Par WANG JING
70 %
Taux de recyclage de la chaleur résiduelle pour la climatisation et la ventilation
Plus approche la date d’ouverture des Jeux Olympiques d’hiver de Beijing 2022,plus l’approche « bas carbone » de cet événement se confirme. Cette tendance s’observe tout d’abord dans la réutilisation des installations sportives. Trop souvent dans l’histoire des JO d’hiver, des stades et autres terrains de sport ont été laissés à l’abandon une fois les jeux clos. Afin de réduire le gaspillage, ainsi que l’impact sur l’environnement, le Comité d’organisation des JO d’hiver de Beijing travaille avec les villes hôtes de l’édition 2022, à dessein de tirer le meilleur parti des lieux d’accueil qui avaient été édifiés pour les JO de Beijing 2008. Parmi les cinq sites où se dérouleront les rencontres sportives sur glace de Beijing 2022, seul un a été construit pour l’occasion : l’Anneau national de patinage de vitesse (surnommé le « Ruban de glace »). Les quatre autres ont été rénovés pour répondre aux exigences écologiques et aux besoins des compétitions de ces prochains JO.
Pour fabriquer la glace nécessaire aux sports d’hiver, l’on utilise traditionnellement des solutions réfrigérantes qui contiennent une quantité importante de fréon, l’un des gaz responsables de la destruction de la couche d’ozone. Mais le Palais omnisports de Wukesong et l’Anneau national de patinage de vitesse à Beijing ont opté pour la technologie de réfrigération au CO2 transcritique, qui permet d’abaisser le volume des émissions de gaz à effet de serre à un niveau proche de zéro. Selon les estimations, la réduction des émissions réalisée en appliquant cette innovation équivaudrait au rejet annuel de 3 900 automobiles. Par ailleurs, grâce à cette technologie, la consommation d’énergie pourrait baisser de 40 % ou plus, et plus de 75 %de la chaleur résiduelle sera recyclée.
Les sites ont également été remodelés de façon à maximiser l’éclairage naturel, avec l’ajout de murs-rideaux en verre, de puits de lumière et de grandes places en contrebas. Les panneaux photovoltaïques tapissant le toit peuvent générer 700 000 kWh chaque année, et des lumières LED ont été installées en vue de réduire la consommation d’électricité. Selon le vice-président du Comité international olympique, Juan Antonio Samaranch, c’est la première fois dans l’histoire des JO que tous les lieux d’accueil des compétitions utiliseront de l’électricité provenant d’une énergie verte. Il s’agit d’un événement marquant de Beijing 2022, dont il se félicite.
Le tremplin de bigair surplombe le parc de Shougang dans un ciel cristallin, le 6 septembre 2021.
De plus, les systèmes de climatisation et de ventilation peuvent recycler jusqu’à 70 % de la chaleur résiduelle produite lors de leur fonctionnement, et ainsi réduire la consommation d’énergie grâce à leurs fonctions de pré-refroidissement/chauffage.Et ce ne sont là que quelques exemples des technologies de pointe sur lesquelles s’appuieront ces JO « verts ».
Parmi les divers sites, le Palais omnisports de la capitale sera celui où se tiendra le plus grand nombre d’événements au programme de Beijing 2022. Construit dans les années 1950, ce complexe a été rénové et pourra répondre aux nécessités des sports d’hiver, aussi bien pendant qu’après ces JO.Modulable, il pourra également être adapté pour les sports d’été au besoin.
L’un des critères déterminants dans la conception du nouvel Anneau national de patinage de vitesse était son utilisation post-olympique. Dans les différentes sections de ce site, la glace est fabriquée selon les normes propres aux différents sports qui y seront pratiqués. Après Beijing 2022, cette enceinte pourra accueillir plus de 2 000 personnes,pour toutes sortes de sports de glace (hockey sur glace, curling ou patinage, par exemple).
