Reportage du Cameroun par ÉRIC VINCENT FOMO
Les joueurs du Sénégal lors de la remise du trophée.(COURTOISIE)
Larmes de joie côté sénégalais, larmes de tristesse côté égyptien. Sur l’aire de jeu, les plus solides s’emploient à consoler les autres, sans distinction, dans la solidarité, la fraternité et la chaleur du moment. C’est, en somme, l’image marquante de cette finale de la 33e édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN). Une finale qui s’est jouée le 6 février, au stade omnisports d’Olembé à Yaoundé, au Cameroun. Opposant le Sénégal à l’Égypte,la rencontre a été de haute facture entre deux grandes nations du football africain, et une pléthore de stars sur la pelouse. D’un côté, les Pharaons égyptiens, emmenés par l’incontournable Mohamed Salah, attaquant de Liverpool, en quête d’un huitième titre continental. De l’autre, les Lions de la Teranga sénégalais, guidés par leur capitaine Kalidou Koulibaly en défense, et Sadio Mané, coéquipier de M. Salah en club, sur le front de l’attaque. Une opposition assez fermée, tactique et technique, qui, malgré quelques actions d’éclat, n’a pas permis de départager les deux équipes, aucun but n’ayant été marqué au cours des 120 minutes de jeu. C’est donc lors de la fatidique épreuve des tirs aux buts, que tout s’est dénoué.
Edouard Mendy, portier de Chelsea, donne un premier avantage à son équipe en repoussant le tir de Mohanad Lasheen. À sa suite, Sadio Mané, qui avait manqué un penalty à la sixième minute de jeu, se montre cette fois plus adroit en transformant son tir au but. Un but qui scelle le sort de la rencontre et donne la victoire au Sénégal. Sur la pelouse, la joie explose, vibrante,palpable. Les Lions courent en tous sens, ivres de bonheur. Ils peuvent désormais oublier les finales perdues en 2002 face au Cameroun (0-0, 2-3 aux tirs aux buts) et en 2019 contre l’Algérie (0-1). Avec ce premier sacre, le Sénégal inscrit son nom au palmarès de la compétition et devient le 15e pays vainqueur de la plus prestigieuse compétition africaine.
Le sentiment est évidemment partagé par le capitaine de la sélection : « Aujourd’hui, on sera à jamais les premiers pour le Sénégal. On ne peut être qu’heureux.En 2019, on a eu l’occasion. Cette fois-ci, on y a cru jusqu’au bout. On est arrivé avec notre capital confiance.C’était notre objectif et on l’a atteint. » Sadio Mané,lui, explique : « La CAN reste le meilleur trophée que j’aie gagné dans ma vie. Je l’ai fait avec toute l’équipe,et je n’ai pas de mots. Je vis un rêve, je n’arrive pas à le croire. On est très content. Moi et les penalties,c’est une longue histoire, mais je n’ai pas douté et on a gagné. » C’est donc en grande pompe que les héros sénégalais ont été accueillis à leur retour au pays, par un peuple en liesse.
Il faut rappeler que le Sénégal, qui s’est retrouvé dans la poule B, avait entamé la CAN tournoi avec un effectif amoindri. Certains joueurs - parmi lesquels Kalidou Koulibaly et Edouard Mendy - ont été testés positifs au coronavirus et ont débuté la compétition… par une quarantaine. Pour limiter au maximum la propagation,les tests ont été multipliés au sein des différents effectifs avant chaque rencontre. Mais l’avalanche de cas positifs et les quarantaines qui en ont découlé, ont décimé les sélections participantes. Un stress constant à gérer pour les sélectionneurs, d’autant que la neutralité et l’objectivité des équipes chargées de superviser les tests,ont parfois été mises en doute. Pour calmer les ardeurs,le Comité d’organisation de la Confédération africaine de football, ainsi que celui du pays organisateur, ont dû multiplier les opérations de communication. Une tâche confiée à un cabinet international compétent et professionnel.
Pour organiser cette compétition en évitant une crise sanitaire, des équipes médicales avaient été placées aux entrées des hôtels, des fans zones et des stades,avec pour mission de tester et de vacciner. En plus d’un résultat négatif et d’une preuve de vaccination,la jauge de remplissage avait été limitée à 80 % des 60 000 places du stade omnisports d’Olembé à Yaoundé(lors des rencontres impliquant le Cameroun, pays organisateur), et à 60 % dans les autres stades. Exception faite des blessures de quelques joueurs, l’hôpital a surtout été sollicité pour soigner la cinquantaine de blessés, dont deux graves, après la bousculade qui s’est produite à l’entrée d’Olembé, le 24 janvier. Cet accident tragique a coûté la vie à huit personnes.
La CAN reste le meilleur trophée que j’aie gagné dans ma vie.Je l’ai fait avec toute l’équipe,et je n’ai pas de mots. Je vis un rêve, je n’arrive pas à le croire.On est très content.
SADIO MANÉ Attaquant des Lions de la Teranga
Une autre polémique, qui a d’ailleurs été soumise à une enquête, a porté sur la qualité de la pelouse du stade d’Olembé. Mais la qualité du terrain a finalement été validée, et l’enceinte de Yaoundé a pu accueillir la finale d’une CAN qui aura été forte en sensations. Sur les 24 équipes au départ, l’autre surprise a été l’élimination précoce de l’Algérie, ex-champion en titre, et présenté comme l’ultra favori avant la compétition, aux côtés du Sénégal. Les Lions de la Teranga auront cependant confirmé les espoirs que les bookmakers avaient placés en eux. Cette CAN a aussi été marquée par la montéeen puissance de certaines nations, comme les Comores,le Cap-Vert et la Gambie, pour ne citer qu’elles, ainsi que la confirmation de pays tels que le Burkina Faso.
Le Cameroun et le Burkina Faso s’affrontent au premier tour de la poule A de la CAN 2022, le 9 janvier. (VCG)
De plus, il semble important de noter que l’arbitre rwandaise Salima Rhadia Mukansanga, qui a officié durant la rencontre Guinée/Zimbabwe comptant pour la troisième journée de la poule B, est la première femme à diriger un match lors d’une phase finale de CAN. Côté récompenses, le capitaine du Cameroun,Vincent Aboubakar, a décroché le soulier d’or avec huit buts inscrits pendant la compétition. Un podium complété par deux Sénégalais : Sadio Mané, désigné meilleur joueur de la CAN 2022, et Edouard Mendy,pour le titre de meilleur gardien.
Le flambeau est désormais entre les mains de la Côte d’Ivoire, qui devra se charger d’organiser la 34e édition de la CAN en 2023. CA