● 朱波、盖莲香
香传万代
● 朱波、盖莲香
杜牧《江南春》有诗云:“南朝四百八十寺,多少楼台烟雨中”,从中我们可以窥见香火弥漫的寺庙文化之盛行。谈及寺庙,不能不提及的就是与它休戚相关的“香”。的确,提到香,很多人就会想到祭祀,想到迷信,其实历史上的香不单纯是祭祀用品,它更是一种保健用品,用于人们的日常生活。
古代先民将谷物作为祭品奉献于神明。“香”字即源于谷物之香。“禾”象征着粮食,“日”为口舌之意象。人们口食粮食以获取能量。香,正有作用于全身经络、助人体健康之意。
最早的香是治“和”的,通过烧香,促进人的气血和五脏六腑“和”,阴阳“和”,最后达到人天“和”。
每一款香都有一个境,一个念,化作一种述说,一种赋予。愿变作一只飞舞的蝶,徜徉香间,去读懂它的舞姿,它的韵味。
沉香,人间最单纯悠长的香,脂膏凝结,置水则沉入水底,故得此名。它能平衡中枢神经、镇静情绪、理诸气而调中,是非常珍贵的药材。在佛教中,沉香亦有着很高的地位,是最重要的供养之一。沉香木做成的佛珠佩挂于身上、手腕,念经时拨动,沉香受体温加热,散发出的香气可定神安邪灵。它被视为修行者持戒清静之香,解脱者心灵的芳香;它价逾黄金,堪称最重要的一味香药。沉香,宁静内敛,一旦成就,永不散失。心如沉香,便能不畏世间浮沉。
另有檀香,制作熏香的重要香药,它安神开窍,改善睡眠;驱疫避瘟香,每每睡前燃一支,有预防感冒之功效;助眠香,调节人的心肾,使人心肾相交而有效进入睡眠。然而,浩繁香方中有款被历代读书人推崇的香,它助读生慧,驱散疲惫,这便是“状元伴读香”。话说唐代状元李密备考时,每当倦意来袭,点一炷此香,立刻清醒,并称这香有提升记忆力之奇效。
香,温馨而干燥,清香一炷可佐其心而导其韵。闻香,感到一种莫名的温暖、舒缓。这不仅是一种心理感受,还伴有脑电波、激素、血压等多种生理指标的改变,嗅觉丧失的人闻香亦有明显改善。
早在先秦时期,民间百姓都有随身佩带香物之风气。“扈江离与辟芷兮,纫秋兰以为佩。”(屈原,《离骚》)香草香囊既为美饰,亦有陶冶情志与身心之用,借外在的佩服,修为内在的意志。佩香可警示自己不违道行事,时时近君子而远小人。在农历端午节当天,百姓挂香包,洗香汤浴,抹雄黄酒。宋代时,香已遍及社会生活的方方面面,巷陌飘香。人人都点香。香,成了一种文化。
香,为天地立心,为众生养性。若没有香炉的承受,接受火炼,这袅袅香烟也不可能飘去不可知的地方。静静飘散的烟气如曼妙的云,置身仙境;又如一面镜子,折射出人境的安然与澎湃。任凭心事熔于炉中,烧出一股淡淡的香气,顿时宠辱偕忘,沟通于天地。
“明窗延静书,默坐消尘缘。即将无限意,寓此一炷烟。”(陈去非,《焚香》)
缕缕青烟,给神圣的庙宇带去了几分灵性。传说佛祖释迦牟尼于菩提树下成道后开始弘扬佛法,讲经传道。然而正值印度炎热时节,信徒们昏昏欲睡。于是人们纷纷寻找点燃后能发出香气的木材,那香味白天可提神醒脑、振奋精神,到了晚上还能驱除蚊蚋。这便是佛教中关于烧香的起源。
香为信灵之使。闻香还能使人空灵澄澈,一心向善,不忘时时提醒自己,向大德接近。香,在佛教中是修道的助缘,是最重要的供养之物。上香,是对佛祖、菩萨恭敬的表达。双手合十,虔诚地祷告。睁开眼,那一缕沉香的最高处,菩萨正对着众生微笑。此时此刻,全身沐浴在香气里,静静感受佛祖的馈赠和福报。
心中有佛法的人,无须庄严的道场,不必正襟危坐,任何时间任何地点,都流露着自性的芳香。儒家认为,真正道德高尚的人能够周身散发本性之香。正如《尚书》中所言,“至治馨香,感于神明。黍稷非馨,明德惟馨。”
而借香烟传达善信心意,也是道教祭祀活动中最重要的一部分。香闻达于无极世界,是通真达灵的信物。
在民间,则流传着“烧头香”的习俗。大年初一,老百姓们常常争着去寺院里“烧头香”。头香,无关先后,并非比较。只要自己心真意诚,即使在家中的佛堂,心香一瓣,也可名之为“烧头香”。而每逢春节、清明节祭祀先祖时,人们也常烧好香,寄托思念,请求祖先保佑,相信福气必会随香气而至。
孤烟翠雾,暗香浮动。香,为儒雅的书房带去几多诗情。吟诗作赋,抚琴品茗,赏花会友,随处可见这位“雅士”的身影。香,虽不可口食,却能濡养性灵。宋代就有十几部专门介绍香的著作。北宋诗人黄庭坚以“香癖”自称,他常自制熏香寄赠友人,曾以“江南帐中香”为题作诗赠予苏轼,苏轼亦和之。在一首为香所作的诗中写道:“隐几香一炷,灵台湛空明。”香为文人启迪才思,文人的妙悟也使香的内涵变得厚重了。
《红楼梦》中,这个香气氤氲的大观园不知牵引着多少人的心。书房、闺房、厅堂,寺院皆有香。从元春省亲时焚烧的“百合之香”(一种熏香)到宝钗的“冷香丸”;从贾母八十大寿时的寿礼“沉香拐柱”到宝玉挨打后所服的“玫瑰清露”……梦回红楼遍拾香,合上书,香气久久不能散去。
还记得《西厢记》中张生与崔莺莺的初相遇。于庄严神圣的佛殿邂逅爱情,竟为这古今烧香之地增添了几分浪漫的气息。莺莺走后,香气留存。“兰麝香仍在,佩环声渐远。”(王实甫,《西厢记》)
历经岁月,香始终如无声地细雨滋润着文人的心灵,催生妙悟,萌发灵感。那灵感不在别处,蓦然回首,它就在心灵深处灯火阑珊之地,迎风飞舞。
