La lutte contre la pauvreté au district de Fengdu

2019-09-16 06:21VERENAMENZELmembredeladaction
今日中国·法文版 2019年9期
关键词:拍桌子

VERENA MENZEL, membre de la rédaction

L e monde entier s’intéresse au miracle économique qu’a connu la Chine, elle qui mène une politique de réforme et d’ouverture depuis quatre décennies. Au début, le gouvernement a fait en sorte de mettre les zones côtières de l’Est et du Sud-Est du pays au premier plan, leur faisant jouer un rôle de guide dans cette politique.Mais aujourd’hui, tandis que les régions de l’Est du pays se sont développées à la vitesse « grand V » et se préparent à présent à concourir dans la course de la révolution numérique, nombre de régions rurales du Centre et de l’Ouest ont, de leur côté, progressé à pas lent.

Ce déséquilibre de développement a poussé de nombreux agriculteurs à partir travailler dans les villes développées à l’économie prospère, où la demande en main-d’œuvre était colossale. Cette migration a provoqué l’apparition de « villages déserts », dans lesquels il ne reste plus que des personnes âgées, des femmes et des enfants.

Afin d'enrayer ce phénomène, le gouvernement chinois a progressivement élaboré et appliqué une série de plans de développement destinés à aider les zones arriérées à rattraper au plus tôt leur retard. À ce jour, la Chine, après avoir fait sortir plus de 700 millions d’habitants de la misère, s’engage à éradiquer globalement la pauvreté d'ici la fin de l’année prochaine.

Alors, quelles sont les actions entreprises pour atteindre ce résultat ? Pour le découvrir, nous sommes allés à Chongqing, ville située à l’intérieur des terres,dans le sud-ouest de la Chine.

Le village de Lüchunba deviendra bientôt un village pilote du tourisme.

La pauvreté cachée derrière un paysage idyllique

En son titre de municipalité relevant directement de l'autorité centrale, Chongqing affiche une population dense et une économie développée. Néanmoins,notre destination n’était pas la métropole de Chongqing elle-même, mais le district de Fengdu placé sous sa juridiction, à environ deux heures de route de l’aéroport international de Chongqing.

Fengdu est également confronté au phénomène des « villages déserts ». De surcroît, les conditions géographiques défavorables dans certaines régions ne facilitent pas le développement d’une agriculture moderne compétitive. Par ailleurs, la plupart des 30 bourgs et cantons du district sont encore à la traîne pour ce qui a trait à l’éducation.

De façon à résoudre les problèmes existants et à consolider les progrès déjà accomplis en matière de réduction de la pauvreté, le gouvernement local met à exécution des initiatives innovantes, ciblées et adaptées aux conditions locales. Ainsi Fengdu peutil servir d’exemple aux autres régions aux prises avec la pauvreté.

Le regain de vitalité d'un petit village reculé

Du chef-lieu du district, nous nous sommes dirigés vers le village de Lüchunba, à environ 30 km en voiture. Sur notre route, nous avons traversé Longhe (la« rivière du dragon »), un affluent du Yangtsé. Puis nous sommes arrivés, non loin de la rive, au bloc résidentiel n° 1 de Lüchunba, composé de 18 foyers.Cependant, seuls 10 ménages y vivent réellement. En effet, en raison du manque de travail et de sources de revenus dans le village, près de la moitié des habitants ont préféré migrer vers les zones urbaines.

Zhu Xiaodong, chef adjoint du canton de Sanjian(dont relève le village de Lüchunba), nous a indiqué : « Lüchunba dispose d'une faible superficie de terres arables, dont le rendement est peu élevé. »Le village abrite pourtant des bâtiments historiques datant des années 1950 et 1960, dotés d’une valeur architecturale rare, mais ceux-ci se sont délabrés au fil des âges, car les quelques villageois restants sont incapables de réparer ces demeures, du fait de leur âge avancé ou de leur manque de compétences. En conséquence, ce petit village semblait voué à disparaître.

