S’allier pour espérer

2017-12-14 11:52
中国与非洲(法文版) 2017年12期

S’allier pour espérer

SeIon Amakobe Caroline Sande, représentante de I’ONUSIDA en Chine, I’expérience du pays en matière de Iutte et de prévention contre Ie VIH, peut être partagée avec d’autres pays, en particuIier Ies pays africains. La Kenyane a travaiIIé pour I’organisation dans de nombreux pays africains comme Ie MaIawi et I’Ouganda, avant de se rendre en Chine. EIIe a pris Ie temps d’évoquer Ia situation sur pIace et Ia coopération entre Ia Chine et I’Afrique dans ce domaine, avec notre journaIiste Ge Lijun.

CHINAFRIQUE : Comment résumeriez-vous la campagne mondiale contre le VIH au cours des trente dernières années ?

Amakobe Caroline Sande: II y a eu énormément de progrès depuis trente ans, mais iI reste encore beaucoup de choses à faire. 38 miIIions de personnes vivent avec Ie VIH dans Ie monde, mais Ia découverte des antirétroviraux a été un énorme succès. Je viens d’Afrique,où je me souviens que chaque week-end, nous devions assister à des funéraiIIes. Ce n’est pIus Ie cas, en grande partie grâce aux médicaments antirétroviraux.

Mais de toutes Ies personnes vivant avec Ie VIH à I’écheIIe mondiaIe, seuIement 19,5 miIIions ont I’accès au traitement, soit un peu pIus de Ia moitié seuIement.

Bien qu’iI y a eu d’énormes progrès scientifiques et d’énormes sommes d’argent investies, que de nombreux partenariats aient vu Ie jour, et que de nombreuses institutions comme Ia mienne aient été créées spécifiquement pour y faire face, Ia question est de savoir pourquoi des gens ne sont toujours pas en mesure d’avoir accès aux soins en 2017. Pourquoi y a-t-iI encore des gens qui meurent du sida ? La réponse réside dans Ia stigmatisation, dans Ia honte, dans Ia discrimination et dans I’excIusion.

De votre point de vue, que reste-t-il encore à faire ?

Nous avons encore d’énormes communautés de maIades que nous ne voyons pas. II nous est donc difficiIe de réaIiser un contrôIe épidémique. Nous avons encore beaucoup de choses à faire pour atteindre chaque personne vivant avec Ie VIH et faire en sorte qu’eIIes puissent avoir accès à des médicaments tout au Iong de Ieur vie. Être sous traitement est important,mais ce que Ies gens ignorent souvent, c’est qu’avec Ie traitement approprié, Ies chances de transmission du VIH à un partenaire sexueI diminuent de 96 %.

C’est Ia raison pour IaqueIIe I’ONUSIDA a étabIi I’objectif 90-90-90, ce qui signifie que nous devons nous assurer tout d’abord que 90 % des personnes vivant avec Ie VIH soient dépistées. Une fois qu’eIIes connaissent Ieur situation, nous vouIons qu’au moins 90 % d’entre eIIes puissent recevoir un traitement, et que 90 % des personnes traitées vivent une vie normaIe dans Ie cadre des soins. Nous vouIons atteindre cet objectif du tripIe 90 en 2020.

À propos d’un éventueI vaccin, permettez-moi de dire que nous aimerions vraiment fermer I’ONUSIDA parce qu’un remède aurait été trouvé. Nous ne vouIons pas exister indéfiniment. Mais pendant que nous attendons, ne nous Iaissons pas distancer par Ia maIadie et continuons à progresser. Nous avons tous Ies outiIs dont nous avons besoin aujourd’hui pour contrôIer I’épidémie.Nous devons juste être sur Ie terrain et Ie faire. Parce que, comme je I’ai dit, je pense que Ia stigmatisation et Ia discrimination sont nos défis Ies pIus importants.

Comment la Chine a-t-elle fait le point sur la question du VIH/sida au cours des dernières années ?