在古代,品香与茶道、下棋博弈、吟诗作画同为一项高雅的艺术。无论文人墨客还是平民百姓都好香、乐香。之后由于战乱与社会动荡,许多中国传统文化的传承曾一度中断。香,亦不能幸免。然而,香所固有的美好始终吸引着众人去探寻她的美,她的奥秘。
最典型的莫过于传统药香手工技艺第五代传人李时亮。面对重拾这一家族本业的重重阻力,他决不放弃,为的便是将这中华文明的“香火”传承下去。对他而言,做香时遇到的苦仿佛都不是苦,而是精进的法门,是一种修行。不管走到哪里,李时亮都热心地给当地人讲解香的知识和传统文化的故事。他并非想让人们记住自己做的香功效多大,只愿那些被遗忘的传统文化“回归”。
许多地方也在以自己的方式滋养着香文化。看那各地香博会,香药、香炉、香具展,如火如荼;看那妙峰山香会,无数朝拜者上香、进香,好不热闹;再看那香学研修班,俨然成为身处都市喧嚣的人心灵的驿站,温馨的港湾。习香通心,那渗入鼻根的香气,或馥郁,或清新,或醇厚。从香气的芬芳,近而感受其中的诗意、灵性及禅意。而一些古色古香的街头小店里,也常会看到包装精美的各类熏香,醉人的香与匠心独运的设计相得益彰,那美,宛若一件件高雅的艺术品。
香是祖宗留下来的好东西,是中华文化无形的脉。中华传统文化凝聚着华夏儿女共同的血汗,看似温婉流长,实则有力动人,震慑心灵。从中,我们闻到了一个民族的香气。
如凤凰涅槃一般,香,必能浴火重生。
香,净化心灵,如同观看敦煌岩壁上的飞天图一样,总会让看的人不自觉驻足,随着思绪一起飞至那几千年前的历史尘埃中去揭开层层神秘的面纱。
香,怡情养性,于烟雾缭绕的细若游丝中找寻历史的点点滴滴。那一个个明晃不定的善男信女,那一座座寂静沉敛的深山古刹,他们心中不灭的信仰却坚定地传至了跨越时空的我们这里。香,与中华文明同源。中国文化就是传心。中华民族追求的是,“香火永续,万古流芳。”
时空不再,香传万代。
« Dans les quatre cent quatre-vingts monastères des dynasties du Sud,/Combien de pavillons et de terrasses restent encore dans la brume et la pluie?»aécrit le poète Du Mu(803-852)dansPrintemps au Sud du Fleuve.Il traduit la prospérité des monastères dans le passé.Lorsqu'on parle d'un temple,on doit mentionner l'encens qui lui estétroitement lié.Et lorsqu'on évoque l'encens,c'est pour certains,d'abord la superstition attachée aux sacrifices faits aux dieux qui leur vientàl'esprit.En fait,dans l'Histoire,l'encens ne jouait pas simplement un rôle d'offrande,il s'agissait surtout de la protection de la santé des fidèles dans la vie quotidienne.
Dans l'Antiquité,nos prédécesseurs utilisaient des céréales comme offrandes.Le caractère香(xiang)est précisément venu du parfum de ces offrandes:le禾(he)symbolise des grains,le日(ri),l'image de la bouche.On acquiert de l'énergie par la consommation des céréales.L'encens est destiné à faire fonctionner les méridiens du corps dans la médecine traditionnelle chinoise etàaméliorer la santé.
Une vie débordante d'encens
L'encens primitif n'avait d'autre fonction que d'établir l'harmonie entre l'homme et le ciel.En brûlant,il favorise une harmonie entre les souffles et le sang,entre les cinq organes et les entrailles,entre le Yin et le Yang.
