Une passion chinoise

2020-05-07 09:13MALImembredeladaction
今日中国·法文版 2020年5期

MA LI, membre de la rédaction

Montpellier, le 20 mars 2020

Cher Jacques,

En regardant les informations de ces deux derniers jours, j'ai appris que la Chine avait obtenu pas mal de succès dans la lutte contre le COVID-19, et ton père et moi avons été extrêmement heureux. Nous nous faisons moins de souci pour toi. Bien que le nombre de personnes infectées en France ait augmenté ces deux derniers jours, tu peux être tranquille car nous ne sortons pas et nous restons à la maison pour éviter une infection.

Bien que cette épidémie de COVID-19 ne nous facilite pas la vie, ce n'est pas non plus la mer à boire. Je me souviens qu'après la Seconde Guerre mondiale, la situation était très difficile, mais les gens ont su faire preuve de résilience, et tout le monde s'aidait et s'encourageait pour traverser les épreuves. Ce sera la même chose cette fois-ci.

Hier (19 mars), le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a annoncé en direct que la France avait reçu deux lots de fournitures médicales expédiés par avion de la part du gouvernement chinois les 18 et 19 mars, du matériel destiné au personnel médical qui se trouve en première ligne. Ton père et moi avons été très touchés après avoir appris cette nouvelle : « C'est dans l'adversité qu'on reconnaît ses amis », comme le dit le dicton. Je comprends pourquoi tu vis en Chine depuis bientôt 20 ans, cela en vaut la peine.

Tu es venu nous rendre visite avec ta charmante épouse chinoise pendant la fête du Printemps. Ton père et moi sommes très heureux pour toi. Malgré la gravité de la situation en Chine, tu as tenu à y retourner pour travailler. Ton père et moi étions très inquiets, mais quand tu m'as dit que tu avais vécu la période du SRAS en 2003 et que tu ne t'es jamais vraiment inquiété, je pense que tu as pris la bonne décision d'après ce que je peux constater. L'expérience de la Chine dans la lutte contre les catastrophes et les épidémies graves mérite que de nombreux pays s'en inspirent. C'est la conclusion qui nous est venue à l'esprit en regardant les informations sur la Chine.

Ton père a plus de 80 ans et sa santé ne s'améliore pas. Je dois rester avec lui à la maison pour m'en occuper. Le temps à Montpellier devient de plus en plus doux chaque jour, et je pense que tu verras bientôt les fleurs de cerisiers à Beijing. Je suis sûre que la situation reviendra à la normale en France, comme en Chine, une fois l'épidémie vaincue.

Nous nous reverrons tous à Montpellier le printemps prochain. On ouvrira une bouteille de champagne et portera un toast pour célébrer la fin de cette période que nous avons traversée.

Je pense à toi et je suis à tes côtés malgré la distance qui nous sépare.

Maman

Chaque week-end, Ghislaine Fourrier, 76 ans, de Montpellier, est assise devant l'ordinateur et envoie un courriel à son fils, Jacques Fourrier, qui travaille à Beijing, afin de donner de ses nouvelles. Une habitude qu'elle a prise depuis de nombreuses années. Depuis le début de l'épidémie de COVID-19, c'est désormais tous les jours qu'elle se livre à ce rituel. Chaque soir, avant de se coucher, elle lui envoie un bref courriel pour lui faire part de ses inquiétudes et de ses pensées.

Le 21 mars, en se levant, Jacques Fourrier a consulté son compte et ouvert le courriel de sa mère, comme d'habitude. « Cette fois, ma mère m'avait écrit plus longuement que d'ordinaire », a précisé M. Fourrier, avouant que le contenu de son message lui avait réchauffé le cœur, « comme une journée ensoleillée de printemps à Montpellier ».

Ne pas être un « déserteur » et rentrer à Beijing

Fin janvier 2020, l'épidémie s'est propagée rapidement de Wuhan à l'ensemble du pays. Durant cette période, Jacques Fourrier, qui passait des vacances chez ses parents avec son épouse, a insisté pour rentrer à Beijing malgré les tentatives de l'en dissuader.

