Un fabricant chinois de véhicules électriques donne un coup de pouce « vert » au Rwanda, tout en transmettant de nouvelles compétences aux ingénieurs locaux Reportage du Rwanda par ARAFAT MUGABO
Des scooters électriques TAILG dans une exposition en Chine. TAILG est l’un des fabricants majeurs de véhicules électriques du pays.(VCG)
Ladislas Iyambere, 26 ans, est l’un des 20 nouveaux diplômés rwandais en apprentissage dans la nouvelle usine chinoise d’assemblage de véhicules électriques TAILG, dans la zone industrielle de Gahanga, dans le district de Kicukiro à Kigali, capitale du Rwanda. « Je suis reconnaissant d’être parmi les quelques jeunes chanceux en apprentissage à l’usine chinoise de véhicules électriques. Une opportunité difficile à obtenir dans d’autres usines locales », a-t-il déclaré.
Après avoir obtenu son diplôme en génie mécanique à l’École polytechnique de Kigali, Ladislas a postulé à deux reprises pour des stages chez Ampersand et Volkswagen, qui assemblent respectivement des motos et des voitures électriques. Malheureusement, aucun des deux constructeurs ne lui a donné sa chance. En 2021,Ladislas a pris connaissance de l’usine de montage de véhicules électriques TAILG, où il a présenté sa candidature et a été recruté en seulement trois semaines.
Le constructeur chinois de véhicules électriques joue un rôle clé en offrant une formation pratique aux récents diplômés en ingénierie, et facilite la transition du pays vers un système de transport durable, abordable et rentable.
« J’avais quelques compétences en mécanique acquises à l’école, mais je ne savais pas exactement ce qui était nécessaire à l’assemblage, l’entretien ou la réparation d’une voiture ou d’un vélo électriques », a confié Ladislas. Avant d’ajouter : « Honnêtement, j’ai rejoint TAILG sans aucune compétence qui me permettrait même de réparer une batterie lithium-ion. Au début,c’était embarrassant ; mais après cinq mois chez TAILG,mes collègues me considèrent aujourd’hui comme un expert. »
L’accompagnement d’experts chinois dans leur formation à l’ensemble du processus d’assemblage et de réparation est hautement apprécié des stagiaires.En plus de nouvelles compétences acquises, il leur est également versé un salaire. « Maintenant, nous allons apprendre à construire des batteries lithium-ion », a expliqué Ladislas.
« Je ne peux pas imaginer où j’aurais pu acquérir de telles compétences d’assemblage si je n’avais pas rejoint TAILG », a fait part Jean Damascene Kambere,un autre jeune diplômé travaillant pour l’entreprise chinoise. Il constate qu’il y a énormément de choses qui entrent en ligne de compte dans l’assemblage, la réparation et l’entretien d’un véhicule électrique et que personne ne peut prétendre tout faire. Il existe par conséquent de nombreuses opportunités pour travailler dans le secteur des véhicules électriques.« Je travaille et j’apprends en même temps différentes compétences depuis six mois, et je suis maintenant convaincu que je peux assembler un scooter sans l’aide de formateurs », s’est-il enthousiasmé.
Ladislas a indiqué qu’en travaillant chez TAILG, il en avait appris bien plus qu’à l’école. « Si vous deviez apprendre à assembler ou à entretenir une voiture électrique à l’école, vous auriez besoin d’une compréhension approfondie du génie mécanique et du génie électrique, ce qui est presque impossible à retenir »,a-t-il affirmé. Et d’ajouter : « Nous sommes heureux d’être capables d’apprendre les deux disciplines auprès des experts chinois. »
Faustin Munyazikwiye, directeur général adjoint de l’Autorité rwandaise de gestion de l’environnement, a fait savoir dans une récente interview que le Rwanda visait à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 38 %, les véhicules électriques étant estimés représenter 9 % de la réduction potentielle des émissions liées à l’énergie dans le cadre du Plan d’action décennal pour le climat du pays. « Nous voulons avoir autant d’usines d’assemblage de véhicules électriques que possible car notre objectif est de mettre fin aux voitures,motos et autres machines à moteur thermique pour parvenir à un transport plus écologique », a souligné M. Munyazikwiye.
Un tricycle électrique garé dans l’usine d’assemblage de TAILG à Kigali,au Rwanda. (ARAFAT MUGABO)
Il considère comme un honneur de compter TAILG parmi les sociétés d’assemblage de véhicules électriques du pays. Il invite également toute entreprise de fabrication de véhicules électriques à investir dans le transport au Rwanda. Celui-ci entretenant des relations fructueuses avec la Chine, il n’y a pour lui rien d’étonnant à ce que des investisseurs chinois prennent part aux ambitions de son pays d’acquérir une économie développée, résiliente et à faible émission de carbone. Ces initiatives jouent un rôle majeur dans la création d’emplois écologiques pour un grand nombre de jeunes au chômage.
D’après des experts environnementaux rwandais interrogés parCHINAFRIQUE, outre la réduction des émissions de CO2, la mobilité électrique contribuera à réduire la dépendance du pays vis-à-vis des carburants importés. Cela permettra de créer une économie plus stable et autosuffisante, alors que le pays se rapproche du statut de pays à revenu intermédiaire.
Une enquête menée parCHINAFRIQUEauprès des propriétaires de véhicules électriques TAILG, montre l’efficience de leurs produits.
« C’est très efficace », a exprimé Vincent Karangwa,propriétaire d’un vélo électrique TAILG. « C’est beaucoup plus facile à piloter. Il n’y a plus d’embrayage et de vitesse à passer, vous avez juste l’accélérateur et le frein. »
Selon M. Karangwa, la seule chose sur laquelle le cycliste se concentre lorsqu’il fait du vélo électrique est le frein avant et le frein arrière. Cela donne au pilote plus de contrôle sur le vélo. Les véhicules électriques, en particulier les vélos électriques, sont légers et n’émettent pas de vibrations. Ce qui les rend plus attrayants à ses yeux.
Tiger Hoo, directeur général de TAILG au Rwanda,affirme que leurs produits sont uniques comparés aux autres véhicules électriques déjà présents dans le pays.« Nos produits amélioreront le secteur du transport au Rwanda parce que les véhicules électriques prennent en compte le terrain du pays », a indiqué M. Hoo. « Cela aidera le gouvernement du Rwanda à bâtir un secteur du transport écologique. »
Selon un calcul deCHINAFRIQUE, la recharge complète d’une voiture électrique TAILG dont l’autonomie est de 200 kilomètres coûte huit dollars. Pour quelqu’un ayant une voiture à essence qui consomme dix litres aux 100 kilomètres, parcourir 200 kilomètres coûtera environ 29 dollars. Ceci confirme que la voiture électrique est plus économique et respectueuse de l’environnement en comparaison des véhicules à essence.
Selon l’Association pour la mobilité électrique et le développement en Afrique, basée au Kenya, le Rwanda joue un rôle de premier plan dans la promotion de la mobilité électrique grâce à sa récente série de mesures politiques. Ces dernières incluent une réduction des tarifs d’électricité pour les recharges, une annulation de la TVA sur les véhicules électriques, l’exonération des droits d’importation ainsi que l’obtention de terrains exempts de loyer pour les bornes de recharge. CA