Lentement mais sûrement, le rooibos sud-africain se taille une niche dans le marché millénaire du thé chinois par François Dubé
Opportuni-thés
Lentement mais sûrement, le rooibos sud-africain se taille une niche dans le marché millénaire du thé chinois par François Dubé
Le rooibos est particulier parce qu’il est une plante aromatique au gout unique, en plus d’être exempt de caféine.
BONNE nouvelle pour les mordus de thé :
plus besoin de s’enrôler dans un long périple pour savourer l’arôme des herbes africaines. Ceux qui souffrent d’une dépendance au thé peuvent désormais apprécier la douceur sucrée du rooibos d’Afrique du Sud au centre même de la capitale chinoise. Dans un petit café au décor minimaliste, coincé dans un hutong de Beijing, la boisson chaude est servie avec une touche d’originalité qui ajoute à l’expérience. L’une des spécialités locales est le chappuccino : la préparation est celle d’un cappuccino classique, mais les grains de café sont remplacés par du rooibos.
« Lorsque nous faisons la promotion du thé rooibos, nous aimons dire à nos clients que ce n’est pas vraiment un thé. Nous mettons l’emphase sur sa nature décaféinée. Nous le vendons principalement aux gens qui aiment l’ambiance des cafés, mais qui sont sensibles à la caféine, » explique la propagatrice de cette recette unique en Chine, Zhang Yipeng. Originaire du Shandong, Zhang, 32 ans, a vécu et étudié au Cap, en Afrique du Sud, pendant de nombreuses années. À son retour en Chine en 2013, elle crée la marque Smash A Cup avec deux amis, pour introduire en Chine cette boisson qu’elle apprécie. lntroduire un thé étranger dans le marché millénaire du thé chinois représente un déf i important, que de plus en plus d’entrepreneurs se proposent de relever en faisant preuve d’ingéniosité et d’innovation.
Le rooibos - qui veut dire « buisson rouge » en afrikaans - est une herbe rouge cramoisi, fortement parfumée, au goût fl oral et sucré. C’est l’une des seules plantes indigènes d’Afrique du Sud à atteindre un statut commercial signif i catif à l’étranger, notamment grâce à ses propriétés. La première utilisation du rooibos (aspalathus linearis) remonte aux premiers habitants des montagnes Cederberg de la province du Cap-Occidental. Ceux-ci appréciaient ses propriétés médicinales. Même s’il est communément appelé « thé », le rooibos est en fait une herbe. Pendant les mois d’été, les plantes sont récoltées, fermentées, et séchées. Sous le soleil d’Afrique, les fl eurs passent du vert au rouge cramoisi.
C’est lors de son séjour au Cap que Zhang découvre cette boisson. Voyant qu’une demande réelle existait pour ce produit en Chine, elle décide d’ouvrir son propre café, Big Small Coffee, où elle vend les produits de Smash A Cup. Aujourd’hui, ses produits à base de rooibos sont livrés à plus de 300 cafés à travers le pays, un chiffre qui ne cesse d’augmenter. « Notre rooibos est de la meilleure qualité qu’il est possible d’exporter, et nous le vendons en quatre saveurs : vanille, honeybush, miel et menthe », explique Zhang. Les clients chinois sont surpris par le goût du rooibos. Si certains considèrent que la boisson manque de « force », d’autres sont charméspar sa douceur. « Nos clientes, en particulier, apprécient beaucoup le rooibos, car elles aiment son goût sucré, soyeux, et doux », aff i rme Zhang.
Mais le meilleur argument en faveur du rooibos demeure ses bienfaits pour la santé. Une étude scientif i que publiée en 2008 dans le Journal européen de pharmacologie, montre qu’il est riche en quercitrine, ce qui lui confère des propriétés antiallergènes, anti-cancéreuses et anti-inf l ammatoires. ll a également des effets bénéf i ques importants sur l’hypertension et les inf l ammations.
Papp’s Tea est un des endroits de Beijing qui offre l’expérience du thé rooibos.
Le déf i à venir pour le rooibos sera d’être commercialisé à grande échelle.
