Moins d’impôts, plus amour ?

2016-02-09 23:52
中国与非洲(法文版) 2016年2期



Moins d’impôts, plus amour ?

Habiteriez-Vous aVez Vos parents par amour, pour prendre soin d’eux dans leurs Vieux jours ? Ou le feriez-Vous pour obtenir des aVantages fiscaux ? Cette polémique a été lancée par la récente décision du gouVernement d’accorder des déductions fiscales aux personnes hébergeant et prenant soin de leurs parents âgés. Tout a commencé début décembre dans la proVince de Guangdong, au sud de la Chine, où le gouVernement local de Shenzhen a proposé un plan pour faire face au Vieillissement de la population. Dans ce plan, le gouVernement proposait un rabattement fiscal aux personnes salariées habitant aVec leurs parents. Selon le Comité national chinois sur le Vieillissement, fin 2014, 212 millions de personnes aVaient plus de 60 ans en Chine, soit 15,5 % de sa population. Un chiffre qui deVrait s’éleVer à 487 millions (35 % de sa population) en 2053. La population Vieillissante posera de sérieux défis au pays dans un aVenir proche.

Après l’annonce de cette mesure, le public était partagé sur le fait de payer les jeunes pour prendre soin de leurs parents âgés. Ceux qui sont pour affirment qu’elle allégerait le poids financier des jeunes. De plus, en habitant aVec leurs parents, les jeunes peuVent s’occuper des besoins quotidiens et soutenir émotionnellement les personnes âgées. Ceux qui sont contre rappellent que la Vie sous le même toit n’est pas synonyme de piété filiale. Un arrangement pratique, décidé pour des raisons économiques, manquerait selon eux d’amour filial. Finalement, ils pensent que le gouVernement doit jouer son rôle et soutenir les personnes âgées.

Liu Changhai Commentateur dans les médias

Bien qu’une population vieillissante nous guette, la société est encore incapable de porter l’entière responsabilité de la prise en charge des personnes âgées dans un avenir proche, à cause de la situation économique et de la tradition chinoise de prise en charge de ses parents âgés. Les familles ont un rôle indispensable à jouer. Cependant, on ne peut pas négliger le fait que les jeunes vivant dans les villes supportent déjà un lourd poids financier. La réduction d’impôts pour les jeunes citadins, habitant avec leurs parents, soulagera leur lourd fardeau économique. D’autres pays ont appliqué ce genre de mesures. En Allemagne, si les jeunes choisissent de vivre avec leurs parents âgés, la famille bénéficie de déductions fiscales et de taux d’intérêts intéressants lorsqu’ils demandent un prêt bancaire pour l’achat d’une maison. Au niveau institutionnel, la République de Corée et le Japon encouragent également les familles à prendre soin de leurs membres les plus âgés. Les êtres humains sont des créatures émotionnelles. Peu importe la perfection du système de sécurité sociale d’un pays, il ne peut jamais s’occuper des besoins émotionnels des personnes âgées. Tant que ce n’est pas inabordable, une retraite chez soi, auprès de ses enfants, est toujours le meilleur choix. Cette mesure est un bon indicateur. D’autres mesures préférentielles devraient être mises en place pour ceux qui prennent soin des personnes âgées, pour que les familles puissent être soutenues et que les retraités profitent d’une vie qui les comble émotionnellement. CA

Yang Chaoqing Commentateur dans les médias

C’est une bonne mesure. Actuellement, beaucoup de jeunes ne vivent plus avec leurs parents. Ceux-ci se retrouvent désolés, plus personne ne prenant soin d’eux. Les raisons de cette situation ne sont pas seulement économiques ou liées à des logements inadéquats, mais aussi à des différences de valeurs et de modes de vie entre les deux générations. Avec le vieillissement, les personnes âgées ont besoin de soutien émotionnel. Dans la culture chinoise, la famille signifie une proximité physique, mais aussi une intimité psychologique. Cette mesure vise à encourager les jeunes à vivre avec leurs parents. lls obtiendront des bénéfices concrets grâce aux réductions d’impôts. Ce genre de politique publique a une valeur morale et pratique, puisque la vertu qu’est la piété filiale est soutenue à un niveau institutionnel et encouragée par des bénéfices concrets. CA

Mu Xuchong Commentateur dans les médias

Offrir des déductions fiscales aux personnes vivant avec leurs parents est une mesure pleine de bonnes intentions. Théoriquement, elle permettrait d’augmenter les revenus familiaux et ainsi d’alléger la pression économique que représente la prise en charge des parents âgés. La question est de savoir si cette mesure est juste. Les familles avec des revenus élevés sont celles qui pourraient profiter des réductions d’impôts. Enfait, cette mesure subventionnerait les riches tout en ignorant les plus vulnérables économiquement. Et c’est ces mêmes familles pauvres qui ne peuvent pas se permettre de vivre avec leurs parents âgés. Dans ce sens, je ne pense pas que ce soit une bonne mesure. Pour encourager les gens à prendre en charge les besoins émotionnels des personnes âgées, le gouvernement devrait proposer des mesures applicables à tous. Deux facteurs empêchent les jeunes de prendre en charge leurs parents. Tout d’abord, un manque de temps. En ce sens, le gouvernement devrait soutenir les entreprises pour que les employés puissent prendre plus de congés payés. Le deuxième facteur est la pression économique. À ce sujet, les plus pauvres devraient faire l’objet d’une considération particulière. Je pense que le gouvernement devrait subventionner les loyers des familles de migrants qui choisissent de vivre avec leurs parents âgés. Par ailleurs, le gouvernement devrait remplir son rôle et prendre soin des personnes âgées en fournissant de meilleurs services publics et en améliorant le système de retraites. CA

Yuan Guangkuo Commentateur dans les medias

Evidemment, cette mesure vise à encourager les enfants à vivre avec leurs parents âgés pour qu’ils puissent les soutenir économiquement et mentalement. La déduction fiscale proposée par le gouvernement est en fait une sorte de subvention pour les personnes qui prennent soin de leurs parents en vivant avec eux. Elle permettra d’alléger le fardeau économique de ces jeunes. Actuellement, beaucoup de jeunes de peuvent pas passer du temps avec leurs parents pour plusieurs raisons. Les adultes célibataires en ont assez des remarques constantes de leurs parents et préfèrent vivre indépendamment, en dehors de toute surveillance parentale. Ceux qui sont mariés, s’inquiètent des disputes et des difficiles relations avec la belle-mère. La vie en dehors de la maison familiale offre une grande liberté à cette jeune génération mais signifie également l’abandon des parents, surtout sur le plan émotionnel. Comme une règle de conduite, cette mesure inspirera plus de piété filiale aux jeunes et garantira une meilleure prise en charge des personnes âgées. Cette mesure a une grande valeur pratique puisqu’elle laisse entendre que les familles ont le plus grand rôle dans la prise en charge de leurs parents âgés. CA

Zi Xi Internaute

ll semblerait que cette mesure soit une solution gagnantgagnant, puisqu’elle encourage la vertu traditionnelle qu’est la piété filiale tout en soulageant les gens d’un poids financier. Mais je ne crois pas qu’il soit convenable de lier piété filiale et intérêt utilitaire. Les enfants aimants et respectueux visiteront régulièrement leurs parents et prendront soin de leurs besoins émotionnels même s’ils ne peuvent pas vivre avec eux, que ce soit pour des raisons financières ou professionnelles. Beaucoup de gens voudraient vivre avec leurs parents mais ne peuvent pas. Offrir un simple rabattement fiscal ne résoudra pas le problème. Ceux qui ont les moyens de vivre avec leurs parents, mais ne veulent pas vivre avec eux, pourraient être tentés de le faire pour avoir des déductions fiscales. Mais la vie sous le même toit pour des raisons utilitaires ne garantit pas des soins sincères. Ce genre d’arrangement ne mènerait qu’à des disputes et des inconvénients pour les deux générations. CA

Qiao Xuan Employé à Beijing

Cette mesure est en fait un poids moral pour restreindre la liberté de choix de la population. D’une part, avec le développement économique, beaucoup de seniors sont auto-suffisants financièrement et émotionnellement. Mes parents, par exemple, préfèrent vivre seuls qu’avec moi, pour avoir plus d’espace et leur propre vie sociale. D’autre part, une fois que les enfants ont grandi, surtout une fois mariés, leur mode de vie diffère grandement de celui des générations passées. Comme la majorité d’entre nous vit de son salaire, on ne peut pas se permettre d’habiter dans une maison assez grande pour que chaque génération ait son propre espace de vie. Une grande proximité serait inévitable, menant à des disputes. L’absence, au contraire, rapproche. À mon avis, vivre séparément, avec des visites fréquentes, crée une relation beaucoup plus harmonieuse entre les deux générations. ll y a de nombreuses manières de soutenir ses parents. Habiter avec eux n’est peut-être pas la meilleure. Chacun peut choisir l’approche la plus appropriée, selon les possibilités de chaque famille. CA