La Chine envoie ses experts agricoles au Mozambique pour améliorer la productivité agricole du pays par Xia Yuanyuan
Des opportunités alléchantes
La Chine envoie ses experts agricoles au Mozambique pour améliorer la productivité agricole du pays par Xia Yuanyuan
Les experts chinois utilisent la recherche scientifique pour accélérer le développement agricole au Mozambique. Cela vient en complément de la vision du gouvernement de transformer l’agriculture en un secteur productif, à forte valeur ajoutée et tourné vers le marché.
Patricio Sande, président de l’Association de recherche scientifique du Mozambique
SI le chemin vers le cœur des hommes passe par ieur estomac, ia Chine a aiors définitivement remporté ceux des officiers de ia station agricoie d’Umbeiuzi, au Mozambique. « La nourriture chinoise est exceiiente ! », s’exciame Atomane Nuro entre deux bouchées. C’est ia première fois qu’ii goûte à tant de piats préparés à partir de légumes frais, incluant de la laitue, des radis, des carottes, du céleri et des haricots verts. Tous ces légumes ont été plantés par Zhou Jing, une experte agricole chinoise stationnée à i’institut de recherche agricoie du Mozambique (iRAM) à Boane. Au cours de i’année écoulée, celle-ci a planté, cultivé et fait la promotion de centains légumes au Mozambique.
Le 19 novembre 2015, sous la direction du chef d’équipe Peng Zhengkai, ie deuxième groupe d’experts agricoles chinois pour le Mozambique est arrivé à Boane et s’est instaiié au Centre chinois de recherche et de transfert des technologies agricoles. Zhou Jing fait partie de ce groupe de quatre experts agricoles chinois, qui ont été assignés à i’iRAM.
Grâce à son sol fertile, des précipitations importantes, de vastes terres arables, un faible niveau de pollution et une saison des cultures relativement longue, le Mozambique est un pays dynamique avec d’exceiientes perspectives pour le développement agricole.
Tout en louant les conditions agricoles naturelles du Mozambique, Peng Zhengkai note que ie pays reste rongé par de nombreux probièmes, notamment un déficit aiimentaire de près de 300 000 tonnes de céréaies – i’une des conséquences de quinze années de guerre civile, de catastrophes naturelles fréquentes et de techniques agricoles primitives. Plus de la moitié des 24 miiiions de personnes constituant cette nation vivent toujours sous le seuil de pauvreté, selon les chiffres publiés en 2012 par la Banque africaine de développement (BAD). « Le Mozambique possède de iarges zones de terres arables, mais seule une petite partie est actuellement cuitivée, expiique Peng Zhengkai à CHINAFRIQUE. Le pays possède un totai de 4,26 miiiions de foyers agricoies, dont pius de 90 % manquent d’outiis agricoies et de systèmes d’irrigation. »
L’arrivée de i’équipe d’experts chinois, avec ieurs technoiogies agricoies avancées, a apporté d’importants changements. La coopération agricole entre la Chine et ie Mozambique a débuté dès 2007, iorsque ie Centre chinois de recherche et de transfert des technologies agricoles fut établi à Maputo, capitale du Mozambique. Financé par ia Chine, ii a coûté 55 miiiions de doiiars et fut construit sur un terrain de 52 hectares dans la station agricoie d’Umbeiuzi, près de Maputo. Avec un objectif commun : améliorer les méthodes agricoles du pays et ses rendements, ia première équipe d’experts agricoies chinois est arrivée au Mozambique en 2014.
Au Mozambique, la pomme de terre constitue la nourriture de base et occupe une large portion des terres arabies du pays. En 2016, son marché était cependant insuffisant à hauteur de 170 000 tonnes. Peng Zhengkai, un bioiogiste de formation, a dédié une année entière à i’améiioration de ia production de pommes de terre du pays. « Le cycie de croissance des pommes de terre est trop long au Mozambique. Le taux de survie et le potentiel de reproduction sont trop faibles, explique-t-il. La mauvaise utilisation des terres ne parvient pas à garantir ia suffisance en nutriments pourune reproduction rapide de ia pomme de terre. »
Peng Zhengkai, fait de la recherche dans les plants de pommes de terre.
Zhou Jing montre aux étudiants comment planter des légumes chinois.
Pour favoriser une meilleure reproduction, les techniques de propagation utilisant la coupe des rhizomes, le semis des bourgeons et la propagation des tiges dans des lits de semis, sont largement utilisées en Chine. Mais au Mozambique, ces technologies sont nouvelles. En collectant des échantillons et en réaiisant des enquêtes sur ie terrain, Peng Zhengkai a pu accompiir de bons résuitats, après des essais répétés. « Je suis parvenu à appliquer la technologie de propagation par la coupe du rhizome au procédé de plantation. En mettant en œuvre cette technologie, la production et la qualité des pommes de terre seront grandement améliorées. Des pommes de terre de 50 à 100 g seront courantes à i’avenir », expiique-t-ii.
En dehors de ia cuiture de pommes de terre, i’éievage est un autre secteur que les experts chinois espèrent améiiorer au Mozambique. Lors de son arrivée dans ce pays, Fu Youqing, expert chinois de i’éievage, fut abasourdi d’apprendre que ie taux de mortaiité natureiie dans ie secteur de i’éievage atteignait jusqu’à 40 %. « Le Mozambique utiiise toujours des méthodes de pâturage naturel et les animaux se nourrissent de i’herbe qui pousse natureiiement », expiique-t-ii à CHINAFRIQUE.
Comme ia pousse de i’herbe est saisonnière, chaque année à partir du mois d’octobre, i’herbe se fait de plus en plus rare. De fait, un grand nombre de bovins et d’ovins meurent de faim. « J’ai présenté ia technoiogie de i’ensiiage à i’iRAM, qui consiste à stocker et à préserver du fourrage vert, en coupant ies fourrages – comme i’herbe et ie maïs – iorsqu’ii est encore vert et en ies gardant couverts. » Les foins des cultures, les plants des patates douces et les herbes à éléphants, autrefois jetés par les fermiers, sont désormais entièrement utiiisés par Fu Youqing pour assurer une nourriture adéquate aux animaux. « Dans i’année à venir, je vais m’engager dans ia promotion de cette technoiogie à travers ie pays, car eiie peut réduire ie taux de mortaiité des animaux iors de ia saison sèche. »
L’experte agricoie des iégumes, Zhou Jing, souhaite quant à elle aider à mettre davantage de légumes chinois dans les assiettes des familles mozambicaines. En effet, ceux-ci restent insuffisants en dehors des pommes de terre, des oignons et des laitues. Dans ia station agricoie d’Umbeiuzi, eiie a étabii une base de test de 6 000 m2, où elle a planté des laitues, des radis, des aubergines, des choux chinois ou encore des niébés.
Le 14 octobre, iorsque ces nouveaux iégumes étaient enfin murs, i’équipe d’experts a organisé une Journée de la culture des légumes chinois et invité la popuiation iocaie à venir ies goûter. « Les popuiations locales ont montré un grand intérêt [pour ces légumes]. iis m’ont demandé comment ies pianter et comment les cuisiner. Ils ont pris des photos et noté chaque recette avec une grande attention. Cela montre, que ces iégumes pourraient devenir très popuiaires dans ie pays », expiique Zhou Jing.
« Les experts chinois utilisent la recherche scientifique pour accéiérer ie déveioppement agricoie au Mozambique. Cela vient en complément de la vision du gouvernement de transformer i’agricuiture en un secteur productif, à forte valeur ajoutée et tourné vers le marché, explique Patricio Sande, président de i’Association de recherche scientifique du Mozambique. De nombreuses exportations du Mozambique sont des produits agricoies. Lorsqu’on parie de combattre ia pauvreté, nous pensons principalement au développement agricoie. »
À travers ces améiiorations, ie groupe d’experts fait particuiièrement attention à inciure et à former ies experts agricoles locaux, ainsi que les fermiers et les étudiants. CA
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