GAO YUANYUAN*
La coopération économique et commerciale sino-française présente des avantages uniques. Les deux pays ont une forte complémentarité dans l’économie et promeuvent conjointement la coopération dans de nombreux grands projets, mais aussi dans la lutte contre le COVID-19.
Le 23 juin 2020, le premier train chinois du matériel antiépidémique à destination de la France arrive à Paris.
Malgré la pandémie de COVID-19, la communication et les échanges amicaux entre la Chine et l’Europe comme entre la Chine et la France n’ont pas cessé. Les présidents chinois et français se sont appelés quatre fois ; à l’occasion du 45eanniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et l’UE, une vidéoconférence des principaux dirigeants chinois et européens a permis d’approfondir la coopération économique et commerciale ; le 7eDialogue financier de haut niveau sino-français a été fructueux. Les deux parties ont réaffirmé leur ferme détermination d’élargir l’ouverture mutuelle du commerce et des investissements, de maintenir un environnement de marché équitable et non discriminatoire, et de défendre conjointement le multilatéralisme et une économie mondiale ouverte.
Au début de cette année, le Règlement d’application de la Loi sur les investissements étrangers de Chine est entré en vigueur, la liste négative a été de nouveau réduite, les droits de propriété intellectuelle ont été efficacement protégés et l’environnement des affaires continue de s’améliorer.La signature de l’Accord sur les indications géographiques Chine-UE permet aussi une meilleure pénétration des produits chinois et européens.
Si la coopération économique et commerciale sino-européenne et sino-française fait face à certaines difficultés, il existe des signaux positifs. Le volume total des échanges entre la Chine et l’UE a augmenté à contre-courant de la tendance. De janvier à juillet, ils ont atteint 328,7 milliards d’euros (+ 2,6 %). Pour la première fois, la Chine a dépassé les États-Unis pour devenir le premier grand partenaire commercial de l’UE. Les exportations françaises de cosmétiques, de céréales et de viande notamment ont considérablement augmenté. Plus de 90 entreprises françaises se sont inscrites pour participer à la 3eCIIE dans l’agriculture et l’agroalimentaire, le commerce des services,l’automobile, les biens d’équipement, les biens de consommation, le matériel médical, ainsi que la médecine et la santé. Schneider, Sanofi, Michelin,L’Oréal, Kering, Saint-Gobain, Danone et Lesaffre seront sur place. La coopération dans le commerce en ligne transfrontalier prospère. Tmall Global,JD.com et Suning ont renforcé leur coopération avec la France. AliExpress est entré dans le top 15 des flux en ligne en France. Le plus grand porteconteneurs au gaz naturel liquéfié commandé par le français CMA/CGM et construit par China State Shipbuilding à Shanghai a été mis en service. Les deux tunneliers développés par China Railway Engineering Equipment ont été expédiés en France par Cosco Shipping.
Le 13 octobre 2020, la 103e Foire nationale de l’alimentation et des boissons s’est ouverte à Jinan (Shandong). La représentante du Mas de Daumas Gassac (France) présente ses produits qui incorporent le concept chinois d’unité entre le ciel, la terre et l’homme.
Les entreprises françaises en Chine ont repris leur activité et plus d’un millier d’employés sont venus en Chine via le « canal rapide ». Les grands projets chinois et français dans l’énergie nucléaire,l’aviation et l’aérospatiale progressent. Les deux centrales nucléaires EPR de 4egénération sont achevées et continueront d’approfondir la coopération dans le nucléaire civil ; les clients chinois et les projets de coopération de Dassault Systèmes augmentent ; Danone a annoncé 100 millions d’euros d’investissements supplémentaires en Chine ; Air Liquide va investir 60 millions d’euros pour une unité de séparation d’air à Tianjin afin de soutenir le développement des secteurs de la chimie et de la sidérurgie ; Total Eren a créé une joint-venture à Shanghai pour fournir des services d’énergie renouvelable ; Schneider a augmenté son capital de 100 millions de yuans pour construire à Beijing un parc sino-français de démonstration de fabrication intelligente. Devant la situation difficile des entreprises à capitaux chinois en France, et en réponse à l’appel des dirigeants chinois et européens de créer un partenariat vert sino-européen, la succursale de la Banque de Chine à Paris a émis 500 millions de dollars américains d’ « obligations bleues » ; SAIC et Yutong vont ouvrir des points de vente ; BYD et Fosun ont été désignées par le gouvernement français comme les principaux fournisseurs du système de santé ; Cosco Shipping coopère avec la SNCF pour coordonner le lancement d’un train spécial de matériel antiépidémique pour une valeur de 10 millions d’euros.
La plupart des entreprises françaises restent optimistes quant aux perspectives de développement économique de la Chine et sont toujours déterminées à s’implanter sur ce marché. Les entreprises chinoises sont également enclines à exploiter le potentiel du marché français.
Le plus grand porte-conteneurs alimenté au gaz naturel liquide au monde, commandé par CMA CGM de France et construit dans les chantiers de Shanghai par China Shipbuilding Corporation, est officiellement mis en service.
Le monde d’aujourd’hui connaît des changements majeurs inédits depuis un siècle, mais la paix et le développement sont toujours les thèmes majeurs ; la mondialisation économique, la tendance mondiale ; la division du travail et la coopération gagnant-gagnant, une tendance à long terme. Plusieurs opportunités sont à saisir.
La première, c’est la reprise de l’activité en Chine. Tout en continuant à faire progresser des projets dans le nucléaire, l’aviation, l’aérospatiale et la fabrication de pointe, il faut profiter des nouveaux arrangements institutionnels pour aider les entrepreneurs des deux pays à communiquer et à stabiliser les chaînes industrielles et d’approvisionnement. La CIIE, la Foire de Canton, la CIFTIS et la Foire des biens de consommation de Hainan pourront aider les entreprises françaises à accroître leurs exportations de produits agricoles, pharmaceutiques et médicaux, ainsi que leurs technologies et équipements de pointe.
La deuxième concerne les opportunités d’innovation et de développement de la Chine. En tirant parti du nouveau modèle de « double cycle », du Port de libre-échange de Hainan, de la promotion des « nouvelles infrastructures » et du plan de revitalisation économique français, il faut coopérer dans les réseaux 5G, la santé, la protection de l’environnement, les villes intelligentes, les véhicules électriques, l’agriculture biologique et l’alimentation.
La troisième concerne « la Ceinture et la Route ».Il faut relier le plan d’investissement européen et la stratégie d’interconnexion eurasienne, et exploiter le train de fret Chine-Europe, encourager les entreprises à développer le commerce en ligne transfrontalier et les entrepôts à l’étranger, et promouvoir davantage la fluidité des échanges de biens et de services. Dans le cadre du mécanisme de coopération sino-français en pays tiers, il est possible d’entreprendre conjointement des projets dans des pays tiers, notamment dans la lutte contre l’épidémie et l’interconnexion Chine-France-Afrique.
La quatrième relève de la coopération stratégique Chine-UE. Il faut faire aboutir cette année l’Accord d’investissement Chine-UE, lancer rapidement le processus de libre-échange et réaliser l’Agenda Chine-UE 2020-2025 en se focalisant sur le consensus relatif au développement vert, au changement climatique, à l’économie numérique et à la biodiversité. Il faut développer la nouvelle génération de technologie, de services et de commerce dans les énergies propres, l’informatique en nuage, l’Internet des objets, l’intelligence artificielle et la blockchain.