Cependant, Yang Ming, a eu une idée qui a fait basculer le destin de ce village. Il assume depuis l’année dernière la fonction de premier secrétaire de la Cellule du Parti pour le village de Lüchunba, dans le cadre de la réduction de la pauvreté. Selon lui, les efforts de tous sont requis pour se débarrasser de la pauvreté, et à Lüchunba, chacun souhaite apporter sa pierre à l'édifice. Yang Ming est d'avis que le village peut, d’une part, se développer en tirant parti des avantages du chef-lieu et de la mégalopole voisine de Chongqing ; et d’autre part, il peut prendre de la valeur en misant sur le tourisme, une manne qui profitera aux agriculteurs locaux.

Dans le village de Lüchunba, les habitations font l'objet de rénovations.

Yang Ming, ses collègues et les villageois ont ensemble élaboré un plan conciliant trois domaines jugés prioritaires, à savoir la préservation du patrimoine, la protection de l’environnement et la croissance économique du village.

En vertu de ce plan, ils entendent, dans un premier temps, prendre les subventions versées par l’État aux fins de la réhabilitation des quartiers résidentiels en milieu rural et les investir dans l’amélioration des lieux publics du village. Déjà, ils ont aménagé des parterres de fleurs, rénové des routes et construit un pont en bambou au-dessus d’un ruisseau. Des parkings, des toilettes publiques modernes et même un belvédère donnant vue sur une vallée pittoresque ont été mis en place. Une auberge est même en construction à flanc de colline. Il faut dire qu'aujourd'hui,certains visiteurs souhaitent s’attarder au village de Lüchunba, pour en apprécier tout son charme.

到了这时候,萍萍申辩的声音仍然很轻微,这使我很不高兴,我对萍萍说:“你要大声说,大声对他说,我和你什么事都没有,就是拍桌子也行。”

Il est judicieux d’investir l’argent ainsi, car ces travaux de rénovation permettent de rehausser le cadre de vie des habitants et le potentiel touristique local.Des promoteurs immobiliers locaux spécialisés dans le tourisme procurent la part manquante des fonds nécessaires pour la réparation des vieilles bâtisses.Par ailleurs, une agence de voyage du chef-lieu accorde aux habitants des aides financières pour leur permettre d’entretenir ou de retaper leurs logis dans le style architectural traditionnel. Zhu Xiaodong nous a confié : « Admettons que des résidents du village déménagent pour aller s’installer en ville.Ils pourront mettre en location pendant un certain temps leurs maisons entretenues et remises en état par l’intermédiaire d’une entreprise, et prendront ainsi une part au partage des revenus. »

He Lianhua (à droite), 35 ans, suit un cours avec son fils cadet dans une « école pour les parents ».

Actuellement, des infrastructures sont mises en place en vue du développement touristique à venir.Les capitaux considérables brassés par les villes en plein essor, par effet de ruissellement, profiteront bientôt aux villages (que ce soit par le biais des investissements directs des entreprises ou des dépenses des futurs visiteurs), ce qui aura pour effet de stimuler le développement économique rural.

La location de logements, les restaurants proposant des spécialités locales ainsi que la vente de produits du terroir et d’objets artisanaux généreront de nouveaux revenus non négligeables pour les agriculteurs, et ce « au pas de leur porte ».

L'esprit d'entreprise rapporté à la campagne

Notons qu’aujourd’hui en Chine, ce ne sont pas que les capitaux qui circulent des villes aux villages, mais aussi une certaine mentalité urbaine. Citons l’exemple du jeune entrepreneur Zhang Yuan, originaire du village de Tianshui (au bourg de Xingyi relevant du district de Fengdu), qui a décidé de revenir vivre dans son village natal.

Comme beaucoup de jeunes de sa génération ayant grandi en milieu rural, Zhang Yuan, né en 1986, est parti en ville pour gagner sa vie après l’obtention de son brevet.

En 2010, il a pris la décision de rentrer sur sa terre natale, en vue de se rapprocher des siens et de fonder une famille. Ce faisant, il a rapporté dans ses bagages ses sept années d’expérience et de vie dans la capitale chinoise, où l’esprit d’entreprise est omniprésent.

