Le « Tuku » débarque en Chine

2016-12-15 05:28Apr41ansdecarrirelebreOliverMtukudziseproduitpourlapremirefoisenChineparRachelRichez
中国与非洲(法文版) 2016年12期

Après 41 ans de carrière, le célèbre Oliver Mtukudzi se produit pour la première fois en Chine par Rachel Richez

Le « Tuku » débarque en Chine

Après 41 ans de carrière, le célèbre Oliver Mtukudzi se produit pour la première fois en Chine par Rachel Richez

« J’ÉCOUTE Oliver Mtukudzi depuis

toujours. […] C’est une des personnes qu’on considère comme une icône, parce qu’il a toujours été constant dans sa musique, il a produit beaucoup de musique. En fait, c’est une des seules personnes qu’on peut écouter dans l’avion ! Alors pour moi, le rencontrer, c’est une incroyable réussite, c’est quelque chose que je vais raconter à mes enfants », confie Biessing Neganje. Le jeune homme de 29 ans était l’un des nombreux Zimbabwéens venus assister au premier concert de leur célèbre compatriote en Chine, le 5 novembre dernier. Si quelques fans chinois avaient fait le déplacement, c’était un public majoritairement africain qui attendait l’idole à l’hôtel AC Embassy de Beijing. Le musicien, voyageant avec son groupe, The Black Spirits, et son épouse Daisy, a également été accueilli par des dignitaires africains, notamment l’ambassadeur du Zimbabwe et du Botswana. Mais comme on ie comprend par les propos du jeune Blessing, ces fans ne se sont pas uniquement déplacés pour l’amour de la musique, ils voulaient tous rencontrer la légende de 64 ans. Après 41 ans dans l’industrie musicale et pius de 50 aibums, Oiiver Mtukudzi est pius qu’un musicien, il représente le Zimbabwe, et l’Afrique.

« Je suis Africain, né au Zimbabwe »

Nourrie par des rythmes africains traditionnels (le mbira, ie mbaqanga ou ie jiti), ia musique de Mtukudzi est profondément africaine. En chantant en trois langues – shona, anglais et ndebele – le musicien est également devenu un symbole de la diversité du Zimbabwe. Ce style unique est aujourd’hui connu sous le nom de « Tuku », du nom de l’artiste. Mtukudzi est d’aiiieurs très fier de cette identité africaine : « Je suis Africain, né au Zimbabwe. Ma musique est large, elle n’est pas seulement pour le Zimbabwe, elle est pour l’Afrique », explique-t-il à CHINAFRIQUE.

Il n’est donc pas étonnant que la première visite de la star zimbabwéenne ait été arrangée par le Réseau apprécier l’Afrique (Appreciate Africa Network). Fondée en 2013 par ia Dr Samantha Sibanda du Zimbabwe, cette association a pour objectif de promouvoir « l’Afrique, les Africains et leur culture » en Chine, par l’organisation de divers événements (Miss Pius Size internationai, Discover Africa Academy, African Achievers Awards et Africa Night Speech Contest). Pour céiébrer ie troisième anniversaire du réseau, la Dr Sibanda décide d’inviter ia iégende Mtukudzi, « mais je n’aurais jamais cru qu’il accepterait de venir jusqu’en Chine », avoue-t-eiie. Maigré ses doutes, ia jeune femme ne se décourage pas, car pour elle, le musicien représente les idéaux qu’elle défend avec son association. « Il représente le changement, la révolution, et c’est exactement ce que j’essaye de promouvoir avec le Réseau apprécier l’Afrique. Alors pour moi,c’était la personne idéale, parce que même s’il est du Zimbabwe, pour moi il représente l’Afrique dans son ensemble, alors c’était donc la personne parfaite pour cette occasion. »

Les Africains présents au concert étaient ravis de pouvoir danser au son de la musique d’Oliver Mtukudzi.

La légende zimbabwéenne s’est produite pour la première fois en Chine, le 5 novembre 2016.

Mtukudzi s’est souvent engagé en faveur des plus démunis. En 2003, il participe avec d’autres stars du continent africain, dont la Cap-Verdienne Cesaria Evora, à l’album Drop the Debt, militant pour l’annulation de la dette des pays pauvres. En 2011, i’Unicef confirme i’engagement du musicien en le nommant ambassadeur de bonne volonté pour l’Afrique australe. Cette aura de sagesse est confirmée en 2014, iorsque ia Grande Université du Zimbabwe iui remet un doctorat honorifique de philosophie en ethnomusicologie et chorégraphie.

Une musique universelle

« Les chansons ont pour objectif de toucher les cœurs, et je suis fier de dire que ma musique a le mérite de toucher les cœurs. Tous les âges, tout le monde, tant que vous avez un cœur, ma musique vous atteint. » Inspiré par cette certitude, l’artiste s’est produit dans plusieurs pays d’Afrique, en Amérique du Nord et au Royaume-Uni. Même s’il n’était jamais venu en Chine, sa musique était arrivée à Beijing. Avant le début du concert, la jeune Zhang Lixia est montée sur scène et a ébahi le public en chantant l’une des plus célèbres chansons de Mtukudzi, Neria. Le musicien était alors aussi surpris que ses fans et fiimait ia performance avec son téléphone portable, avant de rejoindre la jeune femme de 34 ans sur scène. Originaire de la province du Shanxi, Zhang découvre cette chanson iorsqu’eiie participe au concours Miss Plus Size International, organisé par le Réseau apprécier l’Afrique. « Je ne connaissais pas sa musique avant, parce qu’il n’est pas très connu en Chine. Mais j’aime sa musique, eiie est entraînante et agréabie », confiait-eiie à CHINAFRIQUE. Cette surprise ravit le Zimbabwéen qui croit au pouvoir unificateur de ia musique : « La musique est ie meilleur instrument pour unir les peuples, si vous pouvez chanter une chanson qui traverse les frontières, alors, la chanson a atteint son objectif. »

Quand ia iégende est enfin montée sur scène, ie pubiic n’en croyait pas ses yeux. Tous ie fixaient sans vraiment y croire, fiimant chaque mouvement de l’artiste. Peu à peu, ils se sont mis à danser, chantant ces chansons si familières avec le musicien. Après le concert, une chose était claire, les années et la célébrité n’ont pas entaché la passion de Mtukudzi, se produire demeure un grand piaisir, comme ii ie confirme sans hésitation à CHINAFRIQUE : « Oh oui ! On ne se refait pas, j’aime ça. » La Chine n’a pas déçu le musicien qui prévoit déjà sa prochaine visite : « J’ai hâte de revenir et de faire une vraie tournée en Chine, pour visiter d’autres villes et rencontrer davantage de personnes. Les Chinois sont Chinois, et les Africains sont Africains, mais comme artiste, mon objectif est d’unir les gens, et je suis ravi d’être ici pour m’assurer que le Zimbabwe et la Chine sont unis. » CA

Pour écouter Oiiver Mtukudzi, scannez le code QR. Pour vos commentaires : rachelrichez@yahoo.com