par Xia Yuanyuan
La première édition de l'Exposition économique et commerciale sino-africaine devrait porter les relations commerciales entre la Chine et l'Afrique vers de nouveaux sommets, en permettant aux différentes parties prenantes de saisir des opportunités abondantes
La ville de Changsha dans la province centrale chinoise du Hunan a pris des airs d'Afrique à la fin du mois de juin,avec les milliers de délégués africains à la recherche d'opportunités commerciales venus participer à la première édition de l'Exposition économique et commerciale sino-africaine (EECSA).
Tamba Keyaka Anga, un officiel du ministère des Forêts et de la Faune du Cameroun, attendait cette exposition pour pouvoir trouver des partenaires chinois et acheter de nouvelles machines. Selon lui,il y a un besoin urgent en équipements de construction au Cameroun pour bâtir des infrastructures, comme les bâtiments et les routes. « [Nous choisissons des entreprises chinoises] car, plutôt que de simplement faire des affaires, celles-ci nous apprennent à utiliser et à opérer [les équipements], et ils sont plus efficaces », a-t-il expliqué àCHINAFRIQUE.
Lancée dans le cadre du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA), la première EECSA s'étend sur un espace d'exposition d'environ 50 000 m2, incluant des pavillons nationaux et des zones d'exposition pour les entreprises. Selon le Comité organisateur, elle permettra de présenter les opportunités économiques et commerciales en Chine et dans les pays d'Afrique.
Tenue du 27 au 29 juin à Changsha, la capitale provinciale du Hunan, l'EECSA devrait rassembler plus de 1 500 visiteurs étrangers, 5 000 visiteurs chinois, ainsi que plus de 3 500 exposants, acheteurs et visiteurs professionnels.
L'Égypte est le premier pays d'Afrique à avoir établi en 1956 des relations diplomatiques avec la Chine. D'après les spécialistes, cela a ouvert une nouvelle ère d'échanges diplomatiques, économiques, commerciaux et culturels entre la Chine et les pays africains. En 1999, le commerce de quatorze pays d'Afrique avec la Chine a dépassé les 100 millions de dollars, avec l'Afrique du Sud, l'Égypte, le Nigeria et l'Angola en tête.
A fin d'approfondir les échanges bilatéraux, le mécanisme du FCSA a été établi en 2000. Grâce à son soutien, la coopération économique et commerciale Chine-Afrique a depuis accompli un développement rapide et global.
En 2009, la Chine a surpassé les États-Unis pour devenir le plus grand partenaire commercial d'Afrique, maintenant ce statut depuis maintenant dix années consécutives. Aujourd'hui, l'Afrique est devenue le troisième plus grand marché pour les investissements étrangers de la Chine et son deuxième plus grand marché pour la réalisation de projets à l'étranger.
Le 4 juin 2019, le Conseil des affaires d'État a organisé une conférence de presse sur la coopération économique et commerciale sino-africaine, ainsi que la première EECSA. Le vice-ministre du Commerce Qian Keming a indiqué que la coopération commerciale sino-africaine restait stable.
Selon lui, le commerce entre la Chine et l'Afrique a enregistré une croissance stable,atteignant les 204,2 milliards de dollars en 2018, soit une hausse de 20 % par rapport à l'année précédente. Les investissements de la Chine en Afrique ont également enregistré une forte croissance. Les données du ministère indiquent que plus de 3 700 entreprises chinoises avaient établi des filiales en Afrique à la fin 2018, apportant plus de 46 milliards de dollars d'investissements sur le continent.
« La coopération dans les secteurs émergents a également commencé. Les institutions financières chinoises ont établi plus de dix filiales en Afrique, et huit pays africains, dont l'Afrique du Sud, ont inclu le yuan dans leurs réserves de devises étrangères », a-t-il souligné. La Chine a également établi un accord de compensation en yuans avec la Zambie et signé un accord de swap en devises locales avec quatre pays, à savoir, le Maroc, l'Afrique du Sud,l'Égypte et le Nigeria.
