Le marché chinois, nouveau débouché pour les produits agricoles des PECO

2020-11-04 13:46YUYANG
今日中国·法文版 2020年11期

YU YANG*

Yaourt bulgare, huile d’olive grecque, lait polonais, bière tchèque ou encore Tokay hongrois : les produits agricoles des pays de l’Europe centrale et orientale (PECO) affluent de plus en plus dans les foyers chinois. Ils constituent à la fois une riche variété d’aliments et une fenêtre ouverte sur les coutumes de ces pays. En raison des conditions naturelles et de facteurs historiques, les PECO sont fortement dépendants du développement agricole. Le commerce des produits agricoles occupe une place importante dans la coopération entre la Chine et les PECO. L’agriculture est aussi l’un des domaines prioritaires de cette coopération.

Depuis le début de l’année, la production agricole et les circuits du commerce extérieur des pays de l’Europe centrale et orientale sont affectés à des degrés divers par l’épidémie de COVID-19 et de grandes pertes ont été enregistrées. Mais au fur et à mesure que la Chine a obtenu des résultats remarquables dans la lutte contre l’épidémie, l’économie chinoise s’est améliorée, ce qui a contribué à la reprise du commerce des produits agricoles des PECO. Le marché chinois est ainsi devenu un nouveau débouché pour l’exportation de ces produits.

La hausse des exportations vers la Chine malgré des difficultés

Łowicz, l’un des principaux sites de production laitière en Pologne, se situe à moins de 100 km de Łódź, terminus d’une ligne de fret ferroviaire Chine-Europe (qui relie Łódź à la ville de Chengdu au Sichuan). De là, plus de 600 conteneurs de produits laitiers,dont la valeur totale se chiffre à plus de 10 millions d’euros, sont expédiés et vendus en Chine chaque année. Grâce à la croissance du marché chinois,les exportations des produits laitiers polonais vers la Chine ont connu une hausse spectaculaire.

À cause de l’épidémie de COVID-19,la demande de produits laitiers en Europe a beaucoup diminué. De nombreux producteurs ont été obligés de réduire la taille de leur élevage pour limiter leurs pertes. Szymon Musk, le directeur des ventes de la coopérative laitière de Łowicz, a déclaré « qu’en raison de l’épidémie, les coûts de stockage et de transport des produits laitiers ont augmenté d’environ 20 %.De nombreux grands éleveurs de bétail sont au bord de la faillite. Sans le marché chinois, nos pertes seraient plus grandes. »

Au premier semestre 2020, les exportations polonaises de lait et de crème vers la Chine ont augmenté de 25 % et celles de poudre de lactosérum ont été multipliées par 2,6, ce qui s’est traduit par une hausse malgré de nombreux défis. « Les produits laitiers polonais sont beaucoup appréciés en raison de leur bonne qualité et de leur goût unique. Face aux défis posés par l’épidémie et la montée du protectionnisme commercial, la Chine est devenue un débouché important pour les exportations polonaises et cette tendance devrait se poursuivre », a expliqué Agnieszka Maliszewska, le président de la chambre polonaise de l’industrie du lait.

L’augmentation du commerce sinopolonais des produits laitiers au cours de l’épidémie est due aux trains de fret Chine-Europe. Les équipements de transport de la chaîne du froid des trains de fret sont favorables au transport des produits d’élevage, des fruits et légumes ainsi que des produits laitiers. Par rapport aux transports aérien et maritime, le train présente des avantages en matière de fret et de temps, ce qui constitue un point essentiel pour assurer le commerce des produits agricoles entre la Chine et les PECO. En août 2020, le nombre de trains de fret et celui de conteneurs expédiés ont atteint un record historique et augmenté respectivement de 62 % et 66 % par rapport à l’année dernière.

« En 2019, le montant total du commerce entre la Chine et les pays de l’Europe centrale et orientale a dépassé 1,4 milliard de dollars américains. Ce chiffre est très important pour nous »,a commenté M. Traczyk, le président de la chambre de commerce de Varsovie.« À cause de l’épidémie, l’agriculture et l’élevage, dont les chaînes industrielles sont relativement fragiles, sont gravement touchés. Dans cette situation, le marché chinois s’avère très important.Il est nécessaire de profiter des avantages des trains de fret sino-européens et d’explorer activement les nouvelles possibilités de coopération en termes de commerce de produits agricoles entre la Chine et les PECO. »

Des exposants roumains présentent leurs produits à Ningbo (Zhejiang) le 8 juin 2019.

L’entrée sur le marché chinois grâce aux plateformes en ligne

Le 17 septembre, la Foire virtuelle des produits agricoles de spécialité Chine-PECO a été inaugurée à Weifang(Shandong). Une centaine d’entreprises des PECO ont pris part à la foire,tandis que les agents diplomatiques d’une dizaine de pays ont participé au streaming et que plus de 6,5 millions de personnes ont visité la foire en ligne.2020 est « l’année de la coopération multiforme de l’agriculture Chine-PECO ». Du fait de l’épidémie, certains programmes de coopération agricole ont dû être retardés et quelques foires ont été annulées, alors que la coopération commerciale en ligne n’a cessé de se développer, tout en favorisant le développement du commerce bilatéral.Au premier semestre de cette année, le montant du commerce des produits agricoles entre la Chine et les PECO a atteint 730 millions de dollars américains, soit une augmentation de 8,2 %par rapport à l’année dernière.