« Je travaillais au Japon en 2011 et la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima s'est produite le 11 mars de cette année-là. À cette époque, un grand nombre d'expatriés avaient quitté précipitamment le pays, et les Japonais les ont appelés des “fly-jin” (ceux qui fuient par avion) », s'est remémoré M. Fourrier. Il estime que quand on vit dans un pays pendant une longue période, quels que soient les incidents majeurs ou les petits tracas qui se produisent, il faut s'efforcer de surmonter les difficultés, de s'accrocher et ne pas être un « déserteur ». « C'est mon principe de base dans la vie, et ma volonté de revenir et de rester à Beijing est identique au sentiment que j'avais éprouvé au Japon à l'époque. »

Le matin du 22 mars, le nombre de cas confirmés d'infection par le COVID-19 en France atteignait plus de 14 000. « À Nice, dans le sud, certains Chinois vont de porte en porte pour donner des masques à leurs voisins », a-t-il expliqué, disant que ses amis français mentionnaient souvent les diverses initiatives de Chinois en France contre l'épidémie, et que cela le rassurait.

« À Nice, la police utilise également des drones pour informer les gens des dangers du COVID-19, et leur ordonner de réduire les occasions de se rassembler et de rester chez eux au lieu de sortir », a souligné M. Fourrier, qui ajoute que la France se sert des mesures précoces de prévention et de contrôle de l'épidémie que la Chine a mises en place.

Bien qu'il soit à Beijing, M. Fourrier reste préoccupé par la situation à Montpellier, tout comme ses parents le sont pour lui en Chine. « Tout le monde admet que la situation actuelle de l'épidémie en Europe n'incite pas à l'optimisme, sachant notamment que le nombre de cas confirmés en France est en augmentation. J'ai vivement recommandé à mes parents d'aller chez ma sœur pour leur rendre la vie plus facile, mais ils pensent qu'ils sont mieux chez eux, qu'ils peuvent bien prendre soin d'eux-mêmes et mener une vie tranquille », a-t-il remarqué. Ses parents estiment qu'il n'est pas nécessaire d'esquiver cette déferlante épidémique, mais qu'il faut simplement bien se protéger. Il n'y aura aucun problème.

Mme Fourrier, à Montpellier

Lors de l'épidémie de SRAS en 2003, Jacques Fourrier vivait déjà depuis cinq ans en Chine, et à l'époque, il n'était pas retourné dans son pays. « L'épidémie de SRAS était beaucoup plus grave qu'elle ne l'est aujourd'hui, et le taux de morbidité était supérieur à celui du COVID-19, mais les autorités chinoises avaient contrôlé l'évolution de la situation en deux mois. Pour un pays quel qu'il soit, c'était une véritable gageure, et c'est ce qui se passe pour le COVID-19. Nous avons pleinement confiance dans la capacité de la Chine à venir à bout de l'épidémie. C'est un prodige que seule la Chine peut réaliser, mais je souhaite évidemment que mon pays et les autres pays fassent comme la Chine, avec la population toute entière unie pour lutter contre l'épidémie », a-t-il dit. De même que la Chine partage son expérience avec les autres pays, il partagera lui aussi son expérience personnelle de la Chine avec ses amis aux quatre coins du monde.

« Vivre en Chine fait chaud au cœur »

Pour soutenir la lutte du gouvernement chinois contre l'épidémie de COVID-19, le gouvernement français a aidé la Chine avec du matériel de protection médicale au début du mois de février de cette année, et pour lui rendre la pareille comme on le ferait avec un ami en difficulté, le gouvernement chinois a expédié par avion deux lots de matériel médical vers la France les 18 et 19 mars, pour lutter ensemble contre cette épidémie.

Le 21 mars, le président chinois Xi Jinping a déclaré dans un message de sympathie au président français Emmanuel Macron que le gouvernement et le peuple chinois soutenaient fermement les efforts de la France contre le COVID-19 et étaient prêts à renforcer la coopération avec la partie française pour remporter cette bataille par le biais de l'entraide et l'assistance mutuelle. La Chine est disposée à travailler avec la France pour promouvoir la coopération internationale en matière de prévention et de contrôle des épidémies, soutenir le rôle central de l'ONU et de l'OMS dans l'amélioration de la gouvernance mondiale en matière de santé publique et bâtir une communauté de santé pour l'humanité.

« La Chine sait faire preuve de générosité et de gratitude, et éprouve le désir d'aider autrui, ce sont des qualités traditionnelles et des qualités précieuses de la Chine et des Chinois. Vivre dans un tel pays et avec de telles personnes fait chaud au cœur et suscite l'espoir », a déclaré M. Fourrier. Confronté à l'épidémie, le gouvernement et le peuple chinois lui donne à la fois la confiance et toutes les raisons de travailler et de mener une vie agréable.