Trois facteurs pour expliquer la crise

2020-06-18 09:44PASCALPETIT
今日中国·法文版 2020年6期

PASCAL PETIT*

En deux mois, la pandémie a arrêté notre économie. Tout le monde a parlé de « choc exogène », comme si on était dispensé de faire le diagnostic de ce qui s’est réellement passé. Or il est important d'observer dans quel processus les grandes crises (comme celles de 1929 et de 2008) s’inscrivent pour pouvoir en sortir durablement.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS)s’est dotée en 2005 d’un règlement intérieur sur la manière de réagir face à une épidémie et elle a commencé à débattre du principe de précaution.Problème : cette prise de conscience a disparu,la crise économique de 2008 ayant frappé entretemps. Trois facteurs expliquent cette « amnésie ».

Le premier facteur est une réaction parfois trop rapide en cas de choc, qui peut mener à des solutions à court terme, sans réfléchir au long terme(effet théorisé par Naomi Klein). Après 2008, le système bancaire a été réformé, mais pas la finance elle-même. Celle-ci a fait pression sur nos organisations dans les dix années suivantes. Cela a aussi amené à des politiques d’austérité qui ont pesé sur les systèmes de santé.

Le deuxième facteur, est que les accords internationaux ne restent pas lettre morte, il faut une implication des peuples et des gouvernements.C'est ce qui a manqué à l'OMS, de l'avis même de ses rapporteurs.

Le troisième facteur porte sur les évolutions internes à chaque pays par rapport à son système de santé. Celui-ci accompagne la richesse d’un pays,dans la mesure où les besoins (les coûts) évoluent et croissent avec l’allongement de l’espérance de vie.

Une employée travaille sur la production de gel hydroalcoolique, dans un atelier du Groupe Altais à Grasse (France), 30 mars 2020.

Ces trois facteurs pèsent à la fois à un niveau international, à un niveau national et à des niveaux territoriaux. Atteindre des solutions requiert des« États-stratèges », qui interviennent non pas pour préserver leur souveraineté, mais pour animer la coopération internationale et identifier au niveau territorial les besoins et les coopérations nécessaires.

Cette vision à long terme rejoint les objectifs du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) qui gère le multilatéralisme sur la question du changement climatique.

Que vont donner les marchés financiers et les systèmes bancaires face à l’ampleur des changements ? Les bourses n’ont pas connu les chutes que l’on pouvait craindre, et l’on voit déjà apparaître des accords avec de grandes entreprises pour appuyer un plan de relance verte. Il faudrait que les autorités sanitaires soient incluses dans ce plan pour former un « green new deal ».