C’est l’heure du thé !

2016-09-12 03:19
中国与非洲(法文版) 2016年2期



C’est l’heure du thé !

Le e-commerce relie l’industrie traditionnelle du thé du Guizhou à une clientèle plus large par Yu Nan

La première chose que fait Cai Banghong chaque matin, c’est vérifier les chiffres de vente des diverses marques de thé de son magasin électronique, Hmongling Tea Garden, avant de faire circuler l’information promotionnelle et de recueillir les réactions des clients sur ses produits. Depuis deux décennies, M. Cai travaille au développement de son entreprise. Malgré ses débuts modestes, c’est désormais une compagnie moderne intégrant la production, le traitement et la vente. En tant que président de l’association Guizhou Du Yun Maojian Tea Co., M. Cai aide aussi les fermiers locaux en dirigeant une plantation de thé coopérative d’environ 16 000 mu (1 067 hectares). Malgré son succès, M. Cai avait besoin de nouveaux défis, ce qui l’a conduit à la vente commerciale en ligne. ll voulait élargir la clientèle de sa marque de thé, et avec l’avènement des réseaux sociaux et du commerce électronique, son rêve s’est réalisé en moins de six mois. Son magasin en ligne est rapidement devenu populaire, et aujourd’hui, le thé noir qui porte son nom, Cai Banghong, est le plus populaire.

Construire une marque

Jing Linbo partageait le rêve de Cai de développer sa propre marque. M. Jing est du village de Hetaoba, une grande région de culture du thé dans la province du Guizhou, dans le sud-ouest de la Chine, où 868 familles sont impliquées dans la plantation et la transformation du thé. Le revenu par personne des fermiers locaux a atteint 14 200 yuans (2 157 dollars) en 2014. Mais ceux-ci n’étaient pas satisfaits de gagner de l’argent seulement par la production du thé, ils visaient le e-commerce. En 2015, M. Jing fait enregistrer sa marque et promeut son thé vert par internet.

Son collègue Liu Shengyan recrute du personnel qualifié dans le commerce en ligne, dans l’espoir d’ouvrir d’autres boutiques avant la production du thé du printemps. Actuellement, des dizaines de compagnies de thé dans le village ont accru leur présence dans Tmall et JD. Com, les géants chinois de la vente au détail, et leurs profits augmentent d’année en année. L’internet à haute vitesse, présent partout, permet l’intégration en profondeur de la technologie de l’information et de l’industrie traditionnelle.

Jouissant d’un climat subtropical et d’air sans pollution, le Guizhou est un endroit idéal pour produire du thé de haute qualité. Ces dernières années, le gouvernement provincial a vigoureusement appuyé l’industrie par des mesures d’encouragement. Le Plan d’action de trois ans pour l’industrie du thé au Guizhou, publié en 2014, accorde une fière place à la construction d’une marque. Selon ce plan, en 2016, le Guizhou devrait avoir une surface plantée de plus de 7 millions de mu (467 000 hectares) et compter plus de 3 000 usines de transformation d’une capacité de production annuelle totale de 270 000 tonnes de thé. Le revenu total de l’industrie du thé devrait dépasser 50 milliards de yuans (7,6 milliards de dollars). Le rôle des marchands de thé en ligne dans la réalisation de cet objectif ne doit pas être sous-estimé. Les gens du milieu prévoient que le revenu de la vente en ligne de thé dépassera 100 milliards de yuans (15,1 milliards de dollars) dans cinq ans, alors qu’il était estimé à 10 milliards de yuans fin 2014.

Cai Banghong croit que l’industrie doit faire plein usage de la technologie de l’information pour fournir des services d’experts, accompagnant la croissance rapide du e-commerce. Selon lui, la communauté numérique –honnête, ouverte et transparente – peut rendre le marché encore plus transparent. Outre des photos et illustrations détaillées des produits du thé, M. Cai présente également en ligne les détails de la production, de la cueillette à la transformation. « Comment pouvez-vous amener les clients à payer pour des produits comme le thé quand ils ne peuvent pas le goûter ? Alors, il faut de l’information détaillée ; plus les clients auront confiance, plus ils croiront en la qualité garantie de votre thé », confie-t-il à CHINAFRIQUE.

