par Éric Vincent Fomo
Le coup d'envoi de cette première édition à 24 équipes - qui s'annonce déjà passionnante - sera donné le 21 juin prochain au Stade international du Caire, en Égypte. Revue des forces en présence et des chances de chaque nation
A vec 22 participations et 7 titres remportés, les Pharaons d'Égypte, règnent en maître sur la Coupe d'Afrique des nations de football (CAN). Autre record : avec cette nouvelle édition, l'Égypte sera la première nation à avoir organisé la compétition à cinq occasions. Le challenge s'apprécie d'autant plus qu'il s'agit de la première CAN qui se joue à 24. En remplacement du Cameroun qui n'a pas pu réaliser tous les préparatifs à temps, l'Égypte offre une dizaine de stades aux normes internationales, dont le joyau reste le Stade international du Caire, le plus grand d'Afrique avec ses 75 100 places, qui a déjà abrité les finales de 1974, 1986 et 2006.
Moment fort de la finale de la CAN entre l'Égypte et le Cameroun en 2017.
Le dé fi de l'organisation relevé, le pays hôte rêve désormais de victoire, comme il l'a déjà fait à trois reprises en tant que pays organisateur (1959, 1986 et 2006). Le premier atout des Pharaons est indiscutablement leur système de jeu. Avec l'un des championnats nationaux les plus compétitifs d'Afrique, l'Égypte a forgé un football total, basé sur la solidarité des joueurs sur le terrain. Le vice-champion en titre va également pouvoir s'appuyer sur l'incontournable Mohamed Salah, actuellement parmi les meilleurs joueurs au monde, et son public bouillant pour le porter. Le plus redoutable de ses adversaires semble être la République démocratique du Congo, double vainqueur en 1968 et 1974, et son attaquant Cédric Bakambu, joueur africain en exercice le mieux payé au monde. Par ailleurs, le sélectionneur Florent Ibengé pourra compter sur de nombreux joueurs du TP Mazembé, club phare du continent.
L'Ouganda et le Zimbabwe devront, a priori, batailler ferme pour passer au second tour. Le match d'ouverture aura lieu le 21 juin, et opposera l'Égypte au Zimbabwe.
Le Nigeria dispose lui aussi de sérieux arguments. Les Super Eagles de l'expérimenté John Obi Mikel sont l'une des équipes comptant le plus de joueurs évoluant à l'international. Avec leur constellation de stars et leurs trois titres continentaux, les Super Eagles devront toutefois éviter de se montrer suffisants pour affronter le Burundi le 22 juin, avant de jouer la Guinée et Madagascar. Autant de nations qui chercheront à jouer leur chance à fond, car depuis son sacre en 2013, le Nigeria s'est montré incapable de se qualifier pour les éditions 2015 et 2017. Madagascar honorera, elle, sa première participation à la compétition.
Le Stade du 30 juin vibrera à coup sûr lors du duel entre le Sénégal et l'Algérie, le 27 juin prochain. Les Lions de la Teranga sénégalais s'appuient depuis quelques années sur de nombreuses stars, comme Sadio Mané, Keita Baldé ou M'Baye Niang, et la sélection rappelle celle des années 2000, conduite par El Hadj Diouf et Aliou Cissé, l'actuel entraîneur. Une sélection qui avait soulevé le trophée en 2002...
Les Fennecs algériens, disposent eux- aussi de joueurs de renom, entre Riyad Mahrez, Yacine Bahimi ou Islam Slimani, pour ne citer qu'eux. En 17 participations, l'Algérie n'a toutefois remporté la CAN qu'une seule fois, en 1990, à domicile. À côté des deux favoris en quête de leur second sacre, fi gurent le Kenya et la Tanzanie. Si ces deux équipes n'ont pas encore inscrit leur nom au palmarès de la CAN, elles peuvent créer la surprise, comme la Zambie en 2012. Le sélectionneur Emmanuel Amunike des Kilimanjaro Stars tanzaniens, et son homologue Sébastien Migné des Harambee Stars kényans, ont mis en place un système de jeu basé sur l'engagement et la complémentarité des joueurs. « Ce sont des équipes joueuses et décomplexées, parce qu'elles ont le potentiel pour », explique Patrick Mboma, consultant et ancien vainqueur de la CAN avec le Cameroun.
En tant que champions en titre, les Lions Indomptables espèrent bien soulever une autre fois le trophée tant convoité.
La CAN à 24 a l'avantage d'offrir aux meilleurs troisièmes une chance de se qualifier pour la suite de la compétition. Un enjeu de poids dans une poule où les calibres se tiennent. On retiendra d'abord le duel entre le Maroc et la Côte d'Ivoire, qui sont les mieux armés. Au rebond, se trouvent l'Afrique du Sud et la Namibie. Le Maroc de Mehdi Benatia dispose, a priori, de l'une des équipes les plus complètes du tournoi. Le coach Hervé Renard « est capable d'aligner deux à trois joueurs d'un niveau quasiment égal à chaque poste », apprécie Patrick Mboma. De fait, les Lions de l'Atlas, dont l'unique sacre continental remonte à 1976, ont faim et seront dangereux. Si les Éléphants ivoiriens sont, eux, en reconstruction, ils disposent toujours de joueurs solides. Pour maximiser leurs chances, ils ont con fi é les rênes de l'équipe à Ibrahim Kamara, l'entraîneur qui a réussi l'exploit de remporter la CAN avec la Zambie en 2012, et la Côte d'Ivoire en 2015. L'Afrique du Sud, qui a manqué de peu l'organisation de cette CAN, a mis à pro fi t cet échec pour se préparer sereinement. Sans grande vedette, le coach Stuart Baxter compte sur un bloc équipe solide. L'objectif est de s'inspirer des Bafana Bafana, vainqueurs de la CAN 1996. Un atout sur lequel devrait aussi capitaliser la Namibie.
Le simple fait de participer à une phase finale de CAN est déjà un succès pour la Mauritanie. S'ils restent décomplexés, les Mourabitounes de Corentin Martins auront certainement un coup à jouer face à trois équipes qui, sur le papier, sont de niveau équivalent. La Tunisie, vainqueur de la CAN en 2004, part avec un léger avantage psychologique, mais devra se méfier du Mali (11 participations à une phase finale de CAN), emmené par son coach Alain Giresse. Le sélectionneur Srdjan Vasidjevic des Palancas Negras d'Angola, lui, a mis en place un jeu chatoyant, même si son « joga bonito » n'a pas encore permis à l'équipe de se distinguer sur le plan continental. Il est difficile de prévoir qui sortira de la poule tant les effectifs se valent. Le rôle des coachs, les supporters et la forme du moment seront déterminants.
Champion en titre, le Cameroun veut, avec le renouvellement de son staff technique, aller à la conquête d'un sixième titre. Mais sur la route des Lions Indomptables, se trouvent les Blacks Stars du Ghana. C'est donc un duel au sommet qui se prépare, entre deux onze dotés de joueurs de talent. Côté palmarès, les deux équipes ont chacune un quart de finale de Coupe du Monde à leur actif (1990 pour le Cameroun, et 2010 pour le Ghana). Le Ghana a été quatre fois vainqueur de la CAN et cinq fois finaliste. Le Cameroun l'a remportée à cinq reprises et a été deux fois finaliste. Toutefois, la Guinée et le Bénin seront en embuscade. Le coach béninois Michel Dussuyer, bon connaisseur de l'Afrique, ancien sélectionneur de la Côte d'Ivoire et de la Guinée, voudra certainement s'illustrer face aux deux cadors. CA