par Hu Fan et Li Kaizhi
George Solomon Njau (deuxième à droite), en compagnie de son équipe, recevant le prix du concours.
Des entrepreneurs se font concurrence lors d'une compétition de start-ups innovantes
Le 26 mai de cette année, le collège Schwarzman de l'Université Tsinghua regorgeait de chercheurs, professionnels, entrepreneurs et investisseurs. Ils étaient tous réunis pour la finale de la Kente & Silk Africa Week, le concours de start-ups africaines, où des idées de solutions commerciales ayant une incidence sur le développement sino-africain étaient à l'honneur.
Du 17 au 26 mai, Africa Week a présenté les activités passionnantes et engageantes de différents entrepreneurs, allant d'ateliers interactifs Afrique-Chine, destinés aux jeunes, à une exposition d'art servant à présenter des artistes africains contemporains en Chine. Plus de 1 000 personnes ont assisté à 11 activités célébrant les différentes cultures africaines. Kente & Silk est une initiative à but non lucratif visant à améliorer les relations sino-africaines. Les fonds amassés durant l'Africa Week ont été remis au vainqueur du concours.
Les cinq demi-finalistes du concours ont présenté de brillantes solutions de développement.CHINAFRIQUEvous dépeint trois d'entre eux, Chefobear, Hair by Akoni et Hamster International, le grand vainqueur du concours.
George Solomon Njau, fondateur de l'application Hamster International.
Les géants de la distribution alimentaire en Chine que sont Meituan et Eleme, sont bien établis et dominent le marché. Il est donc difficile d'imaginer qu'une start-up puisse se faire une place parmi ces colosses.
Mais George Solomon Njau, un étudiant tanzanien de 20 ans qui se spécialise en informatique à l'Université de Wenzhou-Kean, située dans la province du Zhejiang, dans l'est de la Chine, l'entend d'une autre oreille. Après avoir découvert une niche de marché, George a développé son application, Hamster International, ainsi nommé car le hamster, bien que de petite taille, est connu pour sa maîtrise dans la conservation alimentaire. C'est ainsi que George voit son entreprise : de petite taille mais avec de grandes compétences.
Ciblant les étrangers vivant en Chine, l'application permet de commander des repas et de partager des informations utiles en anglais. « L'idée est née des difficultés rencontrées par la plupart des expatriés en ce qui concerne les barrières linguistiques lors de l'utilisation d'applications chinoises », a confié George àCHINAFRIQUE.
Bien que presque négligeable par rapport à la population chinoise, le nombre d'étrangers vivant sur le territoire est suffisamment important pour être la cible d'entrepreneurs innovants comme George. Selon le ministère chinois de l'Éducation, environ 500 000 étudiants étrangers vivaient dans le pays en 2018.
L'application de George a reçu un accueil encourageant. Au cours de ces trois derniers mois, son équipe a collecté plus de 200 000 yuans (29 000 dollars) à l'initiative d'investisseurs, de fonds de soutien gouvernementaux et d'actionnaires. « C'est un bon début pour notre entreprise. Cela nous donne la volonté d'aller plus loin », s'est-il enthousiasmé, ajoutant que le nombre d'employés de sa société était passé de trois à 46 personnes.
Hamster International a récemment terminé son test bêta ayant pour objectif de collecter des données et d'étudier la demande, ainsi que le pouvoir d'achat des clients. Les tests visaient uniquement les utilisateurs de l'Université de Wenzhou-Kean, mais un grand nombre de téléchargements ont eu lieu hors de l'université. La prochaine étape pour la société est la mise en ligne d'une version complète de l'application pour les villes de Wenzhou, Beijing, Nanjing, Hangzhou, Guangzhou, Shanghai et Ningbo.
George a exprimé ses remerciements à l'université, à ses collègues et amis pour leur soutien, et a estimé que le gouvernement chinois avait créé un environnement favorable aux entreprises étrangères. « Les étrangers qui créent une entreprise ont un potentiel énorme [en Chine], car le gouvernement les y encourage. [Le gouvernement fournit] autant d'investissements [aux entreprises étrangères] qu'aux entreprises chinoises », a-t-il expliqué.
Avec leur slogan « Faciliter la vie », George et son équipe estiment que leur application aura un impact positif sur les étrangers vivant en Chine.
Bien que l'application ne permette que de commander des produits alimentaires, l'objectif est de développer une plateforme complète de commerce électronique. Cependant, George souhaite laisser les utilisateurs décider de la direction que l'entreprise prendra à l'avenir.
Stephanie Idio, créatrice de la marque Hair by Akoni.
Stephanie Idio a toujours voulu créer sa propre entreprise. Dès l'âge de cinq ans, elle s'imaginait debout, en réunion, s'exprimant face à ses employés. Américano-nigériane, elle a quitté le Texas pour la Chine il y a quatre ans et a lancé sa marque, Hair by Akoni, qui fournit des extensions et des produits capillaires aux Africains.
