Une journée inoubliable

2019-07-31 06:46
中国与非洲(法文版) 2019年7期

La Journée de l'Afrique : une célébration identitaire pour un avenir commun

Chaque année, la Journée de l'Afrique est célébrée partout dans le monde,principalement le 25 mai. Cette journée commémore l'anniversaire de la signature des accords de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA), datant du 25 mai 1963. Elle est le symbole du combat mené par l'Afrique pour sa libération, son émancipation et son développement. À cette occasion,Martin Mpana,ambassadeur du Cameroun et doyen du corps diplomatique africain à Beijing, etRahamtalla Mohamed Osman Elnor,premier représentant de l'Union africaine (UA) en Chine, se sont entretenus avecGe Lijun,journaliste deCHINAFRIQUE,au sujet de la célébration de la Journée de l'Afrique et de la coopération sino-africaine dans le cadre de la promotion des caractéristiques de l'UA. Voici une version révisée de leurs réactions :

La Journée de l'Afrique célèbre l'unité et l'intégration du continent africain.

CHINAFRIQUE : Quelles sont les signi fications de la Journée de l'Afrique ?

Martin Mpana :Pour les Africains de manière générale, la Journée de l'Afrique signi fie la libération de l'Afrique. C'est ainsi que le père fondateur et les initiateurs de ce projet l'ont conçu. C'est à la première conférence des États indépendants, qui s'est tenue à Accra, au Ghana, en avril 1958,que l'idée d'avoir la Journée de l'Afrique a émergé, pour célébrer le mouvement de libération en Afrique. Mais en même temps,que faire pour la suite ? Devenir unis ! Ce sont les deux ressorts sur lesquels la Journée de l'Afrique a été conçue. Aujourd'hui,l'Afrique, d'un point de vue politique, est un continent libre, et nous ne devons pas oublier ce pour quoi nous nous sommes battus. Au-delà de l'émancipation politique par rapport aux puissances coloniales de l'époque, il est maintenant question de nous libérer sur le plan économique. Donc la lutte continue. L'Afrique divisée ne peut réussir, d'autant plus avec la mondialisation.Par contre, l'Afrique unie constitue un bon marché, un bon partenaire de développement et de bonnes opportunités d'affaires.

Rahamtalla Mohamed Osman Elnor :Cet événement est très important, car c'est le jour où l'OUA a été créée, en 1963. De l'OUA à l'UA, née en 2002, l'objectif est le même :l'unité et l'intégration du continent africain à tous les niveaux. Nous célébrons cette journée aujourd'hui parce que nous pensons que cela nous aide beaucoup à uni fier l'Afrique. Nous attendons donc plus de coopération entre nos pays. Nous devons travailler ensemble pour promouvoir l'intégration de tous les pays africains dans l'ordre économique international. La Journée de l'Afrique rappelle également à nos peuples nos réalisations et le chemin parcouru jusque-là.

Malgré de grands progrès, il existe toujours des dé fis pour l'Afrique vers un avenir prospère dessiné par les initiateurs de l'OUA. Alors, comment la Journée de l'Afrique peut-elle jouer un rôle de moteur pour appeler à les relever ?

Martin Mpana :Nous avons des dé fis communs, un avenir commun et un destin commun. Cette journée mérite toujours d'être commémorée et expliquée aux jeunes Africains. La majorité des Africains sont nés bien après l'indépendance, et ne comprennent pas sa portée. Nous, qui sommes nés à l'époque coloniale, savons ce que c'est que de nous libérer du colonialisme. Nous devons donc l'enseigner à nos jeunes et à nos enfants à travers la Journée de l'Afrique. Il faut savoir que nous n'avons pas atteint tous les objectifs assignés par le père fondateur de l'OUA.L'Afrique est vaste et diverse, et connaît des problèmes de paix, de sécurité, de courants terroristes, de santé et d'éducation. Tout cela entrave l'émancipation des hommes, des femmes et des enfants. Ce sont les défis auxquels fait face chaque État. Les pays africains vont continuer de se battre de génération en génération.

Dans ce combat, quel rôle la Chine peutelle jouer pour promouvoir le développement de l'Afrique ?

Martin Mpana :Nous saluons les efforts déployés par la Chine pour aider notre continent à se développer. Pendant la période coloniale, elle a accompagné l'Afrique dans son émancipation. De la même manière,lorsque la Chine a réintégré son siège à l'ONU, c'est grâce aux pays africains qui venaient de gagner leur indépendance. Dans les années 1990, l'Afrique a traversé une crise économique sans précédent, et pratiquement tous les partenaires ont quitté le navire. Or, l'Afrique a besoin de ponts,de routes, de ports et d'aéroports pour se développer. Elle doit s'interconnecter pour établir les bases saines d'un développement économique durable. Ce sont tous ces projets et toutes ces idées émis lors du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA),qui permettent à la Chine et à l'Afrique de s'engager main dans la main pour l'avènement d'un monde nouveau. L'initiative « la Ceinture et la Route » ajoute une dynamique nouvelle. Par ailleurs, j'apprécie la politique de réforme et d'ouverture, parce que c'est un processus qui s'inscrit dans un monde changeant. Cette politique est valable tant pour la Chine que pour l'Afrique, car il faut toujours réformer et s'ouvrir aux autres.

Rahamtalla Mohamed Osman Elnor :La chose la plus importante en Afrique est de savoir comment réduire la pauvreté. Nous avons appris de l'expérience de la Chine.Durant 40 ans de réforme et d'ouverture,elle a réussi à sortir environ 740 millions de personnes de la pauvreté. Nous sommes impatients de pouvoir reproduire ce modèle.

Comment célébrer la Journée de l'Afrique ?Et quelles sont vos opinions sur les échanges culturels entre les peuples chinois et africain ?

Martin Mpana :Au niveau diplomatique,nous avons la chance d'organiser une réception à Beijing, où nous invitons les autorités chinoises, la presse et le milieu d'affaires.Mais, cela ne suffit pas. Il y a quelques semaines, j'ai visité un institut Chine-Afrique dans une université de la province du Zhejiang. Il faut encourager ce genre d'initiative qui essaie de présenter l'Afrique à la jeune génération chinoise. Les échanges universitaires et académiques doivent être promus à un niveau plus étendu pour que les gens soient mieux informés des réalités chinoises et africaines. À cet égard, nos médias doivent y jouer un rôle. Le problème est que nous laissons les autres parler de notre monde. Nous devons en parler nousmêmes, pour nos intérêts.

Rahamtalla Mohamed Osman Elnor :Chaque pays africain la célèbre, mais chacun à sa manière. En tant que diplomates ici à Beijing, nous nous réunissons tous les ans. Nous échangeons des idées pour mieux célébrer cette journée et faisons découvrir aux Chinois notre cuisine, nos danses et nos traditions.

En ce qui concerne les échanges culturels, ce n'est pas nouveau, surtout depuis le dernier Sommet de Beijing du FCSA en septembre 2018, qui a renforcé ce type de relations entre la Chine et l'Afrique. Nous avons des missions médicales et agricoles chinoises envoyées en Afrique. Beaucoup de Chinois travaillent aujourd'hui en Afrique et de nombreux Africains habitent en Chine également. C'est aussi une sorte d'échanges culturels. La communication entre les universités et les étudiants contribue aussi au développement des relations culturelles. CA