Leçons agricoles en Éthiopie
Les experts chinois apportent le miracle d’une irrigation économe aux agriculteurs éthiopiens par Liu Jian
Les centres de démonstration mis en place par les experts chinois sont très utiles pour la formation pratique des étudiants et le transfert de technologies aux communautés voisines et aux agriculteurs locaux.
Temertu Sahlu, vice-chancelier de l’ATVET d’Alage, en Éthiopie
LE melon des neiges est blanc, vert ou jaune à
I’extérieur, et croquant et sucré à I’intérieur. II est égaIement appeIé meIon hami, du nom de Ia viIIe éponyme de Hami dans Ia région autonome ouïgoure du Xinjiang, où iI pousse abondamment.
Yushanjiang Maimaiti a 36 ans et est originaire du Xinjiang. II rayonne de fierté à Ia vue des meIons hami, qui poussent déIicatement dans Ie petit Iopin qu’iI cuItive de manière assidue depuis cinq mois. Le terrain ne se trouve cependant pas dans Ie Xinjiang, mais au sud d’Addis-Abeba,à AIage en Éthiopie. L’événement est historique, car iI s’agit du premier meIon hami qui pousse sur Ie soI éthiopien.
Lorsque cet expert de I’Académie des sciences agricoIes du Xinjiang vient enseigner à I’Université d’AIage pour Ia formation technique et professionneIIe à I’agricuIture(ATVET) dans Ie cadre de Ia coopération sino-éthiopienne, iI réaIise que Ie cIimat est simiIaire à ceIui de son viIIage dans Ie Xinjiang : beaucoup de soIeiI, mais peu de pIuies.
Après son arrivée à AIage, Maimaiti se rend compte que I’un des défis pour Ies cuItures est Ia rareté des pIuies. En Éthiopie, iI pIeut en moyenne tous Ies quinze jours entre juin et octobre, mais au cours de Ia saison sèche, Ia région d’AIage peut passer des mois sans voir une seuIe goutte de pIuie.
Pour faire face à ce probIème, Maimaiti introduit Ia technique de micro-irrigation, qui apporte I’eau directement à chaque pIant au moyen d’un réseau de tuyaux et d’émetteurs. Pour permettre au système de micro-irrigation d’être pIus efficace, iI fait pousser Ies pIantes dans des trous, faits dans un fiIm pIastique qui recouvre Ie soI. Grâce à cette méthode, iI réussit à faire pousser des meIons, des pastèques,des tomates et du poivre.
Lorsqu’iI essaye d’introduire Ia micro-irrigation au centre de démonstration de I’université, iI rencontre queIques probIèmes. En effet, iI a des difficuItés à se procurer des raccords pour Ies tuyaux. Mais Maimaiti persiste et après deux semaines de recherches, iI finit par Ies trouver dans une entreprise IocaIe de vente de fleurs. Au mois d’avriI, iI forme une quarantaine de techniciens agricoIes de I’État régionaI du BenishanguI-Gumuz (dans Ie nord-ouest de I’Éthiopie)à Ia micro-irrigation et Ie paiIIis pIastique, pour faire pousser des meIons hami et du poivre.
Temertu SahIu, vice-chanceIier de I’ATVET d’AIage,pense que Ia micro-irrigation possède un fort potentieI pour I’Éthiopie, notamment pendant Ia saison sèche : « Nous aIIons bientôt commencer à construire des bassins de rétention d’eau. Après ceIa, nous instaIIerons Ie système de micro-irrigation. » L’université prévoit d’utiIiser Ia micro-irrigation pour faire pousser des meIons hami, des pastèques et du poivre, dans une zone de trois à quatre hectares, puis d’étendre ensuite cette zone. « Nous avons besoin d’un soutien matérieI et technique de Ia part d’experts chinois comme Maimaiti », expIique Temertu SahIu.
La vie n’est pas simpIe pour Ies experts chinois en visite. Ceux-ci doivent faire face au cIimat sec de I’Éthiopie, à une mauvaise connexion internet, à des coupures de courant et à un approvisionnement inadéquat en eau. Cependant, ni Ies conditions de vie difficiIes, ni Ie manque de matérieI et de financements, ne peuvent Ies détourner de Ieur objectif,d’introduire de nouveIIes techniques et technoIogies agricoIes en Éthiopie.
Les visites des experts chinois ont débuté, Iorsque Ies gouvernements chinois et éthiopiens ont accepté de coopérer au sein de I’ATVET en 2001. Au cours des seize années qui ont suivi, pIus de 400 experts chinois provenant de Iycées agricoIes, d’universités et d’instituts de recherche ont travaiIIé sur Ie programme biIatéraI de I’ATVET, introduisant pIus de 70 techniques et technoIogies agricoIesavancées. Au fiI des années, Ies experts chinois ont enseigné 56 cours de botanique, zooIogie, ressources natureIIes et sciences vétérinaires. IIs ont formé près de 2 100 enseignants Iocaux, 1 300 techniciens agricoIes et 39 000 étudiants, dans treize Iycées professionneIs.
Duan Zhenhua, un vétérinaire du Centre de prévention et de contrôIe des maIadies animaIes de YuIin dans Ia région autonome zhuang du Guangxi, a déjà passé deux ans en Éthiopie pour un projet de coopération agricoIe. En février 2015, eIIe s’est porté voIontaire pour y retourner et former 45 vétérinaires éthiopiens pendant deux semaines, et Ieur montrer comment stériIiser Ies béIiers et Ieur donner des injections. « Les étudiants d’ici sont bons au niveau théorique, mais iIs manquent de compétences pratiques, expIique Chen Xiongzhen,un expert en séricicuIture. J’espère que je pourrai Ieur enseigner pIus de techniques pratiques. »
Su Xuejun, un expert de Ia Station des soIs et des engrais de Nanning dans Ie Guangxi, a mis en pIace des fiIets de deux mètres de haut pour protéger Ies semis du soIeiI brûIant. Au totaI, ce sont près de 70 000 pIantes de sept variétés différentes, qui ont été semées. Près de 700 étudiants ont fait un stage et pIus de 100 techniciens agricoIes Iocaux ont été formés.
« Grâce à ces nouveaux fiIets, Ia quaIité des semis a grandement augmenté, expIique I’expert. J’ai appris aux enseignants éthiopiens Ia façon de Ies utiIiser et de Ies entretenir pour protéger Ies semis. »
Après avoir évaIué Ie cIimat et Ie soI IocaI, Su Xuejun a égaIement introduit Ie système d’équiIibrage des cuItures, qui intègre Ies technoIogies de conservation des soIs, de coIIection des eaux de pIuie et de recycIage des résidus végétaux : « II est apparu, que ce nouveau système apportait une augmentation stabIe et durabIe dans Ie rendement des récoItes. »
En pIus d’améIiorer Ies compétences pratiques des étudiants et des enseignants éthiopiens, Ies enseignants chinois ont égaIement travaiIIé avec Ieurs homoIogues éthiopiens pour construire des viviers, des pouIaiIIers,des éIevages de vers à soie, des serres et des parceIIes agricoIes modernes, afin de présenter des technoIogies pratiques et d’introduire de nouveIIes variétés cuItivabIes.
« Les centres de démonstration mis en pIace par Ies experts chinois sont très utiIes pour Ia formation pratique des étudiants et Ie transfert de technoIogies aux communautés voisines et aux agricuIteurs Iocaux », concIut Temertu SahIu. CA
Su Xuejun montre à un de ses étudiants comment faire pousser des plantes avec un film protecteur.
Yushanjiang Maimaiti et deux fermiers locaux montrent fièrement leurs melons hami.
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