WU JUN et ZHANG PENGHUI*
Dès le début, les échanges économiques et commerciaux Chine-UE ont résisté à l'impact de l'épidémie de COVID-19 et fait preuve d'une forte résilience, les domaines de coopération s'élargissant. Des personnalités de tous horizons en Chine et en Europe ont déclaré que cette vitalité était un signal positif pour les deux parties et pour l'économie mondiale. La construction conjointe de l'initiative « la Ceinture et la Route » offre de nouvelles opportunités pour le développement économique de la Chine et de l'Europe, leurs économies jouant un rôle de « double moteur » au niveau mondial pour stimuler la reprise et la croissance économique.
Le Port du Pirée a publié récemment des données montrant qu'au premier trimestre 2020, le volume d'activité a atteint 1,37 million d'EVP, soit plus que la même période de l'an dernier. « Malgré le double impact de l'épidémie et du Brexit, le volume d'activité portuaire au premier semestre dépassait encore 25 millions de tonnes, soit une hausse de plus de 14 %. Cela était principalement dû au commerce de marchandises entre l'Europe et la Chine et l'Extrême-Orient », a déclaré Pepijn De Vreese, directeur du commerce international au Port de Zeebrugge.
Après avoir renforcé ses liens avec la Chine, le port a enregistré l'an dernier un volume d'activité de 5,65 millions d'EVP, dépassant le port espagnol de Valence pour devenir le premier en Méditerranée et le quatrième en Europe.
Un succès durement acquis. Selon M. De Vreese, l'épidémie avait amené de nombreux secteurs à suspendre le travail et la production à divers degrés, et certains transporteurs maritimes avaient annulé leurs projets, affectant fortement leurs activités. « Le commerce avec la Chine est devenu la clé de la croissance de notre entreprise. Cosco Shipping a joué un rôle important dans le bon déroulement du processus logistique. Avec l'atténuation de l'épidémie et la reprise rapide du volume des échanges, nous sommes confiants dans les performances de cette année. »
Comme le Port de Zeebrugge, le volume d'affaires chinois de nombreux ports européens continue d'augmenter. Mathias Schulz, responsable du marché asiatique au Port de Hambourg, a souligné que sur les 9,3 millions d'EVP l'année dernière, 2,6 millions provenaient du commerce avec la Chine. En outre, plus de 100 000 EVP ont été transportés par les trains de fret Chine-Europe l'an dernier.
Zhang Min, chercheur à l'Institut d'études européennes de l'Académie chinoise des Sciences sociales, estime que la raison pour laquelle le commerce Chine-UE peut maintenir sa vitalité durant l'épidémie est principalement due aux relations économiques et commerciales de plus en plus étroites et en approfondissement continu entre la Chine et l'Europe. Bien que l'épidémie ait eu un impact sur différents secteurs, la Chine et l'UE se sont efforcées de surmonter ses effets néfastes, de maintenir l'ordre social et économique et de toujours s'en tenir à une politique d'ouverture pour stabiliser des échanges bilatéraux normaux.
La stabilité de la coopération économique et commerciale UEChine est essentielle à la sécurité des chaînes d'approvisionnement et industrielles mondiales.
En avril 2020, le train de fret Chine-Europe au départ de Jinan est arrivé à Hambourg, apportant du matériel antiépidémique et des composants d'éoliennes indispensables en Allemagne et dans d'autres pays européens. Cette liaison ferroviaire est ainsi devenue plus importante pour garantir la chaîne d'approvisionnement en Chine et en Europe, ainsi que dans les pays et régions traversés.
Le Port de Hambourg a non seulement poursuivi ses activités normales avec Zhengzhou et d'autres villes chinoises, mais a également développé le transport combiné terre-mer avec le train de fret Chine-Europe. À l'heure actuelle, le Port de Hambourg est la plus grande plaque tournante pour les trains de fret Chine-Europe en Allemagne, rayonnant vers d'autres pays européens. Il constitue une partie importante de la chaîne d'approvisionnement du transport international. « Au cours de la période de prévention et de contrôle de l'épidémie, l'importance du train de fret Chine-Europe a encore été mise en valeur », selon M. Schulz, qui a déclaré que son volume d'activité avait considérablement augmenté, jouant un rôle clé pour assurer l'acheminement du matériel antiépidémique notamment, et devenant un mode de transport hautement efficace et sûr entre l'Europe et la Chine.