Pour cela, il sera essentiel de le populariser parmi les jeunes consommateurs chinois. Créé par l’Américain Martin Papp en 2015, Papp’s Tea est une jeune start-up qui cherche à faire du thé un produit tendance, alors que le café est bien plus à la mode chez la jeune clientèle chinoise. Le rooibos est une aubaine pour l’entreprise de thés car - paradoxalement - il ne s’agit pas d’un thé ! C’est donc une excellente manière d’attirer un autre type de consommateurs. « Ce qui rend le rooibos différent, c’est que ce n’est pas réellement un thé. ll a une odeur unique, un goût unique, et il ne contient pas de caféine », explique à CHINAFRIQUE Jerrod Weston, dégustateur chez Papp’s Tea. « ll n’y a vraiment aucune excuse pour ne pas en boire, c’est simplement une boisson fantastique qui n’a pas d’effets secondaires. C’est tout bonnement savoureux ! »
Dans ce magasin coloré de Sanlitun, cœur commercial de Beijing, le rooibos côtoie les grands thés chinois - Pu’er, Jinglong et Oolong -en plus des autres classiques mondiaux. Le rooibos est aussi intéressant pour Papp’s Tea en raison de sa versatilité. En effet, il se mêle bien à d’autres produits. « Le rooibos est un atout pour l’entreprise. C’est intrigant, quelque chose de différent. C’est une de nos spécialités, qui nous différencie », conf i e à CHINAFRIQUE l’employé de 41 ans.
Les plus grands obstacles auxquels doivent faire face les vendeurs de rooibos en Chine ne se trouvent pas en Chine, mais bien à l’autre bout de leur chaîne d’approvisionnement, en Afrique du Sud. En effet, le rooibos ne pousse pas à l’extérieur de l’Afrique du Sud, ce qui offre de facto au pays et à la région du Cap un monopole sur le marché mondial. « Le plus grand déf i auquel nous sommes confrontés n’est pas l’acceptation par les clients [chinois], mais bien l’approvisionnement en provenance d’Afrique du Sud. Alors que la demande mondiale de thé rooibos ne cesse de croître, y compris en Chine, nous sommes parfois inquiets de ne pas être en mesure d’acheter à un prix raisonnable les produits de qualité dont nous avons besoin », avoue Zhang.
Selon un rapport du ministère de l’Agriculture, des Forêts et des Pêcheries d’Afrique du Sud, publié en 2013, le pays produit autour de 12 000 tonnes de rooibos par an, dont environ la moitié est exportée vers plus de 30 pays. À l’heure actuelle, les principaux marchés sont l’Allemagne, l’Angleterre et le Japon. Selon les chiffres du Conseil sud-africain de rooibos (CSAR), une organisation indépendante représentant les producteurs de rooibos, en 2015, la Chine continentale représentait moins de 2 % des ventes mondiales, avec un total de 91 tonnes exportées, ce qui place le pays au 10erang des marchés. Malgré cette part peu importante de l’exportation vers la Chine, les producteurs locaux ne se découragent pas. Le rooibos représente actuellement 10 % du marché mondial des tisanes. Une fois que le marché asiatique sera devenu plus familier avec le rooibos, le CSAR s’attend à une énorme croissance pour le rooibos vert (non fermenté), qui représente un attrait naturel pour les consommateurs asiatiques. Selon Suzanne Herbst, du CSAR, son organisation fait également des efforts pour augmenter la visibilité du rooibos en Chine, et collabore activement avec l’ambassade d’Afrique du Sud à Beijing pour le promouvoir en Chine.
Lors de la Semaine d’Afrique du Sud, qui s’est tenue à Beijing du 9 au 13 septembre 2016, les participants ont pu déguster gratuitement différents rooibos fournis par le CSAR. Zhang Yipeng, et toute son équipe, était également bien visible lors de la Semaine d’Afrique du Sud. Derrière son stand, on pouvait la voir présenter de nouvelles saveurs à la jeune génération de consommateurs de thé, leur apportant en passant un peu de la chaleur du soleil du Cap. CA
Pour vos commentaires : francoisdube@chinafrica.cn
“Chinese Classics” Series
Great Chinese classics and translations, published in both Chinese and English
The “Chinese Classics” series published by Foreign Languages Press is a collection of ancient Chinese classics and great works of modern Chinese authors. The fi rst set comprises nine ancient classic works including Selected Elegies of the State of Chu, Selections from Records of the Historian, Tao Yuanming Selected Poems, Du Fu Selected Poems, and Selected Tang Dynasty Stories, and fi ve works by Lu Xun (1881-1936), a leading fi gure of modern Chinese literature, which include Dawn Blossoms Plucked at Dusk, Wild Grass, Lu Xun Selected Poems and The True Story of Ah Q. The translators are all internationally-recognized leaders in the fi eld, including Yang Xianyi (1915-2009), Gladys Yang (1919-1999), Rewi Alley (1897-1987), W. J. F. Jenner (1940- ), and Fang Chong (1902-1991), among others.
“Chinese Classics” offers a channel for Western readers to learn about Chinese literature, and provides valuable references for translators and those studying English in China.