Il a témoigné : « Je n’aurais pas pu exercer en tant que travailleur migrant toute ma vie. J’aspirais à travailler pour mon compte et à faire valoir mes compétences. Pour moi, c’était donc une évidence de créer ma propre entreprise après mon retour. »

À vrai dire, Zhang Yuan a tenté à multiples reprises de s’engager dans une carrière d’indépendant, s’étant essayé notamment aux métiers de traiteur spécialisé dans les mariages et d’agriculteur. L’année dernière,à l’âge de 33 ans, il a pris part à un programme de formation financé par l'État, portant sur la vente en ligne de produits agricoles.

Aujourd'hui, Zhang Yuan figure parmi la centaine d’agents en e-commerce implantés à Fengdu. Ce projet, parrainé par le gouvernement local, a été conçu pour aider les bourgs et les cantons à « prendre le train en marche » dans le secteur de l’e-commerce qui bat son plein.

Dans les villes chinoises d’aujourd’hui, l’e-commerce prospère et joue un rôle devenu irremplaçable dans nos vies. Cependant, de nombreuses zones rurales sont passées à côté de cette révolution.

Les conditions de livraison difficiles dans les villages reculés en constituent la principale raison, comme nous l’a expliqué Huang Hong, directeur adjoint du Comité du commerce du district de Fengdu. « Dans le passé, les délais de livraison des colis étaient très longs. Des services privés de livraison desservaient certains bourgs, à raison d’une fois toutes les deux semaines, mais ils ne passaient pas dans les villages reculés. »

La situation a bien changé depuis. En 2017, un centre de distribution a été établi dans le chef-lieu du district de Fengdu. C’est là que les sociétés de livraison express d’envergure nationale chargent et déchargent les paquets. Les agents en e-commerce entrent ensuite en jeu. Non seulement ils s’occupent de vendre les produits locaux via Internet, mais parallèlement, ils font le lien entre les producteurs du coin et le centre de distribution, en parcourant les derniers kilomètres qui séparent les deux.

Chaque jour, Zhang Yuan et ses collègues vont chercher les colis au centre de distribution, puis les emportent au village dont ils sont responsables.Dans le même temps, ils recueillent chez les agriculteurs les produits agricoles qui ont été commandés,les emballent et les acheminent au centre de distribution du chef-lieu du district. Zhang Yuan et ses collègues jouent ainsi le rôle d’intermédiaire entre les agriculteurs qui ont trouvé de nouveaux débouchés via Internet et les acheteurs en ligne répartis dans tout le pays.

« À présent, les produits agricoles commandés en ligne arrivent au centre de distribution du chef-lieu au plus tard dans les 24 heures, avant d’être expédiés aux quatre coins du pays », déclare fièrement Huang Hong. Aujourd’hui, Zhang Yuan, déjà père de deux garçons, a pu concrétiser son rêve de devenir un professionnel indépendant grâce à l’e-commerce.« Je perçois à peu près les mêmes revenus que lorsque je travaillais dans les grandes villes. Mais la différence, c’est que je peux rester auprès de ma famille. »

Une école pour les parents

L’éducation est également une clé ouvrant sur la création de richesse et l’égalité des chances. Dans ce domaine aussi, Fengdu a obtenu un certain nombre de résultats ces dernières années. Afin de combler l’écart qui existe à ce niveau entre ce district de Fengdu et les grandes villes, le gouvernement local adopte une attitude ouverte aux concepts innovants.Le bourg de Huwei, et plus précisément le village de Daxi sous sa juridiction, a acquis une expérience utile en appliquant de nouvelles idées en matière d’éducation. Ce village accuse un retard à cet égard,comme nous l’a décrit Hu Xiaofei, directeur adjoint du Département d’éducation morale au collège-lycée Binjiang de Fengdu : « Les conditions dans notre établissement ne sont pas aussi bonnes que dans les écoles d’autres régions, que ce soit au regard des équipements ou de la qualité de l’enseignement.Ajoutons à cela le fait que 22 des 65 enfants du village sont élevés par leurs grands-parents, parce que leurs parents sont partis gagner leur vie à l’extérieur du district. Ces enfants sont âgés de 3 à 17 ans. »

Dans un pays comme la Chine, qui a fait un véritable « bond en avant » en l’espace de 40 ans, il existe désormais un énorme gouffre entre les générations.« Ce fossé est particulièrement évident lorsque l’on considère les méthodes d'éducation », affirme Tai Jiaxiong, directeur adjoint du syndicat du collègelycée Binjiang de Fengdu. Cet éducateur nous a raconté qu’il avait quitté la ville pour s’installer au village de Daxi, dans l’optique de réduire la pauvreté par le biais de l’éducation.