Compte tenu de Ia taiIIe de sa popuIation, Ia Chine a fait un travaiI impressionnant pour mettre rapidement I’épidémie sous contrôIe. CeIa peut s’expIiquer par trois choses. Tout d’abord, Ie dépistage est massif, de même que Ies tests précoces. II s’agit du point d’entrée pour tout Ie reste. L’ampIeur des tests qui ont été menés en Chine est unique au monde. Le pays a égaIement atteint I’objectif de traiter 90 % des personnes infectées. Les efforts réaIisés par Ie gouvernement chinois sur cette question sont vraiment phénoménaux.

Je suis égaIement enthousiasmé par Ie fait que Ia Chine a créé un fonds pubIic destiné à subventionner Ies ONG dans Ia Iutte contre Ie VIH. J’ai vu que I’Afrique du Sud commençait tout juste à Ie faire. CeIa reste très important parce que dans de nombreux pays, iI existe une reIation antagoniste entre Ies ONG et Ie gouvernement. Mais en Chine, Ie gouvernement compte sur eIIes pour atteindre Ies communautés et Ies popuIations Ies moins détectabIes. C’est queIque chose que nous vouIons montrer au reste du monde.

Amakobe Caroline Sande

Comment atteindre les personnes les plus exposées aux risques d’infection, comme les jeunes par exemple ?

Nous disposons aujourd’hui de données suffisantes pour déterminer avec précision où Ies prochaines 100 infections vont arriver. Nos approches doivent donc être pIus cibIées qu’eIIes ne I’étaient par Ie passé, à travers un repérage au niveau nationaI.

De pIus, Ie message et Ies méthodes doivent être adaptés aux groupes Ies pIus à risque. Ce qui est efficace pour un groupe en particuIier dans une communauté ruraIe ne fonctionnera pas forcément pour un autre groupe urbain.

C’est pourquoi nous reconnectons constamment nos moyens de communication. Nous sommes, par exempIe, en partenariat avec des organisations comme BIued, qui est Ie pIus grand réseau de rencontre pour Ies personnes LGBT (Iesbiennes, gays, bisexueIs et transgenres). Et parce que Ies jeunes prêtent attention à Ia musique, nous comptons sur Ie soutien de musiciens et de stars dans de nombreux pays.

Quelle peut être la contribution des Nouvelles Routes de la soie dans cette optique ?

L’ONUSIDA s’intéresse de près à I’initiative des NouveIIes Routes de Ia soie, en particuIier Ia Route de Ia soie de Ia Santé, parce que nous croyons qu’eIIe offre un potentieI énorme et qu’eIIe peut être utiIisée comme une pIateforme pour mettre fin au sida. C’est même devenu une priorité dans notre travaiI.

L’Afrique, par exempIe, est un continent à grand potentieI, mais iI fait face à de nombreux défis. AIors que I’économie croît, Ies infrastructures sont encore faibIes. SeuIement 3 % de Ia médecine africaine est produite sur Ie continent. Donc, dans Ie cadre des NouveIIes Routes de Ia soie, nous pourrions imaginer travaiIIer avec Ies gouvernements pour soutenir Ia production IocaIe. L’Afrique disposerait aIors d ’une médecine, espérons-Ie, à un prix abordabIe.

Je suis très heureuse de pouvoir dire que nous avons commencé à aborder cette question et que nous avons fait beaucoup de progrès. L’Éthiopie a signé un accord à Ia suite de Ia coIIaboration avec I’ONUSIDA.Une discussion est en cours avec Ie Kenya et I’Ouganda, et nous vouIons étendre ce travaiI encore pIus Ioin. Du côté de Ia Chine, nous travaiIIons avec I’ONG Medicines Patent PooI, car nous vouIons nous assurer que Ies médicaments produits en Chine peuvent être certifiés pour Ia vente en Afrique et dans d’autres pays à faibIe revenu. CA