par Ge Lijun
Fasciné par l’Éthiopie depuis le lycée, un expert chinois y met flnalement les pieds, apportant dans ses bagages de nouvelles techniques pour mieux cultiver le maïs et le coton
L’Éthiopie, c’est ‘le toit du continent’,avec une température modérée, des pluies abondantes, un climat humide.L’Éthiopie, c’est ‘le château d’eau de l’Afrique de l’Est’, avec d’innombrables lacs.L’Éthiopie, c’est aussi un paradis naturel, avec des champs à perte de vue et des terres fertiles. L’Éthiopie, c’est un pays où le soleil brille 13 mois par année ! »
Trente ans se sont écoulés depuis que Li Guofeng a entendu son enseignant au lycée faire cette description imagée de ce pays magniflque et lointain. L’impression fut si forte qu’il peut encore la réciter par cœur aujourd’hui. C’est aussi ce qui l’a poussé,plusieurs années plus tard, à se rendre luimême en Éthiopie, afln de vérifler si son vieux maître avait dit vrai.
Maintenant âgé de 47 ans, M. Li est un agronome en chef originaire de la province du Hebei (nord). En 2012, c’est en tant qu’expert agricole que M. Li a flnalement pu mettre les pieds dans le pays auquel il avait tant rêvé. À l’heure actuelle, il se trouve encore en Éthiopie, où il œuvre à la popularisation des techniques de culture de maïs à l’Université d’Agarfa pour la formation technique et professionnelle à l’agriculture.
C’est la quatrième année qu’il travaille sur le continent. « L’Éthiopie est un pays avec des ressources naturelles très riches, mais à cause de plusieurs facteurs, l’agriculture éthiopienne reste encore sous-développée.En tant que technicien agricole, j’ai la responsabilité de mettre du mien pour servir le pays », a dit M. Li à CHINAFRIQUE.
Li Guofeng s’entretient avec des agriculteurs éthiopiens.
L’expert chinois fait une démonstration de l’utilisation de la géomembrane.
En Éthiopie, la culture du maïs fait face à un défl d’ordre météorologique : le pays compte deux saisons de pluie, soit la petite saison d’avril à mai (avec 200-300 mm de précipitation) et la grande saison de juillet à septembre (avec 600-700 mm de précipitation). Traditionnellement, le maïs est cultivé en juillet et récolté en octobre,car les précipitations de la petite saison de pluie ne peuvent satisfaire les besoins en eau de cette plante vorace. Cette période de l’année est donc perdue.
Pour résoudre ce problème et augmenter la production de maïs, M. Li s’est référé aux méthodes utilisées dans les provinces de l’ouest de la Chine. Il a même rendu visite à Dr. Mohamed Yesuf, directeur du Centre d’études agricoles de Melkasa et M. Lealem Tilahun, directeur de l’Institut du maïs. S’appuyant sur leurs conseils techniques, il a proposé d’utiliser une technique consistant à couvrir les champs de maïs d’une géomembrane, permettant ainsi de conserver l’eau de pluie et de « rassasier »les plants de maïs.
Les Africains ont l’habitude de manger des épis de maïs. Avec cette technique, si l’on cultive des maïs en février et qu’on moissonne en juin, on peut récolter 50 000 épis de maïs par hectare, dont la valeur de production peut atteindre 300 000 birrs(environ 11 000 dollars), alors que la production de maïs pour les semences ne produit que de 30 000 à 50 000 birrs (soit 1 100 à 1 700 dollars). De plus, avec cette technique, on peut récoler deux fois par an, ce qui augmente grandement le revenu des agriculteurs.
En avril 2017, M. Akele Mollale, viceprésident de l’Université d’Agarfa, a visité la zone de démonstration et a été surpris du résultat. « Cette méthode chinoise à faible coût pour épargner de l’eau offre d’énormes perspectives de promotion dans les régions relativement sèches de l’Éthiopie », a-t-il remarqué, en demandant aux experts chinois de la populariser tout d’abord dans les communautés avoisinantes. Cette année, la technique continue d’être testée et étendue à d’autres plantes, telles que le maïs doux, le maïs cireux, le millet chinois, etc.
Telila Bekele est l’un des étudiants les plus studieux et intéressés de M. Li. Il habite dans un petit bourg à plus de 200 km de l’université. Sa famille de 7 personnes ne vit pas dans le luxe, car tous dépendent de son père qui travaille dans les champs et de ses frères qui font paître les troupeaux. Pour améliorer leur situation, M. Li leur a offert gratuitement des graines, des géomembranes et des engrais,en plus de former son père à la culture du maïs avec l’aide de la géomembrane couvrant une superflcie de 1 500 m2. Même si une partie des champs de maïs a été détruite par les animaux, ils ont tout de même réussi à vendre pour 40 000 birrs (1 500 dollars)de maïs. Le père de Telila a même l’intention d’acheter une télévision cette année et une moto l’année suivante. « Leur apprendre à utiliser une technique pratique et efficace est beaucoup mieux que de leur donner directement de l’argent et de quoi manger. C’està-dire qu’il vaut mieux apprendre aux gens à pêcher que de leur donner du poisson »,dit l’expert chinois, satisfait.
Les résultats engendrés par la nouvelle technique sont probants.
Pendant son premier séjour de travail en Éthiopie, de 2012 à 2014, M. Li a rencontré un problème épineux : la cochenille,qui s’attaque aux plants de coton. À cause de ce parasite, la superflcie de la culture des cotons a chuté de 60 000 hectares en 2013 dans le pays. En Chine, ce parasite n’a été répertorié que dans quelques régions de la province du Guangdong (sud),mais aucune contremesure efficace n’est disponible. Ayant enquêté dans la zone de production de coton, l’expert chinois a eu une idée de s’attaquer à ce fléau. Ainsi, il a rendu visite à M. Miesso Hemba, un expert éthiopien du coton très connu du Centre d’études agricoles de Werer.
Après avoir écouté les propositions de M. Li contre ce parasite, M. Miesso a été convaincu. Il s’est même dit prêt à se charger de l’expérimentation et à ses frais. Plus tard cette année-là, les tests ont été couronnés de succès et M. Li a été invité à participer à un séminaire sur ce sujet organisé par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).« La FAO m’a invité à présenter un rapport académique, ce qui prouve leur conflance à l’égard du niveau des experts chinois et conflrme l’image de la Chine comme d’un grand pays responsable. C’est l’expérience qui m’a le plus impressionné », confle M. Li.
« Les conditions des infrastructures sont relativement mauvaises ici. Et les Éthiopiens parlent de très nombreuses langues,ce qui constitue un grand obstacle pour la formation technique. Cependant, nos amis éthiopiens nous ont fait conflance et nous ont aidés à surmoner toutes ces difficultés », conclut-il. CA