Chaque type d'encens correspondàune situation particulière etàun idéal,qui se traduisent en forme de narration et d'espoir:être un papillon virevoltant dans sa fumée pour mieux se pénétrer de son style d'évolution et en apprécier la grâce.
Le parfum de l'encens le plus pur et le plus tenace au monde est celui de la résine de l'aquilaria.Sa résine est d'unetelle densitéqu'elle peut couler rapidement au fond de l'eau.C'est pourquoi il porte son nom chinois«沉香».Ingrédient précieux dans la médecine chinoise,il contribueàl'équilibre des centres nerveux,àl'apaisement du fidèle,àla respiration,età l'astringence des intestins.Dans le bouddhisme,l'aquilaria jouit d'un grand prestige,ce qui en fait une des offrandes les plus importantes.Les bouddhistes débitent leur chapelet en calambac portéau poignet ou sur le corps lors de la récitation des prières.Sous l'influence de la chaleur du corps,l'arôme de l'aquilaria se répand plus facilement,ce qui sertàchasser des démons.La fragrance réputée pour calmer le cœur des croyants passe également pour le parfum de l'âme.Considéré comme le médicament aromatiques le plus important de tous les encens,l'aquilaria coûte plus cher que l'or.Une fois formé,l'encens tiré de la résine de l'aquilaria ne disparaît jamais.Cet encens rend fort en face de toutes les difficultés que l'on peut rencontrer.
Autre type d'encens,le santal est un médicament aromatique.Il s'utilise pour apaiser les soucis de cœur et améliorer la qualitédu sommeil;l'encensQuyibiwenxiangalluméchaque soir avant d'aller se coucher,empêche d'attraper la grippe;l'encensZhumianxiang,qui agit dans la coordination entre le cœur et les reins,permet de s'endormir plus vite.Cependant,parmi les innombrables types d'encens,celui qui est le plus estimépar les lettrés de toutes les dynasties dans l'histoire est l'encensZhuangyuanbanduxiang.Celui-ci contribueàfaciliter la lecture,àaccroître l'intelligence età chasser la fatigue.Ilétait une fois,Li Mi,un disciple sous la dynastie des Tang,qui en brûlait lorsque la fatigue se faisait sentir lors de la préparation de ses examens;il ne se réveillait tout d'un coup qu'après l'avoir allumé.Selon lui,une bonne mémoire procède de cet encens mystérieux.
