Téléphonie mobile
ce que la 3G a changé au cameroun par Messi Bala
C'EST en décembre 2012 que le gouvernement
camerounais a accordé la première licence pour l’exploitation de la technologie 3G à l’opérateur vietnamien Viettel. Deux ans plus tard, ce dernier a créé la marque Nexttel, qui a bénéficié d’une année d’exclusivité afin d’amortir les 20 milliards de FCFA (soit 34 millions de dollars américains) investis à l’achat de la licence, et de rattraper ses concurrents MTN (opérateur sud-africain) et Orange (opérateur français) déjà présents sur le marché avec l’exploitation de la GSM.
Les deux opérateurs, qui occupent respectivement la première et la deuxième place en termes de parts de marché dans ce secteur, ont pu acquérir leur licence le 11 mars 2015 pour MTN Cameroon et le 13 mars 2015 pour Orange Cameroun, rejoignant Nexttel dans l’exploitation de la technologie 3G et 3G+.
L’avènement de la technologie 3G dans le secteur de la téléphonie mobile a été présenté comme un saut qualitatif. « Chaque nouvelle génération s’apprécie en fonction de la quantité de données qu’on peut transmettre ou recevoir par unité de temps », explique un expert en télécommunications. Ainsi, le passage de la 2G à la 3G a été présenté aux abonnés comme synonyme de rapidité dans l’accès à la connexion lnternet, de fluidité dans les appels téléphoniques (moins de brouillage de réseau) et de fourniture de services innovants (développement de nouvelles applications mobiles). Pour ce dernier aspect,les abonnés attendent par exemple de la 3G de pouvoir consulter les pharmacies de garde sur leur téléphone,suivre une consultation médicale à distance et d’autres services similaires.
Mais l’accès aux avantages de la 3G a un coût pour l’utilisateur, qui doit avoir le support portable correspondant. La vente des téléphones portables réceptifs à cette technologie a par conséquent connu un boom. Les abonnés espèrent maintenant que la bataille commerciale autour des offres de services 3G s’accompagne d’une baisse substantielle des tarifs.
Ces avancées ne peuvent cependant pas cacher de vrais problèmes de dégradation de la qualité de service des réseaux mobiles, qui se traduisent par des coupures de communications, des échecs d’appels et la dégradation de la qualité vocale.
Devant l’afflux des plaintes des abonnés, l’Agence de régulation a convoqué les trois opérateurs (Orange, MTN,Nexttel) le 17 avril 2015 afin d’examiner des mesures urgentes prises pour résoudre ces problèmes.
Parmi les explications avancées pour expliquer la mauvaise qualité du réseau figuraient les désagréments dus aux travaux de déploiement de la 3G depuis mars 2015, la précipitation du lancement de la 3G, l’indisponibilité d’énergie primaire et la problématique de la pose d’une fibre optique limitée par certains textes réglementaires.
À l’issue de cette réunion, le régulateur a, entre autres, recommandé aux opérateurs d’effectuer des tests en heures creuses, de privilégier le partage des infrastructures par l’utilisation du Backbone en fibre optique de Camtel et de pourvoir chaque site en source d’énergie de secours.
Pendant ce temps, la mise en place des infrastructures permettant de déployer la technologie 3G se poursuit. MTN a annoncé en mars dernier que la 3G serait disponible dans 16 villes dès la première année d’exploitation de sa nouvelle licence, avec un investissement de 4 000 milliards de Francs pour les 15 ans d’exploitation. Pour le leader du marché de la téléphonie mobile au Cameroun, les projections jusqu’en 2018 en termes de couverture réseau 3G sont fixées à 75 % de la population du pays. CA