Une lueur d'espoir

2015-11-08 12:16JosephKirschke
中国与非洲(法文版) 2015年8期

Une lueur d'espoir

La crise énergétique en Afrique du Sud pousse l'industrie minière, gourmande en énergie, à se tourner vers les énergies vertes par Joseph Kirschke

PLUS tôt dans l'année, après avoir réussi à éviter l’obscurité totale malgré trois mois de pannes d’électricité à répétition, l’Afrique du Sud avait vu la crise énergétique fondre sur elle. « ll y a une moyenne probabilité de délestage aujourd’hui et demain », avait twitté Eskom, la compagnie nationale, « et une plus grande probabilité jeudi et vendredi. »

La forte consommation énergétique de l’industrie minière sud-africaine, la première d’Afrique, est l’une des principales causes de cette crise. La grande victime est l’économie, dont les projections de croissance ont chuté de 2,5 à 2 % et sont susceptible de descendre jusqu’à 1 %.

Dans un contexte d’épuisement des minerais et de fluctuation des marchés, certaines compagnies minières sud-africaines ont pénétré dans des zones hors-réseau. Elles découvrent les bénéfices de l’énergie renouvelable, considérables pour le secteur et pour l’ensemble de l’économie sud-africaine.

Depuis l’effondrement récent du plus grand supercycle des matières premières de l’histoire moderne, les alternatives au gazole, dont les prix sont imprévisibles et qui doit être acheminé en camion, ont eu peu d’écho dans les nouvelles mines. Pourtant, l’énergie consommant bien plus de 50 % des budgets des projets horsréseau, les mineurs doivent à présent se concentrer sur les réductions des prix dans les sites miniers existants,grâce à de nouvelles explorations et de nouveaux développements.

Des alternatives énergétiques

Le gouvernement sud-africain, pour sa part, prévoit de tripler l’électricité pour atteindre 11,4 gigawatts, à travers une initiative d’énergie alternative de 13 milliards de dollars. Mais les pesanteurs administratives, le manque de structure du financement et les régulations inconsistantes sont autant de facteurs d’inquiétude pour les centrales au charbon d’Eskom, qui peinent à s’en sortir, et pour les ménages et les entreprises qui souffrent des coupures d’électricité.

Cronimet Mining Power Solutions a financé et construit la première centrale électrique diesel photovoltaïque (PV) de 1,6 mégawatt du pays en 2012,dans une mine de chrome opérée par une filiale de sa société mère allemande. La centrale et son équipement ont été financés par Cronimet dans le cadre d’un accord de producteur d’énergie indépendant (PEl),libérant la mine du fardeau de financer les dépenses d’investissement et de la gestion technologique.

En achetant seulement l’électricité, le réseau miniature a réalisé des économies annuelles de 450 000 litres de diesel. Cronimet a annoncé que le système PV/ diesel aura équilibré ses comptes d’ici trois ans, grâce aux économies de diesel, avec une électricité PV 50 % moins chère que le diesel et à parité réseau avec Eskom dans la province reculée du Limpopo.

Aux yeux des producteurs internationaux majeurs de platine, or, diamants, magnésium et autres minéraux, dans un pays à l’immense potentiel d’énergie verte - 600 MW de PV actuellement en réseau, cela présente un grand intérêt. Harmony Gold Mining, par exemple, récolte de la biomasse et de l’énergie solaire de manière limitée, tandis que Sibanye Gold prévoit une centrale solaire de 150 MW et que Shanta a installé une petite centrale PV pilote sous réserve de faisabilité. Les entreprises majeures comme Anglo American Platinum,AngloGold Ashanti et Newmont Mining explorent leurs options.

D'immenses défis

Mais les défis sont considérables : obtenir des financements pour une mine de la part des prêteurs internationaux est soumis aux estimations des réserves minérales et des cycles de vie opérationnels, et constitue un processus incertain et complexe, surtout au début. Plus de coûts élevés, payables d’avance - dans des zones risquées - peuvent faire lourdement pencher la balance. Les longs délais de mise en œuvre pour les parties les plus chères sont également dissuasifs.

En outre, la plupart des nouvelles mines africaines se situent dans des zones isolées où les communautés,souvent mal desservies et parfois instables, ont leurs propres exigences - généralement, une licence sociale. Les compagnies minières du monde entier ont souvent payé très cher le fait de négliger ces populations, y compris en termes d’accès aux ressources comme l’énergie.

Les mines sudafricaines doivent se concentrer sur la réduction des coûts

Les analystes ont estimé que 80 % des mines africaines seront, à terme, localisées dans des zones hors-réseau. Des développeurs PEl privés comme Cronimet ont prélevé dans ces forces du marché et offert aux mineurs un service tout-en-un pour de l’électricité PV hors bilan et sur place, afin de réduire les coûts d’opération, d’augmenter la fiabilité énergétique et de créer une couverture naturelle contre les prix croissants du combustible fossile et de l’énergie centralisée.

Néanmoins, l’énergie renouvelable avancée utilisée par les compagnies minières au Chili et, dans une moindre mesure, en Australie, montre aux mines sud-africaines qu’elles peuvent partager l’énergie avec les villages voisins tout en réalisant des économies d’échelle et l’intégration du fournisseur troisième partie. Avec le développement des éoliennes et de l’énergie solaire et hydraulique dans le monde, il existe un clair potentiel pour partager l’énergie et offrir des systèmes légaux hors des mines, dans les domaines de l’agriculture, du tourisme, des services et de la foresterie, en Afrique du Sud et dans les autres pays.

Les opportunités de financement sont également claires : le programme environnemental de l’ONU,par exemple, a indiqué que l’investissement dans les énergies vertes en 2014 - notamment l’énergie solaire et éolienne - avait augmenté de 17 %, atteignant 270 milliards de dollars. Les investisseurs les plus importants sont des fonds concernés par l’impact social, philanthropes et éthiques, ainsi que de grandes institutions financières comme les signataires des Principes pour l’lnvestissement Responsable des Nations Unies, qui gèrent 34 milliards de dollars et représentent 20 % des marchés de capitaux internationaux.

L’empressement à extraire les richesses géologiques de l’Afrique du Sud, qui a débuté à la fin des années 1800, n’a jamais été une entreprise facile. 80 000 mineurs y ont perdu leur vie et des millions de personnes ont été déplacées. Les tensions sociales, les conditions de travail dangereuses, la violence - comme le meurtre en 2012 de 34 mineurs de platine grévistes par les forces de sécurité - sont un héritage amer de l’apartheid.

Mais un examen neuf des investisseurs ne pourra qu’améliorer la situation. Avec les prévisions de l’lnternational Finance Corp. pour un usage « substantiel » de l’énergie verte dans la plupart des mines en 2025,l’Afrique du Sud peut établir un précédent, tout en aidant l’une des régions les moins développées du monde à émerger. CA

(L'auteur est un consultant qui conseille des compagnies minières sur la durabilité. Source : csr21.org)