau et je me promenais avec mon maître autour du pont Hongqiao à Dongjing (actuelle Kaifeng), la capitale de la dynastie des Song du Nord. Comme le peintre Zhang Zeduan, je rêvais de pouvoir me servir de ce que j’avais appris pour laisser une œuvre significative aux générations futures. L’idée d’utiliser un pinceau pour décrire le style et l’apparence de l’Axe central de Beijing est ainsi née en moi. Après avoir obtenu mon diplôme, j’ai travaillé pour la société Beijing Gold Lacquer Inlaid dans le design et acquis une compréhension approfondie de l’art de combiner les beaux-arts et l’artisanat avec la peinture traditionnelle. Plus tard, j’ai été admis au département de gravure de l’Académie des beaux-arts où j’ai étudié de manière systématique les théories et techniques de la peinture occidentale. En 1989, j’ai choisi de m’engager dans la carrière de peintre. Cela me tenait depuis longtemps à cœur. J’enseigne actuellement à l’École d’art et de design de l’Université de technologie de Beijing.
En 2011, j’ai commencé à concevoir et préparer la création deScènes de l’Axe central de Beijingdans le but principal de montrer la vie sociale de Beijing de manière fidèle, complète et détaillée. Afin d’atteindre cet objectif, j’ai consulté un grand nombre de documents historiques et folkloriques sur la fondation de Beijing, rencontré de nombreux experts et artistes sur le folklore du vieux Beijing, interrogé plus d’une trentaine de personnes âgées, dessiné plus de 6 000 croquis de personnages et peint plus de 2 000 pages de structures de bâtiments anciens. Dans la peinture, on compte ainsi plus de 300 voitures de toutes sortes dont on peut reconnaître la marque, et plus d’une dizaine de formes de lanternes décorées dans les seules devantures des boutiques.
Planches du rouleau Scènes de l’Axe central de Beijing
Dans mon esprit, cette œuvre ne devait pas seulement conserver le style de la peinture traditionnelle, mais aussi se conformer aux valeurs esthétiques du public. Si vous n’utilisez que les méthodes de la peinture traditionnelle chinoise, vous ne pouvez pas obtenir un effet de perspective ; et si vous n’utilisez que des techniques occidentales, vous ne pouvez pas peindre sur un long rouleau. J’ai par conséquent intégré les points forts de la peinture chinoise et occidentale, ancienne et moderne, sans m’entêter à coller à la tradition. Par exemple, il n’y a pas de voiture dans les peintures anciennes, ce qui est difficile à rendre par les techniques traditionnelles. J’ai donc appliqué les techniques des rendus industriels modernes peints à la main pour représenter les voitures. Pour les personnages, j’ai essayé de faire passer les émotions entre les gens, comme le jeune homme qui demande son chemin à Di’anmen ou le vieux couple étranger qui pousse un fauteuil roulant. On me voit aussi de dos en train de jouer avec mon fils.
J’ai mis quatre ans pour terminer cette peinture sur soie de 50 m de long et de 70 cm de large. Elle se déroule séquentiellement du sud au nord selon quatre thèmes, d’abord de l’extérieur de Yongdingmen à l’extrémité sud de l’Axe central jusqu’à l’entrée de Dashilan, puis de Qianmen à la place Tian’anmen, puis jusqu’au parc Jingshan, et enfin de la rue arrière de Jingshan aux Tours de la cloche et du tambour. L’ensemble du rouleau comprend plus de 4 000 personnages et d’innombrables bâtiments.
Pour un Pékinois de souche comme moi, l’Axe central de Beijing n’est pas seulement un lieu géographique, mais c’est aussi la mémoire de l’endroit qui m’a vu grandir. C’est enraciné en moi. En 2019, la peintureScènes de l’Axe central de Beijinga été exposée lors du Symposium international sur la candidature de l’Axe central de Beijing à l’UNESCO. En souhaitant qu’il puisse ouvrir une fenêtre sur l’essence de Beijing et permettre au monde entier de mieux connaître cet endroit.