L'idée de s'aventurer dans l'industrie capillaire a été motivée par le désir d'aider d'autres femmes en Afrique. « Bien que 60 % des femmes portent des perruques sur le continent, les entreprises africaines de fabrication de perruques ne sont pas très nombreuses », a-t-elle indiqué àCHINAFRIQUE.
En raison de la croissance et du succès des entreprises africaines à Guangzhou, dans la province du Guangdong, dans le sud de la Chine, Stephanie a décidé d'y installer son magasin. « Il est plus pratique et moins coûteux de commencer à faire des affaires en Chine qu'au Nigeria, car de nombreux matériaux proviennent de Chine », a-t-elle noté.
En effet, la plupart des perruques sont produites en Chine, notamment à Xuchang, dans la province centrale du Henan, qui constitue près de la moitié de la fabrication mondiale.
Stephanie coopère actuellement avec des fournisseurs chinois afin de procurer aux consommateurs africains divers produits relatifs aux perruques. Bien qu'il ne lui ait pas été aisé de passer par les procédures gouvernementales pour démarrer son activité, elle estime que l'entrepreneuriat en Chine est accessible car « il existe de vastes opportunités dans presque tous les secteurs ».
Cependant, survivre dans le secteur de la perruque n'est pas facile en Chine. À Xuchang, les fabricants sont confrontés à l'augmentation du coût de la main-d'œuvre et ont des difficultés à recueillir des cheveux dans les pays voisins. Certaines entreprises doivent même délocaliser leurs usines en Afrique.
Pour pallier ces contraintes, Stephanie tente de fournir quelque chose de différent à travers sa marque dont le nom provient de la contraction de ses prénoms Akon et Idara. Elle cible particulièrement les clients aux cheveux africains naturels, pour lesquels il existe suffisamment de fournisseurs de produits capillaires. Stephanie a mis au point une brosse démêlant/shampooing capable de démêler en douceur les cheveux bouclés. Stephanie sait clairement comment commercialiser ses produits via divers réseaux sociaux. Forte de ses connaissances et de son expérience dans le secteur capillaire, elle fournit des conseils sur le soin des cheveux via ces points de vente en ligne.
Elle se décrit elle-même comme une personne douée pour le réseautage : « Ce projet m'aide à établir des réseaux et relations avec les entreprises chinoises, ce qui crée davantage d'opportunités pour moi », a-t-elle souligné. À l'avenir, Stephanie souhaite pérenniser son activité et en élargir l'échelle. Mais son ambition ne se limite pas à cela. « Nous voulons développer une usine de production de cheveux au Nigeria », a-t-elle exprimé. Après tout, ne dit-on pas qu'un cheveu de femme est assez fort pour tenir en laisse un éléphant ?
Les jeunes startupers Vickus Nel et Nii-Odartey Mills.
À l'instant où ils se sont rencontrés à l'école, le Sud-Africain Nii-Odartey Mills et le Néo-Zélandais Vickus Nel ont compris tout de suite qu'ils partageraient la même destinée. Ils se sont côtoyés dans un lycée sud-africain il y a plus de 10 ans de cela et, malgré le parcours et les expériences différentes que ces deux amis ont eus aux quatre coins du monde, ils n'ont jamais rompu le lien.
Et le destin ne leur a pas fait mentir. En 2018, ils se sont tous deux retrouvés en Chine et ont décidé de travailler ensemble. Nii et Vickus ont toujours partagé la même passion pour les vêtements, il était donc logique de commencer par là. Afin d'entretenir le dialogue entre Africains et Chinois à travers l'art, la poésie et les affaires, les deux entrepreneurs ont eu l'idée de créer Chefobear.
Chefobear est plus qu'une marque. C'est un style de vie combinant l'esprit d'amitié, de collaboration et de communauté. La marque offre des vêtements de rue haut de gamme pour les femmes, comme pour les hommes. L'idée est imprégnée de l'esprit africain Ubuntu. Les activités de Chefobear se font actuellement en Chine, en Afrique du Sud, en Nouvelle-Zélande, en Australie et au Royaume-Uni. Cependant, Nii et Vickus aimeraient avoir une clientèle chinoise plus importante en raison de l'énorme marché dont dispose l'empire du Milieu. L'autre raison fondamentale est qu'ils ont constaté que de nombreux Chinois vivant dans d'autres pays n'ont pas vraiment été en mesure de s'intégrer à la population locale et ils espèrent inverser la tendance. Bien que le marché de l'habillement offre de nombreuses opportunités, des défis existent.
« D'une part, l'environnement entrepreneurial est vraiment bon ici en Chine. Nous pouvons obtenir autant d'idées différentes et un soutien formidable de la part du gouvernement pour nous aider à développer notre entreprise », a fait remarquer Vickus àCHINAFRIQUE. « D'autre part, la création d'une marque est beaucoup plus difficile car de nombreuses choses imprévues peuvent se produire. »
Pour l'avenir, Chefobear prévoit de proposer des solutions plus innovantes pour l'industrie textile et continuera à ajouter des articles toujours plus uniques à sa collection.