Tendre la main
L'association Chine-Afrique en Ouganda voit les villes et les régions jumelées comme un moyen de stimuler le développement par Benon Herbert Oluka
SlTuÉE sur la rive nord-est du lac victoria, le plus grand lac d'eau douce d'Afrique, la vaste sous-région de Masaka est une terre agricole vierge où les cultures s'étendent dans un climat tropical. Selon le haut fonctionnaire administratif George Ntulume, les agriculteurs développent des cultures commerciales allant de la banane à l'ananas,en passant par le café et le thé, pour le marché local. Les habitants de la région élèvent également du bétail, des chèvres et des porcs.
Cependant, malgré ces riches ressources naturelles, les agriculteurs de Masaka n'ont pas les capacités technologiques pour exploiter l'intégralité de ce potentiel agricole.
Pourtant, les autorités de la sous-région constituée de huit districts que sont Masaka, Rakai, Lyantonde, Lwengo,Ssembabule, Kalungu, Bukomansimbi et Kalangala, espèrent avoir trouvé une solution pérenne à ce dilemme.
L'année dernière, les membres de l'association Chine-Afrique en Ouganda (CAFAU), une organisation composée d'entrepreneurs locaux et d'hommes politiques, a commencé à travailler sur une initiative ayant pour objectif de « jumeler » les provinces, les villes et les conseils municipaux en Ouganda et en Chine.
L'ingénieur Benon Mugarura, président de la CAFAU, a affirmé qu'une entente verbale a été conclue avec les autorités de la province du Sichuan pour un accord de jumelage mutuellement bénéfique, permettant ainsi aux entreprises chinoises d'obtenir des concessions lorsqu'elles cherchent à investir dans les terres de la sous-région.
« Le groupe d'investissement Sichuan Wande a montré un vif intérêt pour investir dans les projets agricoles à forte valeur ajoutée. ll souhaite commencer par inaugurer un parc industriel dans la région de Masaka », a dit Mugarura. « ll s'impliquera dans les industries agro-alimentaires et la population locale sera le fournisseur en matières premières pour ces industries. »
Selon Joseph Kalungi, le président de Masaka, les autorités de la sous-région ont déjà convenu d'offrir environ 8 000 hectares à l'entreprise afin d'accueillir le parc industriel.
Les membres de la CAFAU espèrent qu'en échange de telles concessions, les investissements en provenance du Sichuan stimuleront le développement économique.
« Ces investissements stimuleront indirectement le marché des infrastructures et des services. Quand le parc sera installé, il y aura des demandes pour de nouvelles écoles, des hôpitaux, ainsi que pour un aéroport », a soutenu Mugarura.
« Nous avons déjà identifié nos priorités concernant les exigences de base de chaque district. Nous allons signer un protocole d'entente afin que chaque district obtienne des avantages en fonction de leurs priorités », a ajouté Kalungi.
Lorsque villes et régions seront jumelées, elles collaboreront en vue d'un développement socioéconomique.
Benon Mugarura, Président de la CAFAU
Bien que la date de lancement du projet de jumelage n'ait pas encore été fixée, les responsables affirment que les discussions menées jusqu'à présent ont abouti à un investissement des entreprises chinoises d'au moins 300 millions de dollars dans la région de Masaka.
Lors du sommet, le vice-président d'Ouganda Edward Kiwanuka Ssekandi a été élu premier président du conseil du FCALGC. Lorsque les membres du secteur privé de la délégation ougandaise sont rentrés chez eux, ils ont convenu de former la CAFAU, un outil informel pour promouvoir les relations partenariales et les liens entre les hommes d'affaires en Chine et en Ouganda. La CAFAU a commencé ses opérations en février 2013. Depuis lors, selon Mugarura,elle a accueilli cinq délégations en provenance de Beijing et de cinq provinces chinoises : Shandong, Liaoning, Sichuan,Guangdong et Shaanxi. Les équipes ont débattu des différentes possibilités pour faire profiter les villes ougandaises de leur jumelage avec les provinces chinoises.
« Nous analysons plusieurs aspects dans le programme de jumelage : le développement des infrastructures, de routes, d'électricité, d'écoles et d'hôpitaux. Lorsque villes et régions seront jumelées, elles collaboreront en vue d'un développement socio-économique », a dit Mugarura.
En 2012, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l'Ouganda, devant le Royaume-Uni. Selon les données de l'ambassade de Chine en Ouganda, le commerce bilatéral entre les deux pays a atteint 524 millions de dollars en 2013, grâce aux exportations de l'Ouganda vers la Chine, qui ont augmenté de 68 % par rapport à l'année précédente où elles étaient de 72 millions de dollars.
Si l'accord de jumelage prend forme, il permettra d'ouvrir un nouveau chapitre, jusque-là encore inexploré,des relations bourgeonnantes entre la seconde plus grande puissance économique mondiale et un petit pays enclavé de la région des Grands Lacs d'Afrique. Et ce chapitre pourrait bien symboliser une nouvelle étape dans la redéfinition des relations entre la Chine et l'Afrique. CA