CUI HONGJIAN*
Le conseiller d'État et ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi s'est rendu dans cinq pays européens du 25 août au 1erseptembre. Il s'agissait de la première visite d'un ministre chinois des Affaires étrangères depuis le début de la pandémie de COVID-19, lançant un signal positif quant à la solidité des relations Chine-Europe, à la reprise normale de la coopération bilatérale et au maintien du multilatéralisme.
Le Port du Pirée en Grèce le 16 janvier 2019
Le COVID-19 a non seulement affecté l'économie mondiale et le contexte géopolitique, mais aussi la confiance politique mutuelle et la coopération économique et commerciale entre la Chine et l'Europe. Les deux parties ont eu de fréquents contacts en ligne, et la France et l'Allemagne ont été les principaux protagonistes de la « diplomatie téléphonique » du président Xi Jinping. La Chine et l'Europe ont également organisé avec succès la 23eréunion des dirigeants via visioconférence. Cette visite a non seulement reflété la sincérité de la Chine dans l'importance qu'elle attache aux relations Chine-Europe, mais a également été d'une grande importance pour stabiliser la confiance politique mutuelle et éliminer les préjugés et les malentendus. Les cinq pays européens choisis - l'Italie, les Pays-Bas, la France, l'Allemagne et la Norvège - étaient représentatifs en termes de coopération avec la Chine, notamment dans la lutte contre l'épidémie.
Un autre objectif important de cette visite a été de renforcer la coopération économique et commerciale Chine-Europe et garantir la stabilité des chaînes industrielle et d'approvisionnement, des tâches à long terme visant à consolider les fondements des relations. L'épidémie a eu des effets négatifs sur le commerce, les investissements et la coopération industrielle entre les deux parties. Elle a non seulement restreint la croissance des échanges et affaibli la confiance des investisseurs, mais également suscité des inquiétudes en Europe où l'on a parlé de « restructuration de la chaîne industrielle » et de « diversification de la chaîne d'approvisionnement », notamment en raison de la pénurie de fournitures médicales. La Chine et l'Europe doivent non seulement renforcer la coopération dans la chaîne d'approvisionnement médicale, mais également négocier des accords bilatéraux d'investissement et ouvrir de nouvelles opportunités pour les secteurs émergents, notamment le vert et le numérique. Le temps presse et les tâches sont lourdes : Wang Yi a ainsi eu des échanges de vues sur ces sujets pour approfondir le consensus avec les pays européens. Tant que la Chine et l'Europe coopèreront sincèrement, les intérêts communs peuvent avoir une assise plus large et les relations peuvent résister aux impacts de l'épidémie et aux changements accélérés de la situation internationale.
En raison de l'épidémie, le temps presse et la difficulté s'est accrue, mais le rythme de la coopération ne peut pas s'arrêter.
L'année 2020 est un jalon important pour promouvoir la coopération Chine-Europe. En raison de l'épidémie, le temps presse et la difficulté s'est accrue, mais le rythme de la coopération ne peut pas s'arrêter. La visite de Wang Yi a permis de relancer cette dynamique.
D'abord, sur le plan de la coordination politique. Le prochain Sommet Chine-Europe qui se tiendra plus tard cette année jettera une base solide pour la coopération. L'une des tâches importantes de la visite de Wang Yi a été de garantir l'avancement sans heurt de l'agenda politique des deux parties et d'assurer une coordination de haut niveau.
Ensuite, sur le plan du renforcement de la coopération dans la prévention de l'épidémie. Au regard de l'instabilité et de foyers épidémiques de certains pays européens, les deux parties ont connu des difficultés pour coopérer et reprendre des échanges normaux. Elles se trouvent à des stades différents et adoptent des mesures différentes, mais les mesures antiépidémiques, le renforcement de la coopération médicale, la recherche-développement conjointe de vaccins et le soutien à l'OMS font l'objet d'un large consensus et fournissent une base pour la coopération. Wang Yi a souligné la nécessité et l'importance de renforcer la coopération dans ce domaine.
Enfin, sur le plan de l'accélération de la coopération économique et commerciale. En plus de la facilitation des échanges et du maintien de la stabilité des chaînes industrielle et d'approvisionnement, il faut donc donner une nouvelle impulsion à la coopération Chine-Italie dans le cadre de l'initiative « la Ceinture et la Route », à la coopération Chine-Pays-Bas dans l'innovation technologique, aux négociations de libre-échange avec la Norvège, et à l'arrimage des stratégies industrielles Chine-France et Chine-Allemagne pour compenser les pertes causées par l'épidémie et jeter les bases d'une coopération post-épidémique. Avec la reprise de l'économie chinoise et les mesures de relance budgétaire de l'Europe, les deux parties doivent renforcer la coordination des politiques macro- économiques et faire avancer les négociations sur leTraité bilatéral d'investissement. La reprise économique post-épidémique créera un environnement politique favorable et rassurera les marchés.
La Chine et l'Europe sont toutes deux victimes de l'unilatéralisme et sont donc des partenaires naturels pour soutenir et défendre le multilatéralisme.
La « coordination pour le multilatéralisme » a également été un enjeu important de cette visite. La Chine et l'Europe sont de plus en plus préoccupées par l'unilatéralisme rampant, les coups de boutoir au multilatéralisme, la rivalité entre grandes puissances et les revers de la mondialisation. Pour des motifs électoraux, les États-Unis courtisent assidûment l'Europe en tentant de la persuader de rejoindre son « alliance antichinoise » et abusent de leurs prérogatives pour la forcer à les suivre sur les questions liées à la 5G, à Hong Kong et au Xinjiang. Ils continuent aussi d'intimider l'Europe et de menacer le système multilatéral, notamment vis-à-vis du nucléaire iranien, du retrait de l'Organisation mondiale de la santé, mais aussi avec les sanctions prises contre le gazoduc germano-russe Nord Stream 2. De nombreux pays ont interrogé Wang Yi pour savoir si une « nouvelle guerre froide » était sur le point d'advenir, ce qui montre que l'Europe est inquiète face aux changements dans la situation mondiale actuelle et aux perspectives du multilatéralisme.
La Chine et l'Europe sont toutes deux victimes de l'unilatéralisme et sont donc des partenaires naturels pour soutenir et défendre le multilatéralisme. Un consensus clair existe sur l'adhésion au système multilatéral centré sur les Nations Unies et la résolution des différends et des conflits par des moyens politiques et diplomatiques, une coordination étroite a été établie en matière de soutien aux mécanismes multilatéraux pour qu'ils jouent un plus grand rôle, et des actions conjointes sont menées pour faire progresser la coopération mondiale en matière de changement climatique et préserver l'accord sur le nucléaire iranien. La Chine et l'Europe ont exprimé d'une voix forte la volonté de sauvegarder et de promouvoir le multilatéralisme. Tant que toutes deux adhèreront au multilatéralisme et prendront des actions concrètes dans ce sens, elles pourront effectivement freiner l'unilatéralisme, maintenir la stabilité mondiale et servir d'ancrage et de stabilisateur sur un échiquier mondial en mutation rapide.