Par SONG ZHENZHONG
J’ai grandi à Beiertiao dans le quartier de Jiaodaokou, un vieuxhutongsur le flanc est de l’Axe central de Beijing. À la différence des édifices impériaux, majestueux et magnifiques, leshutongfont partie du quotidien des gens ordinaires avec une chaleur à la fois simple, populaire et pleine de vie. Il existe de nombreuxhutongde ce type sur l’Axe central. Notre famille s’est installée à Beijing il y a 350 ans. Depuis la fin de la dynastie des Qing, mes ancêtres ont gagné leur vie en vendant des brochettes de cenelles confites dans les rues et leshutongde la capitale, et ils ont été les témoins du folklore du vieux Beijing. La culture populaire est l’âme de l’Axe central de Beijing et elle permet de comprendre la culture chinoise.
Song Zhenzhong (g.) interprète un folklore du vieux Beijing lors d’un événement organisé dans le quartier des ambassades en Chine.
Enfant, j’entendais toutes sortes de crieurs de rue. Mon père a hérité du commerce de ses ancêtres, et il allait souvent dans tous les coins de Beijing pour vendre ses brochettes. Plus tard, j’ai collectionné avec avidité des vieux objets, et lorsque je les achetais, je demandais conseil aux anciens dans leshutongpour apprendre à crier les marchandises. Au cours de ces dernières décennies, je me suis concentré sur deux choses : l’une est de collectionner des vieux objets dans tous les coins de la capitale, et l’autre est d’apprendre toutes sortes de cris du vieux Beijing.
Au fil des années, j’ai collectionné un nombre incalculable de « petits trésors », pas des antiquités, mais des vieux objets parmi les plus banals des gens ordinaires du vieux Beijing, notamment les nécessités de la vie, qui gardent tant de souvenirs. Avec une telle collection et l’aide des autorités, j’ai ouvert le Musée des objets anciens au n° 4 Lingdang Hutong, sur l’Axe central. On y trouve de tout : vêtements, pièces de monnaie, gamelles, fers à repasser, cadres de porte, miroirs, casseroles et poêles, qui montrent les habitudes dans les domaines de la nourriture, de l’habillement et du logement dans le vieux Beijing. Les visiteurs peuvent toucher les objets exposés pour ressentir leur délicatesse et leur originalité. Je souhaite transmettre cette richesse aux générations futures et permettre à plus de gens de comprendre Beijing, sa culture et son passé à travers ces objets.
Après avoir collectionné des objets anciens pendant tout ce temps, j’ai le sentiment que les souvenirs et les traditions du vieux Beijing ne peuvent pas seulement se transmettre par les objets, et que la voix est importante. J’ai alors commencé à apprendre à crier pour colporter dans le vieux Beijing, et les crieurs les plus renommés de la capitale m’ont servi de professeurs. Il m’a fallu des années pour maîtriser cet art. J’en connais beaucoup, comme par exemple celui des vendeurs de brochettes de cenelles confites, de jus de prune, de ceux qui pratiquent la médecine. De nos jours, le colportage se fait rare et il est difficile de transmettre cet art à quelqu’un. Je souhaite cependant continuer à m’y adonner en tant qu’héritier de cette tradition.
J’ai également ouvert trois autres musées pour exposer mes objets anciens. Le plus insolite est le Musée de la fondue à la fleur de sésame que j’ai ouvert avec un ami début 2017. Il vend des marmites en cuivre du vieux Beijing pour y faire la fondue mongole. Les marmites qui sont exposées font partie de ma collection. Dès que vous entrez, vous pouvez voir une rangée de bidons d’huile accrochés au mur et des ustensiles pour mesurer la quantité d’huile de sésame.
Song Zhenzhong (c.) présente les coutumes du Nouvel An chinois à Beijing dans une émission de CCTV (China Central Television).
Mes quatre musées sont loin d’être suffisants pour transmettre ce folklore et je souhaite qu’avec l’aide des autorités, il sera possible de construire davantage de tels musées des deux côtés de l’Axe central. Pourquoi pas un musée des sons, de la broderie, de l’habillement ? Cela permettrait d’exposer l’âme du vieux Beijing de manière systématique.