Selon les médias bulgares, l’industrie vitivinicole du pays a été confrontée à des difficultés en raison de l’épidémie,avec une baisse de la consommation et de l’exportation des vins. Mais ce qui est encourageant, c’est que la vente de vin en ligne a connu une reprise durant ces trois derniers mois : un grand nombre de magasins de vin ont émergé sur Internet et les commandes en provenance de Chine ont particulièrement augmenté.

Le commerce en ligne de produits agricoles entre la Chine et les PECO n’aurait pu se développer sans les plateformes mises en place ces dernières années. En novembre 2018, le centre logistique et le centre d’exposition des produits agricoles et divers du groupe dit « 16+1 » (soit les seize PECO et la Chine) ont été officiellement inaugurés dans le port de Yantian de la ville de Shenzhen, dont le commerce transfrontalier des produits agricoles est fondé sur le B2B. En février 2019, le premier centre d’exposition de commerce en ligne Chine-PECO a été ouvert à Plovdiv, la deuxième plus grande ville de Bulgarie ; en avril 2019, le pavillon national de la Hongrie a été ouvert en ligne sur le géant du commerce en ligne JD.com et a attiré un grand nombre de consommateurs.

L’édition 2020 de la Foire de l’investissement et du commerce Chine-PECO, qui se tient à Ningbo (ville de la province du Zhejiang) au mois de juin chaque année, a été organisée en ligne.Grâce à des activités telles que la réunion commerciale et la promotion des produits en streaming, les entreprises des pays de l’Europe centrale et orientale ont pu renforcer leur présence sur le marché chinois. À la mi-juin, la conférence d’échange d’informations sur la reprise du travail et de la production entre des PME de la Chine et des PECO a eu lieu. 157 entreprises chinoises et 135 entreprises et agences gouvernementales des PECO ont discuté de la coopération à l’« ère post-COVID-19 » en ligne et signé près de 70 accords ou contrats concernant un grand nombre de domaines, tels que la fabrication industrielle, le commerce et l’investissement, l’agriculture, le tourisme, les échanges culturels et les soins de santé.

Vasil Gelev, président de l’Association pour la promotion de la coopération agricole Chine-PECO, a déclaré que la plateforme de commerce en ligne lancée par le gouvernement avait rassemblé les associations des produits alimentaires et celles des produits agricoles. Il a également expliqué que« la plateforme de commerce en ligne permet aux agriculteurs dispersés des PECO d’avoir une voie rapide pour entrer dans le marché chinois et de promouvoir leur marque » et que« la coopération agricole entre la Chine et les PECO montre un fort potentiel et une grande complémentarité.Les produits alimentaires des PECO respectent les normes de l’UE mais ont un prix abordable, donc nous sommes convaincus que les produits “fabriqués en Europe centrale et orientale” ont un avenir prometteur. »

Le stand des vins tchèques lors de la 1ère CIIE le 8 novembre 2018

Des progrès communs en coopérant dans la technologie agricole

Ces dernières années, la Chine et les PECO ont fait de grands progrès en matière de coopération dans les domaines de l’agriculture, des investissements et de la recherche scientifique.La première zone de démonstration de la coopération agricole Chine-PECO a été installée en Bulgarie ; la recherche agricole, les machines agricoles,la culture, l’élevage et la chaîne industrielle de transformation sont les domaines de coopération prioritaires.Le premier parc scientifique et technologique agricole Chine-Roumanie a été mis en place en Roumanie.

« La coopération agricole entre la Chine et les PECO est mutuellement bénéfique, de type gagnant-gagnant et complémentaire. Les PECO ont une longue tradition agricole, que ce soit en matière de gestion fine et de technique agricole, qui présente des caractéristiques uniques. Les techniques de la transformation des fruits de la Pologne, la technologie agricole de la Roumanie et le niveau d’élevage de la Hongrie figurent aux premiers rangs de l’UE depuis longtemps. La coopération en matière de technologie agricole favorise l’amélioration de la capacité de production de nos deux parties », a expliqué Vasil Gelev.

Dans le laboratoire sino-roumain du jujube, qui se situe à l’Université des sciences agronomiques et de médecine vétérinaire de Bucarest, se trouve un jujubier provenant du Shaanxi. Depuis que l’arbre a été planté en 1996,les experts agricoles roumains lui ont greffé une dizaine de nouvelles variétés. Florin Stanica, la vice-présidente de l’Université, est la personne qui a importé cet arbre. Elle a déclaré que la coopération agricole a toujours été le témoignage de l’amitié sino-roumaine.« Pour la production agricole des PECO, c’est incontestable que les capitaux et le marché chinois joueront un rôle de plus en plus important dans le futur », a-t-elle également affirmé.