« Pour vaincre la pauvreté via l’éducation, il faut selon moi commencer par les parents, pour qu’ils puissent ensuite transmettre leurs connaissances à leurs enfants et les guider sur la bonne voie », déclare-t-il. Partant de ce principe, il a proposé une offre éducative novatrice, où ce ne sont pas les enfants qui vont en cours, mais leurs parents. L’année dernière,ce type d’« école pour les parents » a ouvert ses portes localement et propose chaque mois des cours gratuits abordant les enjeux en matière d’éducation.Les thèmes proposés au programme sont vastes,couvrant notamment l’esprit d’équipe, l’honnêteté,l’autonomie, le sens des responsabilités, le développement sain de la confiance en soi, la formulation de ses objectifs de vie, le traitement de l’échec, le côté ludique de l’apprentissage et le développement des qualités morales.

He Lianhua, 35 ans, fréquente cette « école pour les parents ». Elle est mère de deux fils, l'un de cinq ans et l’autre de 15 ans. Mais comme elle a travaillé huit ans sur une chaîne de montage dans une usine du Guangdong, son fils aîné a principalement été éduqué par ses grands-parents. Quant à son mari, chauffeur routier, il n’était quasiment jamais à la maison. Elle s’est remémorée : « Quelques années plus tard, notre fils aîné prenait ses distances avec nous. Il se montrait turbulent et indiscipliné. Nous étions arrivés à une impasse en tant que parents. »La jeune mère a ajouté : « Je suis très reconnaissante envers ‘‘l’école pour les parents”. Elle m’invite à reconsidérer mes méthodes d'éducation et au fil du programme, j’apprends à mieux me connaître. À présent, je suis moins égocentrique et je ne rejette plus la faute sur mes enfants en cas de problème. »Ses années passées en ville ont permis à He Lianhua d’ouvrir ses horizons. Elle est maintenant disposée à assimiler de nouvelles connaissances et espère que sa progéniture bénéficiera d'un meilleur avenir.« Les ruraux comme nous devons saisir l’opportunité de rattraper notre retard et d’entrer en contact avec des gens issus de diverses classes sociales pour multiplier les interactions. » Et aux yeux de cette jeune mère, l’« école pour les parents » est une plate-forme utile à cet égard.

Toutes ces idées novatrices en matière d’éducation sont d’ores et déjà consignées dans le manuel qu’a rédigé l’éducateur Tai Jiaxiong et sont promues dans d’autres régions défavorisées. D’ailleurs, des projets similaires à l’« école pour les parents » ont déjà été lancés dans le district de Fengdu.

La route sera encore longue…

Comme le montre l’exemple de Fengdu, d’importants facteurs de développement (qu’ils relèvent du financement, de l'esprit d'entreprise ou de l'éducation) entrent progressivement dans les régions pauvres de la Chine. Les zones sous-développées ainsi que leurs habitants aspirent à atteindre le même niveau de vie que dans les zones côtières, mais de toute évidence, la route sera encore longue...

Une chose est sûre, la Chine ne pourra parvenir à un meilleur développement à long terme que si tout le monde coordonne ses efforts ; en d’autres termes,si les régions en se développant rapidement prêtent main forte aux régions se développant lentement,afin de garantir véritablement l'égalité des chances.À cette fin, il faut veiller à ce que les fonds et les ressources soient utilisés à bon escient, c’est-à-dire investis là où ils sont les plus indispensables, plutôt que gaspillés en cours de route.

Si la Chine parvient à suivre cette règle, elle aura des chances de se sortir du développement inégal en s'appuyant sur ses propres forces, afin d'éradiquer une bonne fois pour toutes la pauvreté.

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