Ralentir le vieillissement

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中国与非洲(法文版) 2017年5期

Un nombre croissant de retraités chinois contribue à la bonne marche de la société par Xia Yuanyuan

Culture et société

Ralentir le vieillissement

Un nombre croissant de retraités chinois contribue à la bonne marche de la société par Xia Yuanyuan

Un coordinateur de la circulation à Taiyuan, dans la province du Shanxi au nord de la Chine.

lL est 7 heures du matin. Zhai Yuhong, 56 ans,

rejoint son secteur dans le centre de Beijing. Cette coordonnatrice de la sécurité routière dynamique prend son travail très au sérieux au carrefour de l’avenue Zhanlan, ne ménageant pas ses efforts pour maintenir une circulation fluide. Mme Zhai est en charge de maintenir l’ordre dans les rues depuis qu’elle a été licenciée de son usine d’État, il y a plus de 10 ans. En tant que jeune retraitée, elle a voulu prendre un poste d’auxiliaire de police pour contrôler la circulation afin de rester active. « Je ne suis pas une personne qui aime se la couler douce. Je me suis sentie perdue lorsque je me suis retrouvée à la retraite. J’étais convaincue que je pouvais faire autre chose pour notre société », confie-t-elle àCHINAFRIQUE.

Aujourd’hui, la Chine, l’une des économies les plus actives au monde, relève également le défidu vieillissement de la population. En Chine, ceux qui dépassent l’âge de 55 ans sont considérés comme des « personnes âgées ». L’âge de la retraite est actuellement de 60 ans pour les hommes, 55 et 50 ans respectivement pour les cols blancs et les cols bleus chez les femmes. Selon une estimation de la Commission nationale de la Santé et du Planning familial de Chine, d’ici 2020, il y aura 255 millions de personnes de plus de 60 ans en Chine, soit 17,8 % de la population totale du pays. Loin d’être un fardeau pour la société, un nombre croissant de citoyens âgés apportent encore leur contribution.

Maintenir l’ordre

Parmi les plus remarquables, on trouve les coordonnateurs de la circulation comme Mme Zhai. À l’heure de pointe, cette armée d’aînés est devenue emblématique à toutes les intersections et les arrêts de bus principaux de la capitale chinoise. Avec un fanion en main, vêtus d’une veste jaune réfléchissante, on peut les voir faire des gestes et guider le flux des piétons, des cyclistes et des motards pour qu’ils respectent les règles de la circulation. Malgré un revenu faible et des conditions météorologiques difficiles, ils persévèrent pour le bien de tous. Selon les données du Bureau de gestion de la circulation de Beijing, le nombre moyen de coordonnateurs de la circulation à Beijing est d’environ 8 000 aucours des dernières années, et 80 à 90 % d’entre eux sont des travailleurs retraités ou licenciés, âgés de 50 à 60 ans.

« Beijing est une ville avec une forte culture d’inclusion. Beaucoup de gens venant d’autres villes connaissent peu les routes et les règles de la circulation de Beijing », fait savoir Mme Zhai, insinuant qu’il est nécessaire de guider les usagers. Elle souligne qu’assumer cette responsabilité lui a été bénéfique.

Les bénévoles, des femmes pour la plupart, fournissent également un service social en plus de leur fonction de coordonnateurs de la circulation, et sont appelées affectueusement « dama ». Ces dames, en particulier celles qui se trouvent dans l’arrondissement de Xicheng à Beijing, ont souvent fait les manchettes des journaux pour leur lutte contre les activités illégales et criminelles. Elles sont facilement repérables dans la rue avec leurs brassards rouges ou leurs chapeaux rouges et elles patrouillent dans leurs quartiers, qu’elles connaissent parfaitement. Ces volontaires de la sécurité publique sont là pour aider la police à assurer la sécurité de leurs communautés.

Se lancer dans le travail est un moyen pour les personnes âgées de renforcer leur estime de soi, d’accroître leur sens de l’identité et de se sentir un peu moins seuls, moins déprimés.

Tao Liqun, chercheur au Centre de recherche sur le vieillissement de Chine

Selon les informations des autorités de Xicheng, en 2015, plus de 70 000 résidents participaient au travail communautaire, notamment le signalement d’activités suspectes à la police, dont environ 50 000 sont des bénévoles inscrits. La plupart d’entre eux sont des femmes âgées de 58 à 65 ans.

Valeur ajoutée

Les retraités s’engagent non seulement dans des activités bénévoles ou sociales, mais pour certains, comme des universitaires ou des techniciens, parviennent à trouver de nouveaux emplois.

Tian Xiaoqing, technicienne de 57 ans, n’a pas voulu mener une vie oisive quand elle a pris sa retraite il y a deux ans. « C’est l’ère d’internet maintenant. Je ne peux pas me laisser déborder par la vague de l’information », remarque-t-elle àCHINAFRIQUE. En avril 2015, peu de temps après sa retraite, Mme Tian s’est inscrite comme cuisinière grâce à l’application de cuisine à domicileHuijia Chifan(« Rentrer manger à la maison »), connectant les consommateurs aux cuisiniers amateurs à domicile.

À l’aide de cette application, Mme Tian fournit des plats préparés à domicile pour ses clients, en particulier pour de jeunes salariés qui ont peu de temps ou ne peuvent pas cuisiner. « Il est trop fatiguant de cuisiner après une journée de travail. Et il est malsain de commander de la restauration rapide. J’espère que la saveur de mes plats pourra leur rappeler la maison. » Sa spécialité est le porc braisé sauce soja, et elle reçoit plus de 10 commandes par jour. « Je suis bonne en cuisine et j’aime ça. C’est un bon moyen pour tuer le temps et gagner de l’argent de poche », explique-t-elle. Elle perçoit en moyenne 3 000 yuans (435 dollars) chaque mois.

Jusqu’à présent,Huijia Chifan,Mamadecai(« Les plats de maman ») etCengfan(« Les plats de la voisine ») sont les trois applications de partage de cuisine à domicile dominant les grandes villes chinoises. Plus de 4 000 personnes provenant d’une centaine de communautés à Beijing utilisent actuellement l’applicationHuijia Chifan. En général, les prestataires sont plutôt des retraités, des femmes au foyer et des amateurs de cuisine, les retraités représentant la part la plus importante (environ 40 %).

L’expérience des personnes ayant occupé des postes techniques et professionnels et qui ont atteint l’âge de la retraite peut s’avérer bénéfique pour la société, selon les observateurs.

Yan Xue’an, âgé de 65 ans, ancien technicien en chef dans une entreprise automobile d’État, a créé un atelier de réparation auto avec plusieurs amis dans la province septentrionale du Shanxi après sa retraite. M. Yan connaît bien les pièces détachées et ses compétences sont souvent meilleures que celles de mécaniciens plus jeunes. « La valeur de la vie est de laisser une trace éclatante dans la mémoire des autres. L’âge ne limite cela en rien. L’entrepreneuriat est un processus passionnant et heureux », dit-il àCHINAFRIQUE. « Je continuerai à travailler aussi longtemps que ma santé me le permettra. »

Se lancer dans le travail est un moyen pour les personnes âgées de renforcer leur estime de soi, d’accroître leur sens de l’identité et de se sentir un peu moins seuls, moins déprimés, résume Tao Liqun, chercheur au Centre de recherche sur le vieillissement de Chine. CA

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