L’amitié sino-africaine passe par la jeunesse

2016-09-12 01:31
中国与非洲(法文版) 2016年1期



L’amitié sino-africaine passe par la jeunesse

Un concours international de connaissances sur l’amitié sino-africaine pour les jeunes a été organisé le 22 novembre à Beijing, à quelques jours du Sommet de Johannesburg du FCSA par Ge Lijun

Rien ne laisser présager qu’isaia Herimialy Ratsizakaina, vingt ans, originaire de Madagascar et Wu Xiaorui, elle aussi vingt ans, de la province orientale du Shandong, à plusieurs milliers de kilomètres de cette île de l’Océan indien, ne se rencontrent un jour. C’est pourtant à Beijing en novembre qu’elles ont pu faire connaissance.

Isaia est en master de politique internationale à l’Université des langues et cultures de Beijing. La bourse d’études qu’elle a reçue en 2012 pour sa participation à hanyuqiao (un concours international de chinois) lui a ouvert les portes de la Chine pour poursuivre ses études. « C’était ma destinée que d’apprendre le chinois » dit-elle à CHINAFRIQUE. Elle avait appris le chinois à l’Institut Confucius à l’Université d’Antananarivo après le lycée.

À la différence d’Isaia, un zhongguotong, pour qui la langue et la culture chinoise n’a plus de secrets, Wu Xiaorui savait très peu de choses sur l’Afrique avant le concours. « Je n’ai jamais participé à un concours sur les connaissances sur l’Afrique, mais je voulais relever ce

défi », confie-t-elle. Elle est étudiante en deuxième année de l’Université normale du Shandong, au département des échanges internationaux, et s’intéresse à toutes

sortes de concours. Au terme d’une préparation rigoureuse, elle a pu parvenir en finale. Si le hasard a réuni ces deux jeunes femmes, on peut dire que c’était écrit dans les astres.

Un concours spectaculaire

Le soir du 22 novembre, il neigeait sur Beijing, mais cela n’a pas refroidi l’enthousiasme des candidats et des spectateurs réunis au gymnase de l’Université des langues et cultures de Beijing.

Organisé par le Secrétariat du Comité de suivi chinois du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) et par l’Institut Confucius (Hanban), le concours de connaissances sur l’amitié sino-africaine a été organisé dans le cadre du hanyuqiao à l’occasion du Sommet de Johannesburg du FCSA les 4 et 5 décembre en Afrique du Sud. Cette compétition est très populaire parmi les jeunes Chinois et Africains : plus de 500 000 jeunes ont participé à la sélection, selon Xia Jianhui, vice-directeur du Hanban.

Les deux jeunes femmes et un Soudanais, Mohamed Hamed Mohamed Hussain, ont formé un groupe, pour se retrouver face à trois autres groupes de candidats. Un concours amical, évidemment.

La première manche concernait les connaissances générales sur la Chine et l’Afrique. Tous les candidats avaient planché sur le livre Chine-Afrique 500 : Faits sur la Chine, l’Afrique et les relations entre les deux. « Cela a été très utile. Grâce à cette compétition, j’en sais maintenant beaucoup plus sur l’Afrique même si je suis Africain », remarque le jeune Soudanais.

Pour la deuxième manche, ils ont mis en scène les « Voyages de Zheng He ». Isaia et Mohamed ont joué le rôle des fonctionnaires de la dynastie des Ming au XVesiècle, qui accompagnaient le célèbre navigateur Zheng He en Afrique. Quant à Wu Xiaorui, elle s’est déguisée en autochtone africaine. Ils ont montré des éléments de leur propre culture : Isaia a présenté le guqin, un instrument chinois à sept cordes, Mohamed a chanté des couplets de l’Opéra de Pékin et Mlle Wu a esquissé des pas de danse africaine.

Pour la dernière manche, ils ont pris la parole sur le thème « Quand j’aurai trente ans ». Chaque candidat devait exprimer sa volonté de promouvoir les échanges culturels et l’amitié des jeunes entre la Chine et l’Afrique. « J’espère qu’un jour, chaque enfant africain peut être fier de dire « Je suis un Africain ». Le respect de notre propre culture est essentiel dans les échanges culturels », témoigne Isaia. Pour cette manche cruciale, les applaudissements n’ont pas cessé de résonner et leur groupe a remporté le concours.