Un marché de précision

Le lien entre l’industrie traditionnelle du thé, une entité visible et tangible, et le e-commerce, une industrie d’information virtuelle et émergente, a produit une fantastique « réaction chimique ». Zhang Guanghui, directeur de la coopérative des cultivateurs de thé Luo Shi Ke Riverside de Duyun, au Guizhou, pense que la technologie joueun grand rôle dans le commerce du thé en permettant aux consommateurs de voir le lien dans la chaîne de l’industrie du thé, de la production à la transformation et à la vente.

M. Zhang, avec une bonne centaine de fermiers, n’a pas seulement établi et standardisé une base de production à large échelle, mais a aussi eu recours à internet, recueillant les commentaires des acheteurs pour mieux les guider – par exemple, en expliquant comment infuser le thé ou quelle est la température idéale de l’eau pour chaque variété. Les commentaires deviennent également un guide pour les cultivateurs de thé qui peuvent choisir les variétés les plus recherchées par les consommateurs.

En comparaison avec d’autres producteurs du pays, le e-commerce du thé du Guizhou a commencé tard. Les détaillants sont peu nombreux et font face à la pression de la compétition. Ma Wenbo, directeur général de Guizhou Qian Cha E-commerce Co., n’est pas inquiet. ll voit dans la combinaison de l’industrie traditionnelle du thé et d’lnternet + une occasion prometteuse : « En tant que plate-forme du e-commerce du thé au Guizhou et en tête des produits du thé B2C du marché en ligne, nous travaillons activement à la promotion du thé de choix. »

Après analyse des données de l’internet, Ma a réajusté la stratégie de marché et pris l’initiative de la prévente avant le printemps, de façon à améliorer sensiblement l’efficacité. L’entreprise a vendu pour plus de 1,2 million de yuans (180 000 dollars) en ligne en mars 2015 seulement, et prévoit des ventes plus élevées encore cette année.

Les cultivateurs bénéficient de la vente de thé en ligne

Cultiver les consommateurs

Au cours des huit premiers mois de 2015, l’exportation du thé du Guizhou a totalisé 15,67 millions de dollars, une hausse de 50,2 % sur la même période l’année précédente. Malgré ce succès, le président de l’association du thé des préfectures autonomes Buyei et Miao de Qiannan au Guizhou, Liu Shijie, assure qu’il est important de hausser le sens de marque du thé chinois et de développer de plus en plus une réputation internationale.

Les expositions ordinaires de thé, demeurant le baromètre de l’industrie et du commerce du thé, ont compris les avantages d’internet. En mai 2015, le Festival culturel international du thé et l’exposition de l’industrie du thé, tenu à Zunyi au Guizhou, a fait plein usage d’internet pour présenter l’utilité des expositions de thé, les caractéristiques des produits, et mettre en valeur les exposants. Les clients peuvent non seulement découvrir les mesures préférentielles rapidement et efficacement, grâce à une application mobile et des magasins en ligne, mais ils peuvent aussi commander directement des thés de haute gamme. Ces innovations sont le fruit des efforts du Guizhou pour promouvoir son thé, tout en attirant davantage de marchands de thé.

Plus de 40 entreprises liées à la production du thé sont actuellement présentes en ligne. Chen Xiaoyun, travaillant pour une de ces entreprises enregistrées, fait remarquer que par rapport aux boutiques individuelles éparpillées, les conditions d’enregistrement auprès d’Alibaba Online Tea City sont strictes et exigeantes, et requièrent une série de certifications. De plus, il y a des vérifications de la qualité et de la sécurité du thé.

lnternet peut amener le thé du Guizhou à un autre niveau, mais les magasins traditionnels devraient demeurer et être promus en ligne. Cela reflète la pensée de Cai Banghong. « Ce que nous essayons de vendre est plus qu’une marchandise, c’est une culture », confiait-il à CHINAFRIQUE. Les magasins physiques demeurent des endroits favorables à la diffusion de la culture, par la dégustation face à face et l’appréciation du thé entre commerçants et clients. » CA