HU YUE, membre de la rédaction
La lutte contre le changement climatique est la responsabilité commune de toute l’humanité. Lors d’une interview qu’il a accordée àLa Chine au présent, Yves Dominique Reymond Vanegas, chef de la section économique,financière et commerciale à l’ambassade de Suisse en Chine, a hautement apprécié la coopération sinohelvétique dans ce domaine et s’est montré confiant quant aux perspectives de coopération.
Selon vous, quels sont les aspects les plus remarquables de la coopération Chine-Suisse en matière d’innovation?
Yves Dominique Reymond Vanegas : La Suisse est le premier pays à avoir signé un partenariat innovateur avec la Chine. Ce partenariat signifie que l’on traite de manière très avancée sur énormément de sujets. Cela ne concerne pas uniquement le hightech, mais tous les sujets. On peut parler de la finance durable, c’est un sujet, mais aussi d’environnement de manière plus générale ; on peut parler de travail et de formation professionnelle. Celle-ci peut être un bon exemple, qui ne relève pas du tout high-tech,mais qui est quelque chose d’absolument clé pour le développement des pays. Bien entendu, la question des données est très intéressante pour nous puisque c’est un domaine dans lequel la Chine possède aujourd’hui une grande quantité de données et c’est important de pouvoir échanger des données entre les deux pays pour que nos entreprises puissent être plus innovantes justement.
Yves Dominique Reymond vanegas
Quels sont les fruits de la coopération sinohelvétique sur le changement climatique?
Yves Dominique Reymond Vanegas : En Chine,nous coopérons dans le domaine de l’air pur depuis 2010, en conseillant la révision de la loi chinoise sur la prévention et le contrôle de la pollution atmosphérique, en soutenant l’élaboration de politiques dans les villes pilotes et en travaillant sur les technologies de réduction des émissions.
En novembre 2020, la Suisse et la Chine ont signé un protocole d’entente pour travailler sur des bâtiments à zéro émission. L’objectif global du projet est de partager l’expertise sur la manière de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de permettre le développement neutre en carbone du secteur de la construction en Chine.
C’est la beauté de notre planète bleue couverte d’océans qui est en jeu : nous devons travailler ensemble pour la protéger. Il ne s’agit pas seulement de coopération internationale : le secteur privé est aussi un acteur clé de cet effort. Il va sans dire que l’investissement dans la durabilité est une pierre angulaire de la sécurisation des investissements privés et publics.
Quel signal la Chine envoie-t-elle au monde à travers son objectif de neutralité carbone?Quels seront ses effets tant sur les relations internationales que sur le développement vert?
Site de construction de la centrale hydroélectrique de baihetan, à Kunming,le 30 mai 2021
Yves Dominique Reymond Vanegas : Le signal donné par la Chine est un bon signal. Le réchauffement climatique est un problème global sur lequel nous devons avancer tous ensemble, et la Chine est un partenaire absolument clé dans le changement climatique. Actuellement, la Chine dépend encore grandement du charbon et il est important de pouvoir aller au-delà et de trouver de nouvelles solutions, notamment en matière d’approvisionnement énergétique. Une coopération avec la Suisse peut permettre de développer le domaine des énergies renouvelables : nous travaillons notamment sur l’énergie hydroélectrique, qui est l’une des forces de la Suisse. Au-delà de ça, il y a énormément de sujets, par exemple la construction durable puisque ce secteur produit énormément de CO2. Je pense que la coopération entre les deux pays dans ce domaine peut avoir un impact important sur la planète. Donc le signal est bon, à présent, il s’agit de le mettre en œuvre et on est prêt à travailler ensemble.
La transition vers le développement vert en Chine signifie un grand changement de sa structure industrielle. Comment cela affecte-t-il le commerce avec la Suisse?
Stand d’Abb dans l’espace des équipements techniques de la 3e Exposition internationale d’importation de Chine à Shanghai, le 5 novembre 2020
Yves Dominique Reymond Vanegas : Je pense que l’effet sera favorable. La Suisse est un pays qui compte énormément d’entreprises à la pointe de la technologie, qui peuvent apporter de l’innovation,et justement, la Chine est en train d’avancer de ce côté-là. Dès lors, il y a un terreau qui permet plus d’échanges en matière de cleantech, de greentech.Mais je ne m’arrêterai pas là : derrière, c’est toute la question de la finance durable qui se pose. Il s’agit aujourd’hui de mener les fonds vers les entreprises qui investissent réellement dans le durable. De ce point de vue également, une discussion entre la Suisse, forte de son savoir en matière de finance et de finance durable, et la Chine ne peut être que bénéfique.
La Suisse partage de nombreux points communs avec le « Green Deal » de l’UE. Dans quelle mesure la coopération Chine-Suisse populariset-elle cet accord en Chine au niveau industriel et des services?
Yves Dominique Reymond Vanegas : Au niveau industriel, la question clé est celle des standards.Quand on veut faire du développement durable,que ce soit sur l’aspect financier ou sur l’aspect technique, il faut se mettre d’accord sur la manière dont on mesure les choses, sur la manière dont on met en œuvre et dont on développe des processus industriels ou bien de financement. Et de ce côtélà, il est absolument essentiel que la Chine ait des discussions, un rapprochement avec l’UE, avec les États-Unis également, et qu’elle évite l’isolement.Évidemment, la Suisse, qui abrite aujourd’hui des organismes de standardisation, peut apporter quelque chose, peut justement favoriser cette convergence qui est absolument nécessaire pour un meilleur développement.