La nouvelle coopération entrepreneuriale,comme la coopération dans le domaine de l'e-commerce transfrontalier, a également connu une croissance rapide. En 2018, le gouvernement du Rwanda et le groupe Alibaba, la plus grande société d'e-commerce de Chine, ont lancé la première Plateforme électronique de commerce mondial(eWTP) en Afrique pour promouvoir les échanges commerciaux et le tourisme entre la Chine et le Rwanda.
Les experts estiment que la Chine a joué un rôle irremplaçable dans l'accélération de la croissance économique en Afrique. Sa demande colossale a stimulé les prix des produits africains destinés à l'exportation.Par ailleurs, les fonds, le personnel, les capacités de gestion et les technologies de la Chine ont aidé à résoudre ou à soulager un grand nombre de goulets d'étranglement,qui entravaient le développement africain,notamment en matière de construction d'infrastructures.
Deux Kényans se tiennent à leur stand lors d'une foire internationale qui s'est tenue à Chengdu, province du Sichuan,en 2009.
Le Hunan représente le summum d'un développement fl orissant du commerce sino-africain. Selon He Baoxiang, le vice-gouverneur de la province du Hunan,son économie dépendait autrefois de l'agriculture et avait ainsi de nombreuses expériences à partager avec l'Afrique.
Par le passé, la coopération entre la Chine et l'Afrique était principalement soutenue par le gouvernement central chinois et les grandes entreprises d'État. Depuis l'établissement du FCSA en 2000, davantage de gouvernements locaux, de petites et moyennes entreprises (PME), ainsi que des affaires privées ont rejoint cette coopération et l'exposition va permettre de renforcer plus encore cette tendance.
« L'agriculture africaine est variée, mais elle est faible dans le secteur de la transformation [alimentaire], qui nécessite la participation non seulement des grandes entreprises, mais également des PME. […]La valeur du secteur de la transformation alimentaire dépasse les 144,7 milliards de dollars dans le Hunan. Par conséquent, nos entreprises peuvent trouver de nombreuses opportunités en Afrique », explique M. He.
L'histoire de la province du Hunan et des pays africains remonte à plus de 40 ans. Avant 1962, on pensait que le thé ne pouvait pas être cultivé au Mali du fait des conditions naturelles de sécheresse associées aux températures élevées. Cependant, l'arrivée de Shen Jieguo, un ancien chercheur de l'Institut de recherches sur le thé du Hunan, a changé cette perception.Celui-ci a cultivé avec succès du thé du Hunan au Mali, marquant au cours de ce processus le début d'une grande histoire entre le Hunan et l'Afrique.
Plus de 40 années se sont écoulées, mais les liens de part et d'autre restent solides et la coopération économique et commerciale a accompli des résultats signi ficatifs.Depuis 2015, le Hunan organise chaque année des activités économiques et commerciales, comme la Visite de délégués africains dans le Hunan, la Conférence pour la coopération industrielle internationale Hunan-Afrique & la Prise de contact sur le commerce transfrontalier, ainsi que la Conférence pour la coopération industrielle locale Hunan-Afrique. Plusieurs chefs d'État,plus de 30 ministres africains et plus de 20 ambassadeurs africains en Chine ont effectué une visite dans la province.
Depuis 2005, les importations et les exportations entre le Hunan et les pays d'Afrique ont maintenu une croissance annuelle de plus de 20 % en moyenne. En 2017, le volume du commerce bilatéral a atteint les 2,1 milliards de dollars, soit une augmentation de sept fois par rapport à 2005, selon le Département du commerce de la province du Hunan.
Selon He Baoxiang, cela a aidé à stimuler les échanges commerciaux entre le Hunan et les pays d'Afrique, qui ont atteint un total de 2,8 milliards de dollars en 2018. Les investissements contractuels par les entreprises du Hunan en Afrique se sont élevés à près d'un milliard de dollars.
Un employé local travaille dans un supermarché chinois à Brazzaville, en République du Congo, le 11 mars 2013.