En raison de l'épidémie, les transports aériens et maritimes ont été affectés par différentes interdictions, suspensions et réductions dans leurs activités. Le train de fret Chine-Europe a développé de nouvelles activités, réalisé une croissance à contre-courant de la tendance et établi continuellement de nouveaux records depuis ses opérations. Selon les données du groupe China National Railway au cours du premier semestre, 5 122 trains de fret Chine-Europe ont été affrétés au total, soit une augmentation de 36 % en glissement annuel. En juin, 1 169 trains ont été affrétés, un niveau record. Au premier semestre, le volume total de marchandises expédiées a atteint 461 000 EVP, soit une augmentation de 41 % en glissement annuel.
Xavier Wanderpepen, directeur du fret ferroviaire Chine-Europe du groupe SNCF-Forwardis, estime que grâce aux remises à niveau des outils de communication et des applications de paiement numérique concernant le train de fret Chine-Europe, les échanges économiques et commerciaux entre les entreprises européennes et chinoises sont devenus plus pratiques et la coopération UE-Chine s'est resserrée. « Le train de fret Chine-Europe fournit non seulement de nouveaux canaux de transport pour les fournisseurs en Europe et en Chine et le long du trajet, mais crée également une nouvelle plateforme pour la coopération UEChine. »
« L'Europe et la Chine, deux grandes économies mondiales, représentent environ un tiers du volume économique mondial total. La stabilité de la coopération économique et commerciale UE-Chine est essentielle à la sécurité des chaînes d'approvisionnement et industrielles mondiales », a souligné Richard Kozul-Wright, directeur de la Division de la mondialisation et des stratégies de développement de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement.
En juillet de cette année, la société pharmaceutique allemande Boehringer Ingelheim a lancé le Centre de coopération pour l'innovation à Shanghai et annoncé qu'elle augmenterait ses investissements en Chine de 450 millions d'euros au cours des cinq prochaines années. Dès le mois de mars, le Laboratoire d'innovation numérique de Boehringer Ingelheim a décidé de créer sa première succursale à l'étranger à Shanghai, avec un investissement initial de 3 millions d'euros, et de travailler avec des talents locaux en Chine pour accélérer le rythme de la recherche sur des traitements révolutionnaires pour les maladies graves. « La Chine est l'un des marchés les plus importants de Boehringer Ingelheim dans le monde et le centre de l'innovation numérique mondiale en matière de santé. Nous continuerons d'investir et d'explorer en profondeur le marché chinois », a déclaré Gao Qifei, président et PDG de Boehringer Ingelheim-Chine.
Le 1er juillet 2020, dans la ligue de Xilin Gol (Mongolie intérieure), un train de fret Chine-Europe entre sur le territoire chinois par le port frontalier d'Erenhot.
L'investissement de Boehringer Ingelheim en Chine, axé sur le développement à long terme, est un modèle en miniature des entreprises européennes investissant en Chine. Dans le même temps, davantage d'entreprises chinoises ont démarré leurs activités en Europe. En 2015, la société China General Nuclear Europe Energy a officiellement acquis le parc éolien de Charmont-sous-Barbuise dans l'Aube en France. La société gère actuellement 16 projets dans de nombreux pays européens, approfondissant non seulement la coopération énergétique sino-européenne, mais permettant également des réalisations tangibles pour aider à la « transition verte » de l'Europe.
Claudia Vernotti, responsable de l'Association numérique belge Chine-Europe, a constaté que l'économie chinoise avait enregistré une croissance positive au deuxième trimestre. Le sommet de l'UE est parvenu à un accord sur un fonds de relance de 750 milliards d'euros. « Ce sont de très bonnes nouvelles. La coopération UEChine a insufflé de la confiance dans la croissance économique mondiale. »
« L'épidémie menace toujours la santé publique mondiale et la stabilité économique. Une coopération renforcée entre l'Europe et la Chine contribuera à la reprise de l'économie mondiale. La réduction des risques géopolitiques par rapport à leur impact négatif sur l'économie mondiale oblige de toute urgence l'UE et la Chine à approfondir leur coopération globale », a expliqué Alicia García Herrero, chercheuse principale au Bruegel Institute, un groupe de réflexion de l'UE.
M. Kozul-Wright estime que le renforcement des relations économiques et commerciales UE-Chine enverra à la communauté internationale des signaux positifs importants, ce qui est d'une grande importance pour l'économie mondiale actuellement confrontée à un déficit de confiance, une incertitude accrue et une faible reprise, car « la coopération étroite sino-européenne profite aux deux parties et même au monde ».