Le piment corne de bœuf pour sortir de la pauvreté

2020-09-07 10:01LIYUANmembredeladaction
今日中国(法文版) 2020年9期

LI YUAN, membre de la rédaction

Le district de Nang est situé au sud-ouest de la ville de Nyingchi, dans la région autonome du Tibet, et est traversé par le fleuve Yarlung Zangbo. La température annuelle moyenne est de 11,4 °C, avec 2 400 à 2 600 heures d'ensoleillement par an. Sa situation géographique et ses caractéristiques climatiques singulières ont donné naissance à une variété unique de piment, appelée la « corne de bœuf » en raison de sa forme, dont la teneur en vitamine C et en procyanidines est beaucoup plus élevée que celle des autres variétés.

Ces piments du district de Nang sont cultivés depuis plus de 100 ans, mais avant 2016, le modèle de culture familial n'était qu'autosuffisant. Avec la découverte progressive des valeurs nutritionnelle et économique de ces piments, le modèle de culture a été standardisé et développé à grande échelle.Aujourd'hui, la corne de bœuf est devenue la « reine » des champs et des serres, ainsi qu'une source de revenus pour les habitants.

Le piment corne de bœuf du district de Nang bénéficie depuis 2018 d'une indication géographique.

Une nouvelle découverte

Ngawang Tenzin, 28 ans, habite dans le village de Gun, dans le district de Nang. D'aussi loin qu'il se souvienne, sa famille cultive des piments corne de bœuf. Autrefois, les fruits et les légumes n'étaient pas abondants ; ce piment, riche en vitamines,a ainsi été considéré à la fois comme un fruit et comme un légume.

« La région, située dans une vallée du plateau Qinghai-Tibet, est propice à la culture, puisqu'elle n'a pas un climat alpin. Normalement, nous plantons dans les champs de l'orge du Tibet, des pommiers et des noyers, mais il faut de trois à cinq ans pour que les pommiers portent leurs fruits et de huit à dix ans pour que les noix soient récoltées. Pour augmenter le taux d'utilisation des terres, nous avons adopté la plantation associée en cultivant des piments sous les pommiers et les noyers », explique Tseyang, directeur du Bureau de l'agriculture et des affaires rurales du district de Nang.

Au cours de la culture, des taches noires ont commencé à apparaître sur les piments. Au début, les agronomes craignaient qu'il s'agisse de parasites et de maladies, ils ont donc emmené des échantillons au Centre national de contrôle et d'inspection de la qualité des aliments du ministère de l'Agriculture et des Affaires rurales pour les tester, et ont en fin découvert que la teneur en procyanidines de ces piments était de 5,56 mg par 100 g et que la teneur en vitamine C était de 226 mg par 100 g, ce qui est beaucoup plus élevé que les autres variétés. Cette découverte a fait des piments du district de Nang une denrée recherchée sur le marché.

« Notre prochaine étape consiste à poursuivre le traitement et le raffinage des procyanidines, a fin d'améliorer encore leur valeur ajoutée », commente Tseyang.

De nouvelles idées

La famille de Ngawang Tenzin possède maintenant quatre serres et cinq mu (1 mu = 1/15 ha) de champs pour cultiver des piments. « Les piments dans les serres peuvent pousser pendant six mois,leur prix des ventes hors saison peut atteindre 60 yuans/kg, alors que les piments cultivés en plein air ne peuvent être vendus qu'à un prix saisonnier d'environ 10 yuans/kg », con fie Ngawang.

Sa situation géographique unique et ses caractéristiques climatiques ont permis au district de Nang de produire une variété unique de piment, appelée la « corne de bœuf ».

Tseyang a fait un calcul pour les agriculteurs :plantés dans les serres en décembre, les piments vont porter des fruits à partir de février l'année sui-vante et pendant six à huit mois, ce qui permet de pro fiter de quatre récoltes. La production moyenne par mu est de 1 000 à 1 250 kg, assurant un revenu de plus de 7 500 yuans. C'est beaucoup plus que celui des autres cultures comme l'orge du Tibet, que les villageois cultivaient auparavant.

En 2016, le district de Nang a promu la culture du piment dans tout le village. Au début, les villageois étaient sceptiques et inquiets pour la récolte et le marché. Le district a donc lancé un modèle « entreprise + coopérative + agriculteur » pour mettre en place une gestion intensive. Les villageois remettent leurs terres au collectif du village pour que cellesci soient cultivées à grande échelle et gérées de manière standardisée. Ils participent ensuite à la plantation comme main-d'œuvre.

« Dans le passé, les villageois utilisaient des engrais chimiques pour augmenter le rendement. À partir de 2016, nous avons commencé à promouvoir les engrais agricoles et organiques. Cette année, un total de 1 291 tonnes d'engrais organique a été transporté pour le compost de la plantation. De plus, un investissement annuel de cinq millions de yuans est assuré par le gouvernement du district pour guider les habitants dans la plantation, sains et de meilleure qualité, a fin de les vendre à de meilleurs prix », précise Tseyang.

La plantation à grande échelle et le modèle de gestion standardisé assurent non seulement un revenu industriel, mais libèrent aussi grandement la maind'œuvre. À présent, la femme de Ngawang Tenzin peut s'occuper elle-même des sept mu de piments de la famille, et Ngawang travaille dans le chef-lieu du district. Le revenu familial annuel est de plus de 100 000 yuans. Cette année, Ngawang compte installer des serres sur cinq mu supplémentaires, pour une plus grande rentabilité.

En 2020, la super ficie de plantation de piments dans le district a atteint plus de 8 000 mu, avec une production estimée à 6 000 tonnes et un revenu de 24 millions de yuans, ce qui apportera à 1 570 foyers une hausse de revenu moyenne de 12 200 yuans.

Un nouvel espoir

En 2018, la corne de bœuf du district de Nang a été reconnue comme produit à indication géographique.

Le 28 juillet 2020, un employé de la Coopérative de piment du district de Nang emballe de la sauce au piment.

Le développement de ce secteur a fortement mobilisé les habitants. Aujourd'hui, trois coopératives ont été mises en place par des agriculteurs et des éleveurs du district, dont l'une a déjà obtenu la licence de production alimentaire et peut approvisionner directement de grands supermarchés. En même temps, le district a attiré des investissements et a coopéré avec des entreprises pour améliorer l'industrialisation des produits et augmenter leur valeur ajoutée. Actuellement, divers sous-produits ont été développés à partir du piment, qui se vendent très bien dans tout le pays. Le gouvernement encourage aussi les villageois à utiliser les plateformes en ligne pour faire mieux connaître leurs produits.

A fin de mieux promouvoir l'industrialisation à grande échelle et l'exploitation de la marque du piment, le Plan de développement de l'industrie du piment du district de Nang (2020-2030) a été publié, clari fiant les idées, les objectifs et les tâches du travail et indiquant la direction à suivre pour le développement de cette industrie.

« Appliquant ce plan, le district est en train de solliciter un projet de base de pépinière industrielle à plus grande échelle, et renforce en même temps le mécanisme de la chaîne de production, de traitement, de vente et de distribution, de sorte que cette corne de bœuf se vende dans tout le pays, et même à l'extérieur de la Chine », déclare Tashi, secrétaire du Comité du Parti pour le district de Nang. Il conclut en précisant que le district a un plan à plus long terme pour le développement de cette industrie.