Autour de l’Axe central : un livre, une exposition, un espace

2022-08-03 08:09ParSONGZHUANGZHUANG
今日中国·法文版 2022年8期

Par SONG ZHUANGZHUANG

Beijing est une ville riche en histoire et en culture : si j’y suis né et j’y ai grandi, mais je découvre chaque jour des aspects différents de sa beauté. Je suis né dans unhutongavec une longue histoire comme il en existe beaucoup dans la capitale. Ils sont essentiellement répartis le long des deux côtés de l’Axe central de Beijing. Aux palais majestueux répondent des marchés animés, et la rigueur des bâtiments va de pair avec l’animation de la vie quotidienne. C’est tout cela qui fait Beijing.

Sous la porte Yongdingmen, à l’extrémité sud de l’Axe central de Beijing, le 19 septembre 2020

Partout, on trouve des bâtiments anciens qui nous plongent dans l’histoire et la culture, et c’est ce qui m’a influencé dans une certaine mesure. Pendant mes études universitaires, je me suis spécialisé dans l’architecture et le design, et je me suis lancé plus tard dans la protection du patrimoine culturel. Les bâtiments anciens sont une vraie obsession. À mes yeux, chaque ville est un musée. Il n’est pas nécessaire de juger l’esthétique d’une époque, quelle qu’elle soit, et c’est ce qui est intéressant. Ainsi, derrière l’Axe central se trouve la poursuite incessante des Chinois de l’ordre et de la symétrie.

Cet ordre, c’est aussi le mot clé pour comprendre Beijing. Lorsque vous êtes au sommet du parc Jingshan et que vous regardez vers le nord ou vers le sud, la superposition des toits, les bâtiments emblématiques qui se dressent au centre, et la ligne d’horizon symétrique vous feront ressentir intuitivement la solennité et l’harmonie de cet ordre. En fait, Beijing est une ville où l’ordre règne en maître. Le métro à Beijing obéit à cette symétrie : Dongzhimen, Xizhimen, Dongdan, Xidan, Chongwenmen, Xuanwumen... Cette dualité et cette symétrie trouvent leur point de pivot avec l’Axe central de Beijing.

Afin de mieux faire comprendre la ville, son histoire et sa culture, j’ai co-fondé en 2012 le projet d’enseignement général sur l’architecture et l’urbanisme « Parlons architecture » avec des amis, qui est ensuite devenu Studio Diduhui. Nous avons souhaité utiliser l’approche relativement moderne d’information design pour décrire la ville avec des cartes, présenter des bâtiments avec des modèles, et représenter la vie sur l’Axe central par des illustrations.

Sur cette base, nous avons tenté en 2020 d’innover avec le livreL’Axe central de Beijingqui l’analysait en détail. Le livre comprend 39 thèmes et plus de 500 illustrations pour décrire la « ligne la plus spéciale de Beijing », longue de 7,8 km, avec ses sept siècles d’urbanisme, d’architecture et de vie quotidienne. Nous nous sommes concentrés non seulement sur les bâtiments de l’Axe central, mais aussi sur les personnes qui y vivent. Par exemple, nous consacrons une page entière à décrire les activités physiques des habitants. Nous souhaitons dire ce qu’est l’Axe central, à quoi ressemble l’ancienne ville de Beijing et son lien avec le présent d’une manière simple, belle et moderne. Par exemple, le Palais des enfants de Beijing, où j’allais quand j’étais petit, était l’école officielle de Jingshan sous la dynastie des Qing. Des élèves de différentes époques y ont étudié et continuent de le faire, ce qui suffit à montrer que l’Axe central a toujours une utilité concrète à l’époque contemporaine.

Par ailleurs, nous avons également prévu un certain nombre d’expositions. Nous avons choisi un emplacement près de la Tour du tambour, à l’extrémité nord de l’Axe central. Le public pourra écrire et dessiner sur des panneaux muraux ce qui lui revient en mémoire sur l’Axe central ou exprimer les incertitudes qu’il peut avoir. Il pourra également réorganiser l’exposition en déplaçant des objets ou en les reliant différemment, voire même faire une nouvelle exposition. Il s’agit d’un espace dynamique, chaque jour différent, qui se renouvelle constamment, et donne une signification plus riche à l’Axe central.

L’Axe central de Beijing est un patrimoine vivant qui relie le passé au présent. Il y a un endroit pittoresque, le pont Wanning, sur lequel je vais souvent. Du haut de ses 700 ans d’histoire, on peut regarder les gens aller et venir. La ligne 8 du métro passe sous ce pont. Je me dis que Kubilaï Khan, de la dynastie des Yuan, se tenait au même endroit, regardant les jonques transporter des marchandises vers Jishuitan. En se promenant dans des ruelles ordinaires, on est en communion avec ceux qui étaient présents il y a des siècles. C’est le charme de Beijing.

L’Axe central n’est pas que l’architecture ; son histoire n’est pas qu’une suite de grands récits. On y voit tant de choses. Notre équipe travaille actuellement sur un projet de librairie sur ce thème. À travers un livre, une exposition et un espace, je souhaite pouvoir servir de guide pour faire vibrer la corde sensible des gens en leur faisant remonter le temps. L’Axe central de Beijing, c’est une longue histoire et de magnifiques bâtiments, mais c’est surtout des opportunités innombrables.

Illustration sur les traditions populaires de l’Axe central de Beijing créée par le Studio Diduhui