Les entreprises du Hunan ont de grandes attentes vis-à-vis de la première EECSA.Elles la considèrent comme une fenêtre pour obtenir une meilleure compréhension du marché africain : « L'EECSA sera une plateforme pour que nous puissions communiquer en face à face avec nos partenaires africains et partager nos connaissances sur le commerce transfrontalier »,explique Peng Hui, directrice générale des ventes internationales chez Sany Heavy Industry. Celle-ci ajoute qu'il s'agit d'une opportunité importante pour que les entreprises du Hunan puissent découvrir plus de possibilités sur le continent africain.
Nonofo Molefhi, le ministre par intérim des Affaires internationales et de la Coopération du Botswana, a fait savoir que son pays utiliserait des plateformes telles que l'EECSA pour présenter ses produits et attirer les investissements. Selon lui, le Botswana considère la Chine comme un partenaire stratégique dans son développement et espère voir un renforcement de sa participation dans sa diversi fication économique. « Le Botswana est ouvert aux investissements pour stimuler la capacité industrielle et faciliter le transfert de compétences et de technologies, dont le pays a tant besoin », a-t-il expliqué.
Mawien Makol Ariik, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Soudan du Sud, le plus jeune pays d'Afrique,a indiqué que son gouvernement et les dirigeants d'entreprises sud-soudanais allaient participer à la première EECSA dans un effort pour attirer les investissements. « Il s'agit d'une bonne opportunité pour les Sud-Soudanais, car nous aurons ainsi le moyen d'informer [les décideurs] que notre pays travaille dur pour parvenir à une paix durable et qu'il s'agit d'un endroit sûr pour faire des affaires », a-t-il souligné.
D'après Li Chenggang, le ministre assistant du Commerce de Chine, cette exposition établira un nouveau mécanisme pour la coopération économique et commerciale entre la Chine et les pays africains.
Dès lors que le sujet du commerce entre la Chine et l'Afrique est abordé, la question du déséquilibre surgit inévitablement.Pour répondre à cela, la Chine ne fait pas seulement des efforts pour renforcer sa croissance commerciale avec les pays africains, mais elle s'engage également à aider les pays africains à augmenter leurs exportations vers la Chine par le biais de plateformes, comme l'Exposition internationale horticole 2019, l'EECSA ou encore l'Exposition internationale des importations de Chine (CIIE).
« Dans l'ensemble, le commerce entre la Chine et l'Afrique est équilibré », explique Qian Keming. Le vice-ministre note que la structure du commerce entre la Chine et l'Afrique a continué d'être optimisée au cours de ces dernières années.
Le gouvernement chinois a fait de nombreux efforts pour promouvoir l'équilibre commercial entre la Chine et les pays africains, mais aussi encourager l'entrée de certains produits africains en Chine en mettant en place une politique d'exemption des droits de douane en 2005. Au Sommet du FCSA à Beijing en 2018, la Chine a pris la décision de permettre aux 33 pays africains les moins développés de béné ficier d'une politique d'exemption tarifaire pour 97 % de leurs produits exportés vers la Chine. Cette mesure est également utile aux entreprises chinoises pour réduire leurs propres coûts.
En 2018, le Président chinois Xi Jinping a annoncé que la Chine soutiendrait les pays africains dans leur participation à la première édition de la CIIE et que les pays africains les moins développés participant à l'exposition seraient exemptés des frais d'exposition.
Selon Qian Keming, la Chine apportera à l'avenir encore davantage d'assistance,notamment en organisant des expositions de marchandises spécialisées, en autorisant des exportations africaines de base large vers la Chine et en aidant les pays africains à bâtir davantage d'infrastructures de production et à diversi fier leurs structures économiques, ainsi que leurs circuits de distribution. CA
Valeur totale des importations et exportations entre la Chine et l'Afrique (en milliards de dollars)
Emploi et formation des travailleurs locaux en Afrique par les entreprises chinoises
Volume des importations et exportations entre la Chine et les pays africains en 2018 (en milliards de dollars)