En outre, le Comité d’organisation met à profit les installations réaménagées de Shougang (un géant de la sidérurgie qui a délocalisé ses activités hors de la capitale chinoise), afin de satisfaire ses besoins croissants en bureaux et d’organiser des événements connexes. Ce faisant, il réduit son impact sur les ressources naturelles et l’environnement.
Le village olympique de ces JO d’hiver, situé dans l’arrondissement de Yanqing à Beijing, se compose d’un amoncellement de maisons avec cour selon le style traditionnel chinois, le tout au pied du mont Haituo. Les cadres en bois des portes et fenêtres ainsi que les murs en gabions, bâtis à partir de rebuts de la construction, lui confèrent une touche rustique en harmonie avec le décor environnant.
Culminant à plus de 2 000 m d’altitude, le mont Haituo est un site clé pour les compétitions organisées dans le cadre de Beijing 2022. Pendant la phase de construction, une attention toute particulière a été portée à la protection de la biodiversité,et un service spécial chargé de superviser cette mission a même été créé.
Wu Shige, directeur général de la société National Alpine Skiing, a donné un exemple des efforts que les constructeurs du village ont déployés pour minimiser les effets négatifs sur le milieu naturel :les 313 arbres présents sur le site ont été laissés à leur place, ou éventuellement déplacés juste le temps de la compétition.
Après Beijing 2022, les appartements établis dans le village seront loués à bas prix aux professionnels sollicités pour leurs compétences dans les secteurs stratégiques que Beijing souhaite développer. Voilà une autre façon de transformer les bâtiments olympiques en actifs opérationnels réutilisables et durables.
La zone olympique avec son Centre national de luge et de bobsleigh près du village olympique de Yanqing (Beijing).
L’eau est un élément central de ces jeux d’hiver,ce qui soulève des questions telles que la réutilisation de l’eau des précipitations (pluie et neige), la récupération de la neige et de la glace fondues, ou encore le recyclage et le traitement des eaux usées.
Le Centre national de ski alpin de Yanqing est perché à 2 200 m d’altitude. Une conduite souterraine de 7,5 km le relie à deux réservoirs des environs. L’eau est d’abord réacheminée vers deux installations de stockage à mi-hauteur de la montagne, puis pompée pour alimenter le système d’enneigement au sommet du mont Haituo, à 2 198 m d’altitude. Il existe également des dispositifs pour recueillir la neige fondue et l’eau de pluie en vue de les réutiliser.
Le domaine skiable Genting Resort Secret Garden à Zhangjiakou, ville co-organisatrice de Beijing 2022, ouvrira pour ces JO six pistes de ski,qui toutes ont été réhabilitées à partir d’anciennes pistes. Ce faisant, le volume de construction a pu être réduit d’au moins 15 %. Il faut dire que cette station de ski a engrangé une riche expérience dans le recyclage et la réutilisation de la neige fondue.« Nous modernisons actuellement les trois bassins de stockage existantes, d’une capacité cumulée atteignant 180 000 m3d’eau, et nous avons en outre construit une citerne souterraine de 100 000 m3.Ensemble, ces réserves fourniront l’eau nécessaire à la fabrication de la neige pour les épreuves de ski au cours de l’événement Beijing 2022 », a déclaré Shu Wen, vice-président de la société Genting Resort Secret Garden Tourism Development.
Sur les infrastructures olympiques de Yanqing et de Zhangjiakou, les eaux de surface, les eaux de pluie et la neige artificielle fondue seront soit« piégées » dans le sol, soit stockées et purifiées avant d’être réutilisées, ce qui permettra ainsi d’économiser les ressources et de préserver l’environnement. Les surfaces non bétonnées ont été recouvertes de gravier ou de végétation, dans l’objectif de favoriser l’infiltration de la pluie. Les eaux usées domestiques seront traitées, puis réutilisées pour la chasse d’eau des toilettes et l’irrigation.
Outre les compétitions captivantes, ce sont là autant de pratiques écologiques pionnières que le public, comme les athlètes, ne manqueront pas d’observer.