Doux et sec,un bâton d'encens en se consumant procure la sérénitéet développe les goûts esthétiques.On ressent par son parfum une douceur et un soulagement inexprimables.Non seulement exerce-t-il son influence au niveau psychologique,mais encore sur de multiples aspects physiologiques tels que les ondes cérébrales,la sécrétion des hormones et la tension artérielle.Il est également favorable à ceux qui ont un défaut d'olfaction.
A l'époque d'avant la dynastie des Qin,les peuples avaient coutume de porter des objets aromatiques sur eux.«Garance et angélique paraient mes vêtements,l'orchidée automnale pendait àma ceinture.» (Qu Yuan,Bouleversement de la séparation)Des gousses de vanille montrent de jolis ornements et façonnent la personnalité.C'est-à-dire qu'une volonté inébranlable régularise par la décoration externe la normalisation des comportements.On recourtàl'accroche de l'encens de sorte qu'on soit loin de l'homme de peu.Le jour du double 5,selon le calendrier lunaire,le gens portaient habituellement différents sachets,se baignaient dans de l'eau pleine de médicaments aromatiques et se mettaient sur le corps de l'alcool de Shaoxing.A l'époque des Song,l'usage de l'encens s'estétenduàtous les aspects de la vie sociale.De génération en génération on disait que les ruelles et les sentiers sont chargés du parfum de l'encens.Chacun brûle de l'encens.Ainsi l'encens devient-il une pratique culturelle.
L'encens est présent pour le ciel et la terre,et cultive la nature originelle desêtres animés.Sans l'épreuve du feu des brûle-parfums,des spirales de fumée ne pourraient jamais flotter au loin.Comme des nuages gracieux,sa douce fumée dans l'air ressembleàun paysage féerique;telle un miroir,elle reflète la paix et l'agitation du monde.Laissons fondre tous les tracas au fond du brûle-parfum dans le but de répandre une fragrance douce.Ivre dans la communion entre ciel et terre,on demeure soudain indifférent devant les faveurs accordées et les humiliations essuyées.
Des sacrifices baignés d'encens
«Le livre des soutras ouvert devant une fenêtre claire,la contemplation en position assise purifie doucement mon cœur.Une riche impression issue d'une fumée d'encens,Toutes mes profondes inspirations y sont inscrites.» (Chen Qufei,Brûler de l'encens)
Des volutes de fumée apportent au temple sacré une intelligence innée.Dans la légende populaire,c'est aprèsêtre devenu bouddhiste sous l'arbre des conseils que le Bouddha Sâkyamuni a commencéàpropager comme missionnaire les doctrines des anciens sages.Or en Inde en plein été,sesdisciplesétaient tous assoupis.Pour remédieràcette difficulté,on s'est misàchercher du bois pouvant répandre une odeur agréable qui les maintient en éveil et en pleine forme.De surcroît,ce parfum chassait les moustiques le soir.Voilà l'origine du recoursàl'encens dans le bouddhisme.
L'encens est un ambassadeur de conviction.Humer de l'encens nous rend pur,éclairéet bienveillant et nous rappelleà tout momentànous rapprocher de la vertu.Dans le bouddhisme,l'encens,offrande indispensable,intervient dans la pratique cultuelle.L'expression respectueuse envers le bouddha est l'encensement pendant lequel nous joignons les dix doigts et récitons des prières avec dévotion.Les yeux ouverts,nous voyons le bouddha sourireàtous lesêtres animés en l'espace des volutes les plus hautes de la fumée.A ce momentlà,baignés dans cette odeur agréable,nous ressentons paisiblement les présents et la bénédiction issus du Bouddha.
Même sans un lieu solennel et assis comme il faut,ceux qui appliquent au pied de la lettre la doctrine bouddhique révèlent la fragrance de l'encensàtout moment et en tout lieu.Selon le confucianisme,l'homme moral peut exhaler de tout le corps un parfum aromatique.Le Shang Shu en témoigne:«Grâce au ciel,une époque de prospérité existe pour longtemps.Les céréales ne sont pas les plus délicieuses,c'est la vertu qui est le plus aromatique.»
Une partie importante de l'activitétaoïste des sacrifices aux dieux ou aux ancêtres est la transmission de la bontéavec l'aide de l'encens.L'encens permettant la communication avec unétat magique nous conduit dans un monde sans limites.
Dans le peuple,il est de coutume de faire brûler le premier encens du Nouvel An.Lors du Nouvel An,les habitants affluent au temple pour le brûler.La signification de ce geste du premier encens du Nouvel An ne réside pas dans l'ordre de la présence,mais dans celui de la sincérité.Avec le cœur pieux,on peut même brûler chez soi le premier encens dans la salle destinée au culte du bouddha.Quand nous offrons des sacrifices aux ancêtres pendant la Fête du Printemps ou la Fête des Morts,nous brûlons souvent du bon encens pour exprimer nos condoléances.Nous prions nos ancêtres de nous bénir et nous sommes convaincus que le bonheur résultera de la diffusion duparfum.
Des lettrés chinois inspirés par l'encens
Une fumée solitaire et légère flotte furtivement.L'encens apporte l'inspiration poétique dans le cabinet de travail du lettré raffiné.Dans cette ambiance,des lettrés chinois récitent et composent des vers en chantonnant;ils jouent duGuqinen dégustant du théet rencontrent des amis en jouissant de la beautédes fleurs.Partout se voit donc l'homme distingué.L'encens,qui ne se mange pas,aide néanmoinsàfaçonner notre caractère.Une dizaine de chefs-d'œuvre sur l'encens sont apparus sous la dynastie des Song.Se disant extrêmement passionnépar l'encens,le poète des Song du Nord,Huang Tingjian(1045-1105)en fabriquait souvent lui-même pour l'offriràses amis.Il aécritàson ami Su Shi(1037-1101)un poème intituléL'encens sous la tente au sud du Yangtsé,et Su Shi lui répondit aussi par un poème.Huang Tingjian aécrit dans une de ses poèmes sur l'encens:«Brûlons un bâtonnet d'encens sur une petite tableàencens,Et notre cœur s'éclaire toutà coup.» L'encens ouvre l'intelligence des lettrés chinois et enrichit la connotation spirituelle de leurs propos.
DansLe rêve dans le Pavillon Rouge,ceDaguanyuan(le site d'exposition)empli de brumes abondantes attire énormément notre attention.On peut le trouver aussi bien dans le cabinet de travail que dans la chambre privée d'une jeune fille,ou dans le temple.DuBaihe(un genre d'encens)brûlé quand Jia Yuanchun rentre chez ses parents,auLengxiangwan(fraîche boulette de parfum)de Baochai,de la canne d'aquilaria àla main de la douairière Jia en tant que cadeau de son 80eanniversaire auMeiguiqinglu(hydrolat de rose)pris par Jia Baoyu après avoir été battu,l'encens y abonde.Le livre refermé,les parfums persistent longtemps.
On se rappelle encore la première rencontre inattendue entre Zhang Sheng et Cui Yingying décrite dansLa Chambre de L'ouest.C'est dans ce temple imposant qu'ils succombent tous dans le fleuve de l'amour.L'encens y ajouteégalement une atmosphère romantique.Le parfum persiste même après le départ de Yingying:«Le son des boucles d'oreilles s'éloigne peuàpeu,tandis que l'odeur du musc reste longtemps.»
Malgréle temps qui passe,l'encens comme la pluie fine nourrit toujours l'esprit des lettrés pour qu'ils ne manquent pas d'inspiration ni de bons mots.Les inspirations ne viennent pas d'ailleurs,oscillant au grédu vent,elles sont gravées au fond du cœur.
L'encens d'aujourd'hui
Dans l'antiquité,l'usage de l'encens,de même que la cérémonie du thé,le jeu deséchecs,la récitation des vers et la pratique de la peinture,sont tous estimés comme des arts hautement distingués.Autant les anciens lettrés que les gens du peuple,tous aiment trouver le plaisir de l'encens.Par suite du chaos causépar la guerre et l'agitation sociale en Chine,la transmission de nombreuses cultures traditionnelles chinoises s'est interrompue pendant une certaine période.Et l'encens n'a paséchappéàcette interruption.Pourtant,la qualitéinhérenteà l'encens nous attire toujours sur la voie de la découverte de son charme et de son mystère.
Rien n'est plus exceptionnel que Li Shiliang(1980-),héritier de la cinquième génération d'artisans de la médecine aromatique chinoise.Malgréla pression de sa famille pour retourneràl'ancien métier de sa famille,il n'abandonne sa vocation pour rien au monde.Il n'a qu'un but:transmettre le feu de l'encens de la culture chinoise.Les difficultés de sa fabrication lui semblent plutôt un sujet de réjouissance,un accès aux honneurs,àla vertu,etàla pratique de la vie religieuse.Où qu'il aille,il transmet spontanément ses connaissances de l'encens par la narration des histoires de la culture traditionnelle,non qu'il vante l'encens qu'il a lui-même fabriqué,mais son but est de retrouver la culture traditionnelle perdue.
Dans certaines régions,la culture de l'encens se répand de son propre moyen:l'exposition de l'encens,des médicaments aromatiques,des brûle-parfums et des ustensiles est en pleine expansion.Une multitude de pèlerins vont offrir de l'encens lors de la foire animée au Mont Miaofeng.Des formations sur l'art de produire et d'apprécier l'encens sont bien devenues le relais de l'âme et de la douceur dans une ville bruyante.La pratique de l'encens réveille nos sensations profondes.Le parfum qui atteintles narines semble suave,frais et corsé.De sa fragrance,résultent les poèmes,l'intelligence et le zen.Dans les boutiques décorées au charme antique,situées au coin de la rue,on peut souvent découvrir toutes sortes d'encens emballés joliment.Leurs arômes sont d'autant plus enivrants que leur création est ingénieuse,et que leur beautéest semblableàcelle de toutes les œuvres artistiques raffinées.
L'encens est comme un vaisseau invisible de la culture traditionnelle que nous ont léguénos ancêtres.Souple et tendre en apparence,touchante et saisissante en réalité,la culture traditionnelle se cristallise autour de la sueur et du sang des Chinois.Nous sentons ainsi les parfums aromatiques d'une nation.
Comme le phénix du Nirvana,l'encens estàmême de se renouveler certainement dans le feu.
L'encens aideàpurifier notre esprit.Comme les fresques de Dunhuang qui ralentissent le pas des visiteurs,l'encens mystérieux nous replonge dans une foule de pensées dans les poussières de l'histoire vieille de mille années afin de nous la dévoiler progressivement.
Faisant du bien moralement,l'encens nous inviteà chercher dans les spirales de sa fumée des traces très fines de l'histoire.Tous les fidèles bouddhistes,hommes et femmes,tous les anciens monuments,même les plus reculés dans les montagnes,les vieux temples et les pagodes anciennes,témoignent d'une confiance ferme et vive qui a traversél'espace et le temps jusqu'ànos jours.L'encens tire son origine de la civilisation chinoise.La culture chinoise est celle de la transmission de l'esprit.Ce que la nation chinoise poursuit n'est rien d'autre que la perpétuité du feu de l'encens et son impérissable renommée.
Siècle après siècle,l'encens perdureàtravers l'espace et le temps.
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傅京亮,《中国香文化》,齐鲁书社,2008.
潘奕辰,《香·生活》,中央广播电视大学出版社,2013.
Pimpaneau Jacques,Anthologie de la littérature chinoise classique,Philippe Picquier,2004.
L'encensàtravers les siècles
● 中国传媒大学 盖莲香、朱波