Une envie de se comprendre

« Quand je marche dans la rue ou à l’Université, et que les autres personnes me demandent d’où je viens, je leur dis « Madagascar ». Peu de personne connaissent ce pays. Ce n’est pas important, mais cela signifie qu’on ne se comprend pas bien », explique Isaia avec regret. Son mémoire de master traite d’ailleurs des relations sinomalgaches et elle souhaite que davantage de Chinois comprennent son pays.

Wu Xiaorui (g.) avec ses coéquipiers Mohamed Hamed Mohamed Hussain (2èmeà g.) et Ratsizakaina Isaia Herimialy (2èmeà d.)

« Au début, quand j’ai dit à ma famille que j’irais en Afrique pour un échange universitaire, ils ont pensé quec’était incroyable. Mais, au fur et à mesure qu’ils ont commencé à s’intéresser au concours et que je leur parlais parfois de la culture africaine, ils ont progressivement mieux compris l’Afrique », dit Mlle Wu.

Au total 53 jeunes venant de 37 pays africains ont été qualifiés pour participer au concours à Beijing, et parmi eux, certains venaient en Chine pour la première fois. Ils apprennent directement la culture chinoise au Centre culturel de Chine, où ils essaient des vêtements traditionnels chinois et apprennent l’art du papier découpé et de la calligraphie. De plus, ils visitent les monuments historiques et apprécient les spectacles culturels.

En effet, l’amitié sino-africaine remonte fort loin dans l’histoire. Au 15esiècle, le célèbre navigateur chinois Zheng He de la dynastie des Ming, à la tête de sa flotte, a atteint à quatre reprises les régions côtières de l’Afrique orientale et a accosté notamment en Somalie et au Kenya d’aujourd’hui.

La Chine et l’Afrique ont une histoire et une culture aux innombrables facettes et les jeunes Chinois et Africains ont envie de se comprendre davantage.

Les participants et les responsables posent lors de la finale du concours de connaissances sur l’amitié sinoafricaine à Beijing le 22 novembre 2015

À partir des jeunes

« J’espère que je pourrai travailler dans le service culturel à l’ambassade pour le bénéfice des échanges culturels sino-africains, et organiser plus d’activités culturelles pour les jeunes », dit Isaia en entrevoyant son avenir. Cette jeune africaine, qui ne savait pas où s’orienter et qui aurait pu rester chez elle, a eu cette chance, grâce à la langue chinoise, de sortir de son pays, d’aller en Chine et de voir le monde.

Isaia, en visitant les sites culturels chinois, voit beaucoup de jeunes qui protègent et perpétuent la culture. « J’admire beaucoup cet esprit, et il faut en prendre conscience dès le plus jeune âge ». Elle veut insuffler cet esprit à sa jeune sœur, qui comme elle à l’époque, ne sait rien. Elle va lui apprendre à connaître sa propre culture et l’encourager à faire ses études en Chine.

Quant à Xiaorui, cette compétition a changé son état d’esprit. « Beaucoup de jeunes choisissent les États-Unis ou les pays européens pour leur carrière, mais, moi, je veux travailler sur le continent africain. Peu importe ma profession, enseignante ou autre, je veux contribuer par mes efforts aux échanges culturels sino-africains. »

Maintenant, cet espoir a plus de chances de se matérialiser. Les trente premiers candidats chinois y compris Mlle Wu bien sûr, feront un échange en Afrique, et les candidats africains vont recevoir une bourse d’études de l’Institut Confucius.

Dans son discours au Sommet de Johannesburg le 4 décembre, le Président chinois Xi Jinping a proposé dix grands projets de coopération sino-africaine, et dans le domaine des échanges culturels, la Chine va établir cinq centres culturels en Afrique, et proposer un quota de 2 000 diplômes de master et de doctorat et 30 000 bourses d’études gouvernementales à l’Afrique.

« Il n’y a qu’en se comprenant et qu’en se connaissant qu’on peut s’aimer. Il faut mettre l’accent sur les échanges entre jeunes étudiants pour enfin promouvoir le développement global sino-africain », a remarqué Lin Songtian, directeur général du Département des affaires africaines du Ministère des Affaires étrangères, à CHINAFRIQUE.

Les jeunes pleins d’audace et d’énergie comme Isaia et Xiaorui sont nombreux en Afrique et en Chine, c’est un potentiel dans lequel il faut puiser pour promouvoir les échanges culturels entre la Chine et l’Afrique. CA