Par ZHOU XIN
Andrea Coatti façonne une rampe pour Air &Style Beijing,un événement international de snowboard (big air) au Stade national de Beijing.
«C’était la première fois que je plongeais profondément dans la vraie Chine rurale»,se souvient Andrea Coatti.En 2006,à l’âge de 22 ans,ce jeune Italien est venu dans le district de Chongli,à Zhangjiakou,une ville voisine de Beijing,pour un projet de construction de station de ski.
«Je ne savais même pas qu’il était possible de skier en Chine»,reconnaît-il.Et pourtant,le ski est l’un de ses premiers souvenirs du pays.À l’époque,il avait atterri à Beijing et avait été émerveillé par la capitale du pays,en pleine préparation en vue des Jeux olympiques d’été 2008.Le lendemain,il s’était rendu dans une région rurale où les lampadaires s’éteignaient à 21 h,ne laissant alors pour tout éclairage que les lumières tamisées des magasins et des restaurants.«Lorsque notre manager italien a annoncé que nous étions arrivés,j’étais un peu perdu:que voulait-il dire ? Il faisait complètement noir et je n’avais pas la moindre idée de l’endroit où nous étions»,se remémore Andrea Coatti.
«En 2006,Chongli était très différent.» Taizicheng (district de Chongli) n’était alors qu’un village quelconque du nord de la Chine.Mais à l’aube de 2022,il était devenu un lieu incontournable parmi les snowparks et stations de sports d’hiver.Il accueille de nombreuses épreuves des Jeux olympiques d’hiver 2022.
«Il évolue chaque année»,fait remarquer Andrea Coatti.Quinze ans après y avoir mis les pieds pour la première fois,il est toujours à Chongli pour concevoir des pistes de ski et observer les changements spectaculaires provoqués par l’essor de l’industrie des sports de neige.«Presque plus rien n’est pareil,maintenant.»
Après son premier voyage à Chongli,Andrea Coatti a visité fréquemment ce district en tant que concepteur de snowparks.Il a vu les collines se transformer les unes après les autres en pistes de ski étincelantes.
«Chaque piste est différente»,explique-t-il.«Vous devez tenir compte des formes uniques de chaque colline.C’est le plus beau métier du monde.»
En tant que concepteur de pistes et skieur,Andrea Coatti confie que regarder les skieurs apprécier les pistes qu’il a dessinées est encore plus satisfaisant que de skier lui-même.«C’est vraiment incroyable de voir des skieurs utiliser nos pistes de façons que nous n’avions pas envisagées.»
«J’aime beaucoup“yi bu”»,déclare-t-il.Cette expression,qui signifie «pas à pas» en chinois,il l’a trouvée après une semaine seulement en Chine.«Lors d’un banquet,j’ai entendu quelqu’un dire:“yi bu yi bu lai”.Je ne comprenais pas du tout le chinois à ce moment-là,donc j’ai posé la question à notre traducteur.»
«Je ne suis pas quelqu’un qui planifie beaucoup»,avoue Andrea Coatti.S’il a été attiré par «yi bu»,c’est parce qu’il aime faire les choses étape par étape.«C’est une philosophie et un mode de vie qui me correspondent vraiment.»
En conséquence,il a nommé son entreprise YiBu.En 2010,il a construit son propre snowpark en Chine.«À l’époque,il y avait encore peu de stations de ski dans le pays,et elles n’étaient utilisées qu’occasionnellement.» Il reconnaît la nécessité d’attirer plus de gens vers les sports de neige,tels que le ski ou le snowboard.«La première étape,c’est de leur fournir une colline.» Cette réflexion est à l’origine de YiBu Parks.
Une photo de groupe de l’équipe de YiBu Parks.L’entreprise a construit des installations de sports d’hiver en 2010 en réponse au besoin croissant en Chine.
Son snowpark n’accueille pas seulement le grand public,il propose également des cours pour les élèves des écoles locales.Andrea Coatti considère les sports de neige comme d’excellentes activités de plein air pour les enfants en hiver.Il est également conscient de l’importance de cultiver ce loisir très jeune.«Les passions d’enfance sont comme des graines»,philosophe-t-il,en s’appuyant sur sa propre expérience:il est tombé amoureux des sports de neige durant sa jeunesse.
Tandis que la passion pour la neige et les sports de neige est devenue une seconde nature pour cet homme né en Italie,les Chinois– en dehors de certains endroits très au nord– ne se sont familiarisés à cette pratique qu’à l’approche des Jeux olympiques d’hiver.Les stations en plein essor de Chongli rendent les sports de neige plus attrayants et accessibles.
«J’ai grandi à seulement cinq minutes d’une piste de ski»,précise Andrea Coatti.L’Italie se trouve sur le versant sud des Alpes,un lieu idéal pour les sports de neige,ce qui fait que la population locale s’y met naturellement.«Habituellement,nous n’avons même pas besoin d’aller dans une station de ski pour skier.Il suffit de trouver une colline.»
Après les Jeux olympiques d’hiver de Beijing 2022,l’Italie prendra le relais et deviendra le prochain pays hôte des JO d’hiver.Ce sera la quatrième fois qu’elle accueillera cet événement sportif.
«De nombreux sites tombent en délabrement après les Jeux»,regrette Andrea Coatti,faisant référence aux sites des Jeux olympiques d’hiver de Turin.«J’espère que les pistes et les sites des JO d’hiver en Chine continueront à être utilisés longtemps.»
Italien jusqu’au bout des ongles,Andrea Coatti raffole de pizzas et adore les cuisiner lui-même.Il en a créé de nouvelles sortes avec les ingrédients disponibles en Chine.Lenaan(une galette) chinois mi-cuit constitue une croûte idéale.Grâce à ses années passées en Chine,l’entrepreneur italien a appris le mandarin,la culture du pays et bien d’autres choses.«La vie est comme ça,une étape à la fois»,sourit-il.