Des pratiques nouvelles ancrées dans de vieux idéaux

2020-11-04 13:46BILLBROWN
今日中国·法文版 2020年11期

BILL BROWN*

Le troisième tome de Xi Jinping :La gouvernance de la Chine,est une œuvre méthodique et exhaustive sur la gouvernance. Elle se compose d’un florilège de 92 discours et textes de Xi Jinping recueillis entre le 18 octobre 2017 et le 13 janvier 2020, le tout agrémenté de 41 photographies. Cet ouvrage a été chaleureusement accueilli par tous ceux qui espèrent comprendre les mécanismes par lesquels la Chine a non seulement combattu la pauvreté, mais aussi lutté contre d’autres menaces,telles que la pandémie de COVID-19,la désertification et l’urbanisation galopante.

Yang Tao, jeune responsable du bureau de poste du mont Qomolangma, le plus élevé au monde, pose à Shigatsé (Tibet).

Mais à la parution du premier volume en 2014, la confiance du pays n’était pas aussi prononcée, car même si la Chine était alors la deuxième économie sur la scène internationale,son PIB par habitant n’arrivait qu’à la 80eplace du classement mondial,signe que son développement n’était pas bien équilibré, ni suffisamment solide pour garantir globalement à ses habitants une vie aisée.

En outre, à l’époque, la Chine comptait encore environ 70 millions d’habitants aux prises avec la pauvreté,soit plus que la population nationale dans les quelque 192 pays que compte notre planète (hormis 19 d’entre eux).Mais le président Xi avait simplement commenté que la route serait longue et difficile. En novembre 2013, il avait confié aux habitants de Shibadong, un village isolé établi dans le département autonome tujia et miao de Xiangxi(province du Hunan), qu’il croyait possible de mettre fin à la pauvreté absolue en Chine d’ici 2020 grâce à une réduction ciblée de la pauvreté,renforçant encore la confiance de toute la nation dans cette cause.

En 2017, lorsque le deuxième volume a été publié, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a indiqué que la réduction ciblée de la pauvreté mise en œuvre par la Chine était le seul moyen au monde d’aider véritablement les pauvres et ainsi d’atteindre les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le troisième volume est convaincant et fait autorité, plus encore que ses prédécesseurs, notamment parce que sa sortie tombe à l’heure où la Chine s’apprête à gagner la bataille engagée contre la pauvreté absolue et parvient progressivement à maîtriser le COVID-19. C’est bel et bien la preuve qu’une gouvernance efficace est la clé pour remédier précisément aux problèmes auxquels fait face une nation,voire le monde entier.

Ce qui rend ce livre unique, c’est le judicieux mariage entre vision et pragmatisme que crée l’auteur. Xi Jinping écrit en faisant appel à son cerveau,mais aussi à son cœur : il prône le rêve chinois, mais sa vision se fonde toujours sur une solide théorie économique et politique mise en œuvre pendant des décennies de leadership pragmatique et honorable.

Xi Jinping a commencé à élaborer sa théorie de la gouvernance en 1988,lorsqu’à 35 ans, il a été muté de Xiamen(ma ville d’adoption) à Ningde, soit la ville-préfecture du Fujian la moins développée en ce temps-là. Cet endroit était si pauvre que dans certaines familles, l’un des conjoints restait à la maison, tandis que l’autre travaillait à l’extérieur, parce qu’ils n’avaient pour eux deux qu’une seule tenue adaptée au travail. La première initiative du jeune Xi Jinping s’est résumée à visiter chaque village et discuter avec les agriculteurs de leurs problèmes uniques pour leur suggérer des solutions, en les aidant souvent au passage à biner leurs champs. M. Xi a également mis l’accent sur le développement durable,recherchant l’équilibre entre croissance et protection environnementale.En novembre 1994, il a fait savoir aux dirigeants du Fujian : « Un véritable trésor (en parlant de l’environnement)ne doit jamais être échangé contre de faux trésors qui peuvent nuire à l’environnement. » Aujourd’hui, Ningde,autrefois l’un des lieux les plus pauvres de Chine, est à la fois prospère et écologique, se classant même au deuxième rang de l’Indice 2016 des villes intégrées de Chine dans le domaine de l’environnement.

Le 22 mai 2020, des villageois de Shibadong (Hunan), où l’initiative de réduction ciblée de la pauvreté a été lancée, assistent à la cérémonie d’ouverture de la 3e session de la XIIIe Assemblée populaire nationale.

Les perspectives globales de Xi Jinping sur la gouvernance étaient si pragmatiques que nombre de ses idées ont été adoptées à l’échelle nationale bien avant que quiconque ne soupçonne que ce dirigeant discret et sans prétention serait désigné personne la plus puissante et la plus influente au monde par Forbes en 2018. Et j’ai observé la croissance de Xi Jinping en tant que dirigeant depuis mon installation à Xiamen en 1988. Je l’ai même rencontré en personne en quelques occasions, alors qu’il occupait le poste de gouverneur du Fujian. Pourtant,même moi, j’étais sceptique quant à sa capacité à éliminer la pauvreté absolue d’ici 2020, cet objectif qu’il s’était fixé. En 1994, j’avais parcouru plus de 40 000 kilomètres à travers la Chine pour explorer les régions éloignées et découvrir leur niveau de développement, et je ne connaissais que trop bien les défis. Donc, afin d’évaluer si l’objectif de 2020 du président Xi était réalisable, en 2019, j’ai parcouru 20 000 kilomètres à travers la Chine avec des collègues de la faculté de gestion de l’Université de Xiamen. Et je dois dire que nous avons été étonnés de la transformation.

Le 13 octobre 2020, des participants étrangers au Symposium théorique international sur l’élimination de la pauvreté et la responsabilité des partis politiques à Ningde (Fujian) visitent l’exposition sur Chixi, le premier village chinois pour la réduction de la pauvreté.

« Les routes d’abord, puis les richesses », ont longtemps préconisé les Chinois. De nos jours, des villages jadis désespérément isolés prospèrent à présent grâce aux réseaux nationaux de TGV et d’autoroutes, qui sont les plus étendus du monde. Ces villages abritent des écoles, des centres de soins médicaux et des nouveaux logements subventionnés par le gouvernement.En plus, beaucoup de ces constructions présentent des éléments architecturaux uniques faisant ressortir le patrimoine historique ou ethnique local. Un atout que l’on doit à Xi Jinping, qui avait insisté sur la nécessité de préserver et de mettre en valeur le patrimoine local.Et j’ai été étonné de voir des camions de livraison express, jusque dans les vallées tibétaines reculées, transporter des spécialités locales que des Tibétains entreprenants avaient vendues en ligne de par leurs florissantes activités commerciales en ligne.

J’ai été assez impressionné en découvrant sur des photos que Xi Jinping était passé dans nombre d’endroits reculés que nous avons visités. Trois décennies plus tôt, il s’était rendu dans chaque village de Ningde pour constater par lui-même les besoins sur place ;puis, après avoir pris ses fonctions de président, il a encore visité des villes,bourgs et villages à travers la Chine pour inspecter des projets environnementaux, des établissements de santé et d’enseignement, des nouvelles usines,ou tout simplement pour demander aux agriculteurs de faire part de leurs points de vue, en toute franchise. Un agriculteur du Yunnan m’a confié : « Nous étions comme des grenouilles dans un puits,mais ce n’est plus le cas maintenant.À présent, le président Xi connaît nos besoins et prend soin de nous. »

La plus grande contribution de Xi Jinping à la gouvernance de la Chine,c’est son acharnement à repenser les théories et renouveler les pratiques en permanence, afin de répondre à l’évolution des besoins nationaux et mondiaux. Comme l’a affirmé un poète chinois de l’antiquité : « La prose et la poésie sont composées pour refléter l’époque et la réalité. » « Nous devons suivre le courant de l’époque », a déclaré le président Xi le 4 mars 2019,lors d’une table ronde conjointe rassemblant des membres du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC)issus des cercles littéraires, artistiques et des sciences sociales, au moment de la deuxième session du 13eComité national de la CCPPC.

Aux yeux de M. Xi, l’une des plus grandes menaces auxquelles fait face le monde d’aujourd’hui se traduit par la montée de l’isolationnisme et du protectionnisme, ce qui explique le fait que ce troisième tome mette l’accent sur une « communauté de destin pour l’humanité ». Le 1erdécembre 2017,dans le discours qu’il a prononcé lors d’un dialogue de haut niveau entre le Parti communiste chinois (PCC) et des partis politiques du monde, le président Xi a souligné : « Comme l’expression l’indique, une “communauté de destin pour l’humanité” signifie que l’avenir de chaque nation et pays est imbriqué. Nous sommes tous dans le même bateau et nous devons rester unis, en partageant ensemble joies et peines. Il nous faut œuvrer pour faire de notre planète une seule et même famille harmonieuse et pour faire que cette aspiration du peuple à accéder à une vie meilleure devienne réalité. »

Xi Jinping : La gouvernance de la Chine (III) renferme les orientations éprouvées que même les personnes autrefois sceptiques reconnaissent à présent. Si nous tenons compte de ces leçons et marchons dans la même direction, peut-être que d’autres nations pourront aussi réaliser leur rêve respectif dans un monde de prospérité modérée